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Critique de keisha


Bref. C'était fatal, j'ai enchaîné avec le livre second (sic)(il y en a un troisième)

Une question pour celles ou ceux arrivés jusqu'ici : dans le livre II chapitre deux, Montaigne raconte une anecdote sur une dame, ressemblant vraiment beaucoup à la nouvelle La marquise d'O. (wiki, je viens de vérifier, précise que c'est peut-être une source d'inspiration de V Kleist)

Parfois je retrouve des passages dont j'avais entendu parler ailleurs, par exemple le chapitre VI, de l'exercitation, où Montaigne étudie comment il a frôlé (involontairement) la mort, suite à une chute de cheval."Pour s'aprivoiser à la mort, je trouve qu'il n'y a que de s'en avoisiner.(...)Ce n'est pas ci ma doctrine, c'est mon estude; et n'est pas la leçon d'autruy, c'est la mienne."

D'ailleurs cette question de la mort, du courage face à la mort, etc. revient assez souvent chez Montaigne, y compris cette maladie de la pierre, il en parle plusieurs fois, et je crois me souvenir qu'il en est mort (et douloureusement).

Chapitre VIII : de l'affection des peres aux enfans . "La plus saine distribution de noz biens en mourant me semble estre les laisser distribuer à l'usage du païs. Les loix y ont mieux pensé que nous; et vaut mieux les laisser faillir en leur eslection que de nous hazarder temerairement de faillir en la nostre."
Voilà qui me parle, après conversation avec une amie dont la famille lui a tourné le dos et qui aimerait bien ne pas laisser son argent à ses enfants. Pour l'instant, elle le dépense! Les cas de lois différentes dans les pays différents n'est pas abordée. (clin d'oeil à l'actualité)

Chapitre X : Des livres. Ah mais c'est que de nos jours Montaigne aurait pu tenir un blog!
La comparaison de l'Eneide et du Furieux : "Celuy-là, on le voit aller à tire d'aisle, d'un vol haut et ferme, suyvant tousjours sa pointe; cettuy-ci voleter et sauteler de conte en conte comme de branche en branche, ne se fiant à ses aisles que pour une bien courte traverse, et prendre pied à chaque bout de champ, de peur que l'haleine et la force luy faille."
Ses chouchous :Seneque et Plutarque. "Il ne faut pas grand entreprinse pour m'y mettre; et les quitte où il me plait." "Celuy là vous échauffe plus et vous esmeut ; cettuy-cy vous contente davantage et vous paye mieux. Il nous guide, l'autre nous pousse." p 421
Merci à vous, je n'ai plus qu'à ressortir Seneque de ma PAL (un achat bourse aux livres)

De plus en plus fort, je vous le disais!(p 427)
"Pour subvenir un peu à la trahison de ma memoire et à son defaut, si exteme qu'il m'est advenu plus d'uen fois de reprendre en main des livres comme recents et à moy inconnus, que j'avoy leu soigneusement quelques années au paravant et barbouillé de mes notes, j'ay pris en coustume, depuis quelque temps, d'adjouter au bout de chasque livre (je dis de ceux desquels je ne me veux servir qu'une fois) le temps auquel j'ay achevé de le lire et le jugement que j'en ay retiré en gros, afin que cela me représente au moins l'air et Idée generale que j'avois conceu de l'autheur en le lisant."
Ensuite il donne ses notes sur Guicciardin (inconnu!), puis Philippe de Comines et Du Bellay.
Montaigne se serait-il inscrit sur Goodreads?

Le gros morceau de ce livre (180 pages!!!) c'est l'Apologie de Raimond Sebond, dont j'ignorais complètement tout (chapitre XII)
"L'étude de Raimond Sebond, théologien catalan qui vécut à la fin du XIVe siècle et au début du XVe, marqua profondément la pensée de Montaigne : cette influence se mesure à la place que l'Apologie occupe matériellement, intellectuellement et spirituellement au centre des Essais. Montaigne est-il le souriant épicurien que nous présente une vieille tradition? Est-il un attentif collectionneur d'anecdotes curieuses? Est-il le premier en France qui ait livré sur un individu singulier des confidences singulières? Certes il est tout cela. Mais il est aussi, dans son insaisissable subtilité, tout autre encore : au coeur secret de sa variété et de sa variabilité se cache une méditation qui confère aux Essais la troisième dimension de leur espace, celle de la profondeur ; c'est elle que dévoile sous ses voiles l'Apologie de Raimond Sebond."

