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EAN : 9782283032367
416 pages
Buchet-Chastel (01/04/2021)
3.85/5   99 notes
Résumé :
Kensington, Philadelphie. Dans ce quartier gangréné par la drogue se croisent deux soeurs autrefois inséparables.
Aujourd'hui, tout les oppose. Mickey, l'aînée, la protectrice, a rejoint la police. Kacey a sombré dans la drogue et se prostitue pour acheter des opioïdes.
Quand Kacey disparaît à nouveau, alors qu'une série de meurtres fait rage dans le quartier, Mickey n'a plus qu'une obsession : retrouver le coupable, et sa soeur, avant qu'il ne soit tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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Un corps de jeune femme est retrouvé sous une ancienne voie ferrée. Sans doute une overdose. Michaela Fitzpatrick, du département de police de Philadelphie, se rend sur les lieux. Situation banale dans le quartier de Kensington ravagé par la crise des opioïdes, la misère et la prostitution. Sauf que Michaela est loin de partager l'indifférence méprisante de la plupart de ses collègues. Elle, à chaque patrouille, elle est terrifiée à l'idée de retrouver sa soeur cadette Kacey, héroïnomane et prostituée, qui a disparu depuis un mois. le cadavre n'est pas celui de Kacey mais ce n'est pas une overdose, c'est un étranglement qui a causé la mort.

Tueur en série ciblant des travailleuses du sexe, quartier interlope, flic en conflit avec sa hiérarchie corrompue, prêt à défier l'ordre au nom de la justice ... Liz Moore s'empare des tropes familiers du polar pour mieux les transcender. Avec son rythme lent mais captivant, le coeur de l'intrigue repose sur la double enquête, de Michaela pour retrouver sa soeur et traquer le tueur en série, mais le récit se déploie très vite dans d'autres directions.

Dans La Rivière des disparues, l'ancrage géographique est extrêmement fort. Aux côtés de Michaela, c'est tout le quartier déshérité de Kensington que l'on arpente au point que c'en est quasiment un des personnages du roman. Ancien quartier ouvrier chef de fil national de l'industrie textile, il connait depuis la restructuration industrielle des années 1970 un déclin économique marqué par un chômage élevé et une déprise démographique. Les maisons à l'abandon sont squattées par des junkies, les usines désaffectées sont devenues des points de deal. L'oeil aiguisé de Liz Moore est attentif aux moindres détails qui colorent son récit d'une ambiance très authentique ( qui peut faire penser à celle de la série The Wire, tournée à Baltimore, à 140 km de Philadelphie ).

Au-delà du décor sinistre du quartier de Kensington, l'autrice porte un regard empathique sur les personnages qui le peuple, portant aussi une attention fine sur les personnages les plus secondaires comme les principaux. C'est tout le petit peuple de Kensington que l'on découvre, dealers, sans-abris, prostituées mais toujours décrits avec une dignité humanisante. Liz Moore a accompagné le photographe Jeffrey Stockbridge pour son reportage Kensington blues composé de portraits droits dans les yeux qui respirent le respect et le consentement. La force de ces portraits m'a accompagnée durant toute la lecture ( https://jeffreystockbridge.com ).

Enquête policière impeccablement déroulée, arrière-plan géographico-sociologique marquant mais aussi drame familial poignant. A coups de flash-back judicieusement placés, Liz Moore révèle très progressivement le passé de Michaela, personnage incroyablement attachant : trentenaire mère célibataire, elle a été élevée avec sa soeur Kacey par une grand-mère froide et amère qui n'est jamais parvenue à surmonter la mort de sa fille emportée par une overdose Recrue brillante de la police de Philadelphie, elle a toujours refusé de passer le concours d'officier de police judiciaire, préférant végéter à faire des patrouilles pour garder un oeil sur Kacey tombée dans la drogue au lycée. Elle lutte pour garder le contrôle de sa vie et offrir la meilleure vie possible à son fils.

