- Passons maintenant au type d' homme que vous recherchez , reprit-elle. (...) . L' âge ?
- Pas trop vieux, enfin, vous voyez. En forme. En bonne santé. Je suis pas garde-malade.
- A présent, un point plus délicat, ajouta Mrs Bainbridge. La plupart de ces célibataires ont servi pendant la guerre et n'en sont pas revenus indemnes. Certains ont perdu un bras, d'autres une jambe...
- Oh, mon Dieu...
- Nous avons par exemple un gentleman charmant, qui a été grièvement brûlé, dit Sparks. Au début, c'est impressionnant mais, dés qu'il vous parle, vous oubliez son infortune.
- En clair, envisageriez-vous d'épouser un de nos héros, estropié ou défiguré ? la sonda Mrs Bainbridge.
- Je ...je suis supposée dire oui, bredouilla Tillie. Je veux bien aider mais... si j'en épouse un , je suis censée vivre avec lui jusqu'à la fin de mes jours, pas vrai ?
- En effet.
- Alors, j'aimerai bien pouvoir regarder quelque chose d'agréable...pendant le devoir conjugal. Puisque c'est ça qu'ils cherchent, pourquoi moi, j'y aurais pas droit ?
- Commissaire Philip Parham, Bureau central, CDI, Lieutenant Kinsey et agent Larkin.
- Enchantée messieurs, déclara Mrs Bainbridge. J'imagine que vous ne venez pas pour chercher l'épouse idéale ?
- Il y a peu de chances, rétorqua Parham. Le motif de notre présence est une dénommée Matilda La Salle, plus connue sous le nom de Tillie La Salle. Je crois savoir que vous la connaissez.
- Il s'agit d'une de nos clientes, en effet. A-t-elle eu à se plaindre de nous ?
- Elle aurait de bonnes raisons. Cependant, je crains qu'elle ne soit pas en état de formuler sa plainte. Elle a été assassinée hier soir.
Plus l'amour est grand, plus la perte est tragique.
— Trower n’a pas le profil d’un assassin et, si malgré tout il avait
tué miss La Salle, il n’aurait pas été assez stupide pour rapporter
l’arme du crime chez lui.
— Comment peux-tu en être sûre ?
— Il est comptable. C’est un homme organisé.
— « Mort en partie double », déclama Sally d’un ton théâtral.
Pièce comptable radiophonique en trois actes.
- Bon sang, je te répète...
- ...qu'on ne doit pas nous voir ensemble, merci, je sais. La question est : une passion entourée de tant de prudence et de discrétion, est-ce vraiment la passion ?
- Ce type... l'Espagnol avec lequel je t'ai surprise... Fait-il encore partie de ta vie ?
- Non.
- Bien.
- Elle le suivit des yeux, jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vie. Elle écouta ses pas décroître. La porte d'entrée de l'immeuble se referma. Ce fût le silence.
- Non, répéta-t-elle. Il ne fait plus partie de ma vie, Mike. Ni d'aucune autre. Pas même de la sienne.
Tillie fut invitée à s'asseoir sur une chaise dont le bois craqua de façon alarmante. Deux bureaux lui faisaient face, de chaque côté d'une unique fenêtre. A les voir, on aurait dit qu'ils avaient eux aussi servi pendant la guerre et survécu, éclopés mais victorieux, à une embuscade tendue par du mobilier allemand ; celui de gauche s'appuyait contre la cloison, un livre glissé sous l'un de ses pieds, plus court que les trois autres.
Sur un bureau s’entassaient des livres de comptes. Elle n’avait pas le temps de les feuilleter et, quand bien même, elle eût été incapable de déceler la moindre irrégularité, fût-elle soulignée en rouge et signalée par une flèche.
- Je vous avais pourtant avertie que l’enquête pouvait être dangereuse.
- Il existe deux catégories de dangers : l’inévitable, qui surgit sans prévenir, et l’évitable, qui se produit parce que vous l’avez provoqué.