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Critique de JustAWord


Chez Agullo éditions, on n'aime pas s'enfermer dans des cases.
Polar, science-fiction, fantastique, le lecteur n'a que l'embarras du choix et de nombreux horizons à visiter. Avec son second roman, Soleil de cendres, la française Astrid Monet quitte Paris pour une autre capitale européenne : Berlin.
Une occasion de se projeter dans une Europe qui ploie sous la chaleur et le manque d'eau. Un contexte climatique difficile qui rappelle encore et toujours l'urgence de la question environnementale alors que le roman se concentre sur trois jours d'une vie ordinaire, celle de Marika et de son fils, Solal.

Retrouver le passé
Divisé en trois parties, Soleil de Cendres s'ouvre sur le départ de Marika, une française de trente-huit ans, et de son fils, Solal, âgé de sept ans. Leur destination ? Berlin. Leur but ? Rencontrer Thomas, l'ex-petit-ami de Marika et père de Solal, un enfant qu'il n'a pas revu depuis des années.
Immédiatement, le lecteur s'aperçoit que quelque chose cloche dans le monde de Marika. La chaleur est accablante, étouffante. L'eau est rare, jalousement gardée, et dans l'indifférence générale, les plus pauvres et les plus vulnérables meurent sur les trottoirs de la capitale. Tandis que Marika embarque dans un avion à destination de Berlin, des manifestants haranguent les passagers pour éveiller les consciences avant qu'il ne soit trop tard. Mais la nature humaine est têtue.
Si l'on pourrait croire au départ que l'histoire ne sera qu'un simple empilement d'avertissements climatiques vus et revus, Astrid Monet s'attache très rapidement à la description de ses deux personnages principaux : Marika et Solal. C'est grâce à l'adjonction d'un troisième personnage, Thomas, le père et le compagnon perdu de vue, que l'autrice s'avère le plus efficace.
Pendant sa première partie, le roman s'attarde à la fois sur les blessures passées de Marika mais aussi sur l'envie touchante de Solal de découvrir son père, tiraillé entre la peur et la curiosité. Au travers de ces retrouvailles, Astrid Monet décrypte le passé et les fêlures des uns et des autres tout en tirant le portrait de Berlin, capitale historique et culturelle. Berlin s'anime sous la plume de la française qui parvient de façon tout à fait remarquable à intriquer passé et présent, RDA et RFA, intime et faits historiques.
Très réussie, cette première partie promet beaucoup, à la fois sur le plan émotionnel mais aussi sur le plan humain.

La catastrophe
Puis, d'un coup, ce drame intime devient un drame tout court avec une éruption volcanique et un tremblement de terre qui liquident la capitale allemande. Les images d'Apocalypse envahissent le roman d'Astrid Monet, saisissantes et hallucinantes… mais qui brisent la dynamique initiale.
Dès la seconde partie, Astrid Monet transforme le récit d'une rencontre en un récit catastrophe où l'enjeu devient de retrouver l'autre, répétition en mode action/aventure des pages précédentes.
Et avec le réchauffement climatique, l'ensemble sonne creux et artificiel. On a déjà lu tout ça, déjà vu ce genre de choses et rien ne vient véritablement surprendre le lecteur qui doit désormais suivre une mère à la recherche de son fils et un fils à la recherche de sa mère. Une sorte de The Impossible de papier à qui il manquerait la vraie impulsion émotionnelle.
L'échec de ce virage s'avère d'autant plus flagrant à l'aune de quelques réussites mineures du récit. On pense notamment au parallèle entre ce qui arrive à Marika et à la voisine d'immeuble qui attend depuis des dizaines d'années le retour d'un mari qui n'arrivera jamais. Une illustration parfaite de ce que manque Astrid Monet en s'engouffrant trop vite dans un récit-catastrophe à grande échelle. La seule belle chose qui émerge de toutes ces pages, c'est le sacrifice d'un père et la lettre d'un fils qui parle enfin. Dommage que rien n'est véritablement exploité là-dedans au final.
Ce qui manque à Astrid Monet, c'est d'arriver à susciter l'émotion en dévoilant peu à peu ses personnages comme dans sa première partie, ce qui manque, finalement, c'est la catastrophe intime et non celle du monde autour, qui n'apporte rien à l'ensemble, sinon un background écologique-light.

Malgré sa dimension intime initiale, Soleil de cendres s'enlise dans une apocalypse qui rejoue les poncifs du genre. Bouffé par son manque d'originalité et sa cible émotionnelle manquée, le roman d'Astrid Monet laisse tiède sur un sujet pourtant brûlant.
Lien : https://justaword.fr/soleil-..
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