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Critique de Cancie


La rivière des disparues de l'auteure américaine Liz Moore se déroule à Kensington, un quartier de la ville de Philadelphie en Pennsylvanie, un quartier ravagé par la crise des opioïdes, véritable fléau sanitaire.
Dans ce quartier, nous allons suivre deux soeurs. L'aînée Michaela surnommée Mickey, la narratrice, travaille dans la PPD, le département de police de Philadelphie et Kacey, la cadette, a sombré dans la drogue.
Mickey se souvient que treize ans plus tôt, lors de sa prise de poste, les overdoses mortelles se produisaient deux à trois fois par an, alors que « rien que cette année, la ville est en passe d'atteindre les mille deux cents cas, dont la grande majorité se sont produits dans notre zone ». Aussi, chaque fois qu'elle doit se rendre sur les lieux où un corps a été découvert, l'angoisse est là « Et si c'était Kacey ? », question récurrente.
Lorsque la police découvre qu'un serial-killer est à l'oeuvre et opère dans les maisons abandonnées de Kensington, nombreuses, suite à la crise économique, Mickey n'a plus qu'une obsession, retrouver sa soeur qui a disparu depuis un mois.
En alternant deux époques et en les intitulant Aujourd'hui et Avant, Liz Moore nous permet de suivre la vie de Mickey au moment présent et sa course contre la montre pour tenter de récupérer sa soeur et parallèlement de connaître l'enfance et l'adolescence respective des deux soeurs ainsi que les rencontres qui ont modelé leur personnalité et leur vie.
Si ce livre est un roman policier noir par l'atmosphère glaçante dans laquelle il se situe, par les relations professionnelles tendues et confuses au sein de la police, et par les drames engendrés par cette addiction à la drogue dure, il est par ailleurs un roman familial riche par la diversité des sentiments éprouvés par les personnages les uns envers les autres et surtout par le lien qui unit ces deux soeurs, lien serré et complexe.
Liz Moore analyse minutieusement la psychologie des frangines et comment malgré les terribles événements et épreuves qu'elles traversent, leur amour mutuel peut parfois vaciller sans pour autant jamais s'éteindre.
Ce mix entre enquête policière et récit familial nous offre une lecture terriblement réaliste, je ne peux employer le terme addictive, tant l'addiction est dans ce livre source de dégâts souvent irréversibles.
Dès les premières pages, nous sommes au coeur de l'horreur avec la découverte du corps d'une jeune femme qui semble avoir succombé à une overdose. Mickey envoyée sur les lieux avec une jeune recrue, en observant attentivement le cadavre déclare qu'il s'agit probablement d'un homicide. Cependant, l'enquête ne va pas démarrer illico mais plutôt lentement et le premier tiers de l'ouvrage nous permet surtout de faire connaissance avec ce quartier de Kensington où les Tracks, ces rails de l'ancienne voie ferrée, rappels de la riche activité industrielle, sont devenus une planque pour les drogués en quête d'un fixe ou pour les prostituées. Sont relatées l'enfance et l'adolescence de Mickey et Kacey élevées « à la dure » par leur grand-mère maternelle Gee après le décès de leur mère lorsqu'elles n'avaient encore que quatre et deux ans et demi, leur père étant parti peu de temps après. Nous sont également présentés les différents personnages qui évoluent autour de Mickey et Kacey, notamment Thomas le fils de Mickey, son enfant chéri, Simon, le père de Thomas, Truman l'ex-coéquipier de Mickey, Paula, l'amie de Kacey et d'autres…
Liz Moore a su parfaitement ménager le suspense en allant crescendo, à la fois dans le déroulement des divers meurtres et dans leur résolution. Ce n'est vraiment qu'à la moitié du livre que tout s'emballe, que le rythme devient haletant et qu'il est quasiment impossible de le reposer et pourtant, il est parfois nécessaire de faire des petites pauses, plus de 400 pages obligent…
Le titre La rivière des disparues fait référence à toutes ces jeunes personnes asservies à la drogue « qui dispensaient de l'amour et en recevaient, toutes parties chacune à leur tour, en cortège, en un flot sans source ni embouchure, longue rivière lumineuse d'âmes disparues. »
Ce polar haletant où suspense, psychologie et saga familiale sont savamment mêlés, se déroulant dans un cadre hélas réel, (l'aspect documentaire est pour beaucoup dans sa réussite) m'a vraiment conquise et conduite de surprise en surprise.
Je me dois ici, de remercier sincèrement BePolar et le Club Sang ainsi que les éditions Buchet/Chastel pour cette magnifique découverte !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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