Là j'ai commencé à me dire : "Lis du mieux que tu peux, profite, comprends ce que tu peux, un jour tu reliras cette apologie - et tous les essais- tranquillement, sans doute en version français d'aujourd'hui."

J'ai donc pris quelques notes, sans prise de tête, et voilà, j'ai continué.

Donc voilà ça parle de religion, au début, puis encore un peu après. J'en profite pour préciser que Montaigne vivait à une époque de guerres de religion. Il prend sans doute des précautions, tout en disant ce qu'il pense.
Puis le voilà qui part sur les hommes et les animaux, avec des idées parfaitement modernes.
Le célèbre passage : "Quand je jouë a ma chatte, qui sçait si elle passe son temps de moy plus que je ne fay d'elle?" (p 460)
Jolie image

"Il est advenu aux gens véritablement sçavants ce qui advient aux espics de bled: ils vont s'eslevant et se haussant, la teste droite et fiere, tant qu'ils sont vuides; mais,quand ils sont pleins et grossis de pain en leur maturité, ils commencent à s'humilier et à baisser les cornes."

J'ignore qui étaient ces pyrrhoniens, mais Montaigne les traite avec ironie.
"Ils ne mettent en avant leurs propositions que pour combattre celles qu'ils pensent que nous ayons en nostre creance. Si vous prenez la leur, ils prendront aussi volontiers la contraire à soustenir: tout leur est un; ils n'ont aucun chois.Si vous etablissez que la nege soit noire, ils argumentent au rebours qu'elle est blanche. Si vous dites qu'elle n'est ny l'un ny l'autre, c'est à eux à maintenir qu'elle est tous les deux. Si, par certain jugement, vous tenez que vous n'en sçavez rien, ils vous maintiendront que vous le sçavez."

"Un ancien à qui on reprochoit qu'il faisait profession de la Philosophie; de laquelle pourtant en son jugement il ne tenoit pas grand compte, respondit que cela, c'estoit vraymant philosopher."(p 524)

"Fiez vous à votre philosophie; vantez vous d'avoir trouvé la feve au gasteau, à voir ce tintamarre de tant de cervelles philosophiques!"(p529)

Et le chapitre XV du livre, Que nostre desir s'accroit par la malaisance, ce passage intéressant mais un peu long, ce qui fait que pour donner repos à vos yeux (et à mon correcteur orthographique), je vais résumer
En cette période de guerres civiles, certains craignaient les assaillants et prévoyaient de fortifier leur maison. Mais point Montaigne. Pensant que des assaillants n'en tirant nulle gloire à en tirer éviteraient de l'attaquer. Que de toute façon l'on ne peut se barricader de partout, et que les assaillants inventent toujours du plus efficace. Et puis ça coûte cher. Et puis un valet à l'intérieur peut se révéler d'un autre parti.
Bref, la méthode était bonne, et la demeure de Montaigne n'a pas été assaillie.

Page 67, chapitre XVII, le voilà parlant de Marie de Gournay, "ma fille d'alliance", avec grande affection. On lui doit la première édition posthume des essais, et la préface.

Chpitre XVIII : Il pense modestement de ses écrits
"J'empescheray peut-estre que quelque coin de beurre ne se fonde au marché."

Terminons (il reste un livre troisième) avec le chapitre XXXVII, de la ressemblance des enfans aux peres, où il évoque les douleurs cruelles qu'il ressent depuis "dix-huict mois ou environ" (calculs rénaux , dont a aussi souffert son père)

Au début il rappelle comment il écrit, chez lui, quand il a du temps, sans corriger ou ôter, mais en ajoutant, en diversifiant, en représentant le 'progrès de ses humeurs.' (un valet secrétaire en a d'ailleurs volé une partie. "Cela me console, qu'il n'y fera pas plus de gain que j'y ai fait de perte."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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