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Critique de lebelier


Lu en ligne sur BNF- Gallica/Les oeuvres représentatives, 1932

Souffrant de « la maladie de la pierre », Montaigne entreprend en 1580 un très long voyage à travers l'Europe qui reste un témoignage des moeurs de cette époque, des bâtisses diverses, des lieux à visiter et surtout des « bains », des cures thermales déjà en vigueur, seuls moyens de faire passer les calculs et les problèmes rénaux. En plus de la qualité de l'eau et du bain, Montaigne en détaille physiquement les effets :il « fait » du sable, une grosse pierre, il a des douleurs de ventre, rend des vents, souffre plus qu'il ne le dit semble-t-il. le voyageur devient vite Rabelais dans ses descriptions médicales. Et reste stoïcien dans ses souffrances :

"Or, le seul remède, la seule règle et l'unique science, pour éviter tous les maux qui assiègent l'homme de toutes parts et à toute heure, quels qu'ils soient, c'est de se résoudre à les souffrir humainement, ou à les terminer courageusement et promptement."

Outre ces aspects plus ou moins intimes, reste le voyage lui-même. C'est avec force détails que l'homme décrit ce qu'il voit, ce qui l'amuse. Parti donc, de son Château de Montaigne près de Bordeaux, il se dirige d'une traite (presque) jusqu'à Paris et sa région. A la lecture de ce voyage , il est utile de se munir d'une carte de l'itinéraire. Il passe ensuite dans l'Est de la France, comme s'il prenait l'A4 de l'époque, passe par les Vosges, Plombières, bien sûr mais aussi Remiremont, alors sous contrôle des abbesses où il trouve « bon gîte et bon logis » , poursuit par l'Alsace par la vallée de la Moselle, puis l'Allemagne avec un arrêt notable à Baden, la Suisse, puis l'Italie où il entre par le côté Est : Trente, Padoue, Venise puis Florence et la Toscane Jusqu'à Rome d'où il remontera jusqu'à Lucques pour redescendre ensuite et enfin repartir par Milan, Turin, la Savoie puis Lyon, Clermont, Limoges et la boucle est bouclée.
À chaque ville visitée Montaigne loue une maison « avec ses gens » et s'y promène, décrit ses bâtiments , le caractère de sa population parfois agréable, parfois hostile aux étrangers.
Ainsi décrit-il Rome :

"Je disois des commodités de Rome, entre autres, que c'est la plus commune ville du monde, et ou l'étrangeté et différance de nation se considère le moins ; car de sa nature c'est une ville rapiécée d'estrangiers ; chacun y est comme chez soi."

Il va au marché, assiste aux messes et aux fêtes religieuses. Un épisode amusant à Pise : deux prêtres s'empoignent car chacun voulait dire la messe et c'est une bataille à coups de poings, de bâtons et de chandeliers.
Il y rencontre aussi des personnages de haut rang comme le pape ou les seigneurs des régions, les maires des villages etc.
Lui, qu'on imagine reclus, se promenant dans sa bibliothèque, va à la rencontre des gens et converse volontiers.
Ecrit par Montaigne lui-même en français puis en italien puis en français de nouveau, dicté parfois à son secrétaire, ce voyage reste un documentaire humain sur l'art de voyager, de visiter, de s'enrichir intellectuellement sur les hommes et leurs moeurs, leurs coutumes et un document historique sur l'aspect de l'Europe à la fin du XVIe siècle. C'est, pour le lecteur un voyage dans le temps. Il serait intéressant de voir ce qui est resté.


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