A mesure que s'érode ses frontières entre l'intime et le public, c'est par ce personnage en quête de lumière mais entourée d'ombres que l'auteure déploie une réflexion juste, douloureuse aussi, sur la responsabilité morale, sur les liens du sang et la compassion. Je ne m'attendais pas à une lecture aussi intense.
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La rivière des disparues de l'auteure américaine Liz Moore se déroule à Kensington, un quartier de la ville de Philadelphie en Pennsylvanie, un quartier ravagé par la crise des opioïdes, véritable fléau sanitaire.
Dans ce quartier, nous allons suivre deux soeurs. L'aînée Michaela surnommée Mickey, la narratrice, travaille dans la PPD, le département de police de Philadelphie et Kacey, la cadette, a sombré dans la drogue.
Mickey se souvient que treize ans plus tôt, lors de sa prise de poste, les overdoses mortelles se produisaient deux à trois fois par an, alors que « rien que cette année, la ville est en passe d'atteindre les mille deux cents cas, dont la grande majorité se sont produits dans notre zone ». Aussi, chaque fois qu'elle doit se rendre sur les lieux où un corps a été découvert, l'angoisse est là « Et si c'était Kacey ? », question récurrente.
Lorsque la police découvre qu'un serial-killer est à l'oeuvre et opère dans les maisons abandonnées de Kensington, nombreuses, suite à la crise économique, Mickey n'a plus qu'une obsession, retrouver sa soeur qui a disparu depuis un mois.
En alternant deux époques et en les intitulant Aujourd'hui et Avant, Liz Moore nous permet de suivre la vie de Mickey au moment présent et sa course contre la montre pour tenter de récupérer sa soeur et parallèlement de connaître l'enfance et l'adolescence respective des deux soeurs ainsi que les rencontres qui ont modelé leur personnalité et leur vie.
Si ce livre est un roman policier noir par l'atmosphère glaçante dans laquelle il se situe, par les relations professionnelles tendues et confuses au sein de la police, et par les drames engendrés par cette addiction à la drogue dure, il est par ailleurs un roman familial riche par la diversité des sentiments éprouvés par les personnages les uns envers les autres et surtout par le lien qui unit ces deux soeurs, lien serré et complexe.
Liz Moore analyse minutieusement la psychologie des frangines et comment malgré les terribles événements et épreuves qu'elles traversent, leur amour mutuel peut parfois vaciller sans pour autant jamais s'éteindre.
Ce mix entre enquête policière et récit familial nous offre une lecture terriblement réaliste, je ne peux employer le terme addictive, tant l'addiction est dans ce livre source de dégâts souvent irréversibles.
Dès les premières pages, nous sommes au coeur de l'horreur avec la découverte du corps d'une jeune femme qui semble avoir succombé à une overdose. Mickey envoyée sur les lieux avec une jeune recrue, en observant attentivement le cadavre déclare qu'il s'agit probablement d'un homicide. Cependant, l'enquête ne va pas démarrer illico mais plutôt lentement et le premier tiers de l'ouvrage nous permet surtout de faire connaissance avec ce quartier de Kensington où les Tracks, ces rails de l'ancienne voie ferrée, rappels de la riche activité industrielle, sont devenus une planque pour les drogués en quête d'un fixe ou pour les prostituées. Sont relatées l'enfance et l'adolescence de Mickey et Kacey élevées « à la dure » par leur grand-mère maternelle Gee après le décès de leur mère lorsqu'elles n'avaient encore que quatre et deux ans et demi, leur père étant parti peu de temps après. Nous sont également présentés les différents personnages qui évoluent autour de Mickey et Kacey, notamment Thomas le fils de Mickey, son enfant chéri, Simon, le père de Thomas, Truman l'ex-coéquipier de Mickey, Paula, l'amie de Kacey et d'autres…
Liz Moore a su parfaitement ménager le suspense en allant crescendo, à la fois dans le déroulement des divers meurtres et dans leur résolution. Ce n'est vraiment qu'à la moitié du livre que tout s'emballe, que le rythme devient haletant et qu'il est quasiment impossible de le reposer et pourtant, il est parfois nécessaire de faire des petites pauses, plus de 400 pages obligent…
Le titre La rivière des disparues fait référence à toutes ces jeunes personnes asservies à la drogue « qui dispensaient de l'amour et en recevaient, toutes parties chacune à leur tour, en cortège, en un flot sans source ni embouchure, longue rivière lumineuse d'âmes disparues. »
Ce polar haletant où suspense, psychologie et saga familiale sont savamment mêlés, se déroulant dans un cadre hélas réel, (l'aspect documentaire est pour beaucoup dans sa réussite) m'a vraiment conquise et conduite de surprise en surprise.
Je me dois ici, de remercier sincèrement BePolar et le Club Sang ainsi que les éditions Buchet/Chastel pour cette magnifique découverte !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Michaela, surnommée Mickey, et Kacey Fitzpatrick. Deux soeurs que, malgré leur parfaite entente et leur complicité pendant leur enfance, tout oppose aujourd'hui. L'aînée travaille au sein de la police de Philadelphie en tant que patrouilleur dans le quartier de Kensington, un quartier pauvre, ravagé et gangréné par la drogue. Kacey, elle, a justement sombré dans la drogue et la prostitution. Depuis qu'elle a fait une overdose alors qu'elle n'avait que 16 ans, Mickey redoute, dès lors que le corps d'une jeune femme est découvert, la plupart du temps abandonné, qu'il s'agisse de sa soeur. Alors qu'elle se rend, avec son nouveau coéquipier, sur les lieux où un cadavre a été découvert, d'abord soulagée de ne pas reconnaître celui de sa cadette, elle remarque aussitôt l'éclatement des vaisseaux sanguins, signe d'étranglement. Malheureusement, d'autres meurtres suivront bientôt. Tous perpétrés sur de jeunes femmes. Aussi, Mickey se met-elle à la recherche de sa soeur dont personne semble n'avoir de nouvelles depuis un mois...

Une enquête policière en arrière plan, au premier plan : Mickey et Kacey. Deux soeurs qui, aujourd'hui, suivent des chemins diamétralement opposés. L'une se drogue et se prostitue quand l'autre essaie de faire régner la loi. Pour les découvrir, elles, personnellement, et leurs relations pourtant complices, parfois protectrices, Liz Moore alterne habilement entre deux périodes, Avant et Aujourd'hui. L'on découvre ainsi, au fil des pages, les drames qui ont jalonné leurs vies, notamment le décès de leur mère pendant leur tendre enfance et la disparition de leur père peu après. L'auteure analyse, avec minutie et empathie, les liens qui unissent les deux soeurs, avant qu'ils ne s'effilochent. Deux soeurs très attachantes et profondément humaines. Autour d'elles, des personnages complexes parfaitement dépeints, que ce soit Thomas, le fils de Mickey, Simon, le père de ce dernier, Truman, l'ancien co-équipier mais aussi la ville de Philadelphie, véritable personnage à part entière. Entre enquête policière et roman social et familial, Liz Moore joue subtilement et intelligemment sur tous les fronts.
Un roman dense et remarquable à la plume précise et immersive...
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♫ Disparue, tu as disparue
Disparue
Au coin de ta rue
Je t'ai jamais revue ♪

À quelques détails près, c'est l'histoire de deux frangines que tout unissait jusqu'à ce que leurs choix de vies ne les séparent irrémédiablement.

Mickey, l'ainée, devenue flic.
Kacey, la toxico, qui use le bitume à la recherche de clients potentiels en quête de plaisir fugace afin qu'elle s'injecte le sien, de plaisir, en intraveineuse.

À Philly, au coeur de Kensington, le mal est à l'oeuvre.
Kacey est aux abonnées absentes.
Problème, en ce moment, il semblerait que des prostituées aient tendance à disparaître en cascade pour finalement réapparaître décédées de mort bien plus subie que subite.
Retrouver Kacey en vie apparaît désormais comme le nouveau mantra d'une soeur en mal de racines.

Pas vraiment étiqueté polar pur, la Rivière des disparues tape essentiellement dans le passé familial bien fracassé, générateur de futur égrené sur les bande-son plombantes de Miossec, Murat et autre Saez. Pour la soirée pétards, cotillons et lol comme s'il en pleuvait, on a déjà donné, merci.

Une enquête au second plan, peu importe au regard du plaisir éprouvé à la découverte des divers tableaux tragiques constitutifs de rancoeur pérenne et de peine insondable.

Ce bouquin est une génèse.
Celle d'une famille éclatée, abonnée à se fader des seaux d'emmerdes maousse sans l'ombre d'un pépin providentiel ou d'un semblant de K-way®️ protecteur.

Livre qui prend son temps en annihilant le vôtre.
Liz Moore et sa plume directe, c'est retour vers le futur.
Ce bon vieux temps des rires complices et d'une connexion haut débit aujourd'hui disparue.

Livre sur l'espoir de jours meilleurs.
Sur l'idée que rien n'est jamais figé, qu'après la pluie... et la caravane passe.

Livre sur la femme se devant d'assur(m)er seule le bien-être et l'avenir de sa progéniture adorée.

Livre multifacette aux innombrables ramifications dont on ressort à la fois éreinté et avec cette intime conviction chevillée au corps qu'au bout du tunnel, il y a la lumière.
Il faudra juste prier que ce ne soit pas le train.
Bon voyage.
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Ce roman aurait pu s'appeler streets of Philadelphia, comme la chanson de Bruce Springsteen. En effet, Michaela dite Mickey est flic de proximité dans le quartier le plus insalubre et le plus pourri de la ville, Kensington, où l'on peut trouver les toxicos et les prostituées.
Mickey cherche sa petite soeur Kacey, droguée et prostituée qui vit dans les squatts du quartier.
Les parents des deux soeurs étaient des drogués aussi , leur mère en est morte et le père a disparu de la circulation. Les deux fillettes ont donc été élevées par Gee, leur grand mère maternelle qui voue une haine féroce à l 'encontre de son gendre.
Le récit alterne entre le passé et le présent, ce qui nous permet de connaître l'histoire des soeurs en remontant dans le temps. Très liées l'une à l'autre dans leur enfance. Mickey, l'aînée, a toujours été tres protectrice avec Kacey. Elle a tenté plusieurs fois de la sortir de la drogue et de la rue, mais en vain. Leurs liens, avec le temps se sont distendus et aujourd'hui, tout les oppose. Mickey doit se contenter de vérifier de temps en temps que sa soeur est toujours en vie.
Quand un serial killer rode dans le quartier et s'attaque aux prostituées, Mickey tremble pour sa soeur. A chaque nouveau cadavre retrouvé par la police, elle frémit à l'idée que ce soit sa soeur. Sa recherche pour retrouver Kacey s'intensifie. Il faut qu'elle la trouve avant qu'elle ne se fasse tuer.. Quand la rumeur propage