Et revoilà l'inénarrable Parpot, pour d'autres aventures épistolaires. Il est cette fois-ci en tout petite forme physique, atteint d'un cancer de l'estomac, mais tous ces gens qui s'emploient à le soigner, toute cette compagnie inattendue (infirmières, groupe de parole) le revigorent ! Et surtout, il continue d'écrire, écrire, à la dame de la sécurité sociale, à la chercheuse du laboratoire d'oncologie, peut-être de façon un petit plus sage, quoique... c'est mal connaître notre gentil harceleur !! Donc de l'émotion, de l'humour, de la tendresse, et on a le coeur serré quand se referme le livre, à devoir le quitter. A quand la suite M. Monnier ?? s'il vous plait !!
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Pauvre Parpot !
Il avait déjà une vie inexistante, le voilà affligé d'un cancer de l'estomac, mais en dépit de sa fatigue il va s'employer à remplir des pages et des pages adressées aux quatre coins de son univers, de la Sécurité Sociale à la Recherche anti-cancer, et de son amie Eugénie l'aristocrate, à lui-même, ayant conscience qu'il sera sans doute son lecteur le plus attentif.
Je ne connaissais pas Barthélemy Parpot ni son auteur Alain Monnier. J'avoue avoir été décontenancé au début de la lecture de ce récit épistolaire, étant amoureux des beaux textes, la syntaxe de Parpot me laissait assez dubitatif, et je me demandais si l'auteur ne se foutait pas de moi ! J'ai eu aussi un peu peur de tomber dans le pathos médical, dont le thème du cancer était certes peu engageant.
Mais très vite je me suis pris d'affection pour ce pauvre homme à la vie d'une banalité consternante et à la naïveté confondante… Cet homme qui a tout raté dans sa vie, même son brevet, a pourtant fait l'amour sept fois ! Mais comme un malheur n'arrive jamais seul, le chômage se conjugue avec le RMI et bien que n'ayant jamais ni fumé ni bu, le voilà malade et pour ainsi dire condamné.
Mais il a de la ressource le bougre ! Et c'est armé de sa plus belle plume (ou d'un méchant stylo-bille) qu'il va écrire à la terre entière pour faire part de ses émois et de ses souffrances. À Anna K. tout d'abord, chercheuse en molécule révolutionnaire capable de combattre le cancer à qui il raconte son amour et sa lutte contre les mégastases (sic). Ensuite à la dame de la Sécurité Sociale auprès de qui il s'informe de la bonne prise en charge de sa pathologie. À la dame de l'ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité) dont il ne mesure pas toute la dimension de l'action. À son médecin qui lui parle en regardant la fenêtre comme si ce patient ne l'intéressait pas, ce qui a le don de l'agacer. À son amie Eugénie de Saint-Mont, aristocrate fortunée atteinte d'un cancer de la mâchoire et qui va le prendre sous son aile, parce qu'il est sans doute le seul qui lui témoigne un vrai respect et des attentions sans arrière-pensées. Cette amitié le conduira jusqu'à Venise, voyage dont il n'aurait jamais osé rêvé et qui pour lui sera l'occasion de bien des réflexions philosophiques pas bêtes du tout, même s'il n'en mesure pas toute la portée. Et en fin de compte à lui-même pour être sûr de ne pas oublier toutes les idées qui lui ont traversé l'esprit, même fugacement.
Si le style n'emmènera pas le livre au Goncourt ou au Nobel, ça n'est pas le but, il a pour mérite de mettre tout un chacun à la portée du héros voire de l'auteur. Car si Alain Monnier utilise cet artifice de communication c'est certainement plus pour partager des idées sur la médecine, et entre autres celles que s'en font tant de gens, du plus cultivé au simple citoyen (sans vil sous-entendu). Car grâce à Parpot, on mesure toute les difficultés qu'on peut rencontrer, moins face à la maladie, qu'à l'univers qui l'entoure et les gens qui le peuple. de l'infirmière au chirurgien, du groupe de parole aux courriers administratifs, des chercheurs aux copains de bistrot, à moins d'y avoir été confronté pour soi ou pour un proche, on découvre un labyrinthe dans lequel il est souvent ardu de se diriger. Et que dire de la prise en charge des soins palliatifs ou du droit à mourir dans la dignité face à la rédemption dans la douleur prônée par certaines “belles” âmes…
Pour une belle découverte, ce fût un très sympathique moment de lecture, et j'aurais plaisir à retrouver ce gentil anti-héros sous la plume de son créateur. Merci Monsieur Parpot de nous avoir conté vos petits malheurs comme vos petits bonheurs, car chez vous tout est petit, comme chez nous, sauf votre grandeur d'âme.
Et meilleure santé !
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Ce roman épistolaire pourrait nous entraîner à une réflexion un peu morose sur la maladie et la mort. Mais Barthélémy Parpot nous amuse toujours avec ces remarques naïves et décalées.
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Alain Monnier a créé le personnage de Barthélémy Parpot, qui est au centre de plusieurs de ses romans. Une personne humble, résigné à sa vie trop pauvre, qui parle et agit avec une certaine naïveté, tout en exprimant des vérités toutes simples, douces-amères, mais bonnes à méditer. On peut aimer cet anti-héros: la preuve, c'est que les premières aventures de Parpot ont connu un réel succès. Mais on peut tout aussi bien être irrité par cette (sympathique) caricature d'un homme placé en bas de l'échelle sociale.
Dans ce roman, Barthélémy Parpot est confronté au cancer et se fait soigner dans un hôpital toulousain (c'est dans cette ville que vit l'auteur). le livre est, en fait, une succession des nombreuses lettres rédigées par le héros, dans son style inimitable, et des réponses qu'il reçoit. Il écrit tous azimuts, notamment au Dr Anna K. qu'il vénère, car elle est investie dans la recherche contre le cancer. Il s'écrit également à lui-même, comme le lui a suggéré une de ses correspondantes. A l'hôpital, il participe avec d'autres patients à des groupes de parole dont nous lisons le compte-rendu. Il reçoit des visites, celles d'une représentante de l'ADMD ou d'une aumônière catholique, par exemple. Barthélémy nous parle aussi des autres malades, attachants ou pénibles. Sa préférée, c'est Eugénie comtesse de Saint-Mont: une personne âgée, riche, distinguée, atteinte d'un cancer de la mâchoire. Un jour, elle l'invite à quitter l'hôpital pour l'accompagner à Venise. C'est la première fois que Parpot prend l'avion et il part en ignorant ce qu'on attend de lui. le lecteur découvrira la vérité en même temps que le héros. Pour ma part, j'ai trouvé ce dénouement assez émouvant.
Ce roman se lit facilement. Certains trouveront qu'il donne une image parfois un peu caricaturale de l'hôpital. Mais il a le mérite d'évoquer, sans détours et avec humour, des questions graves comme la maladie et la fin de vie. Ce livre n'est pas un chef d'oeuvre, mais il mérite d'être lu.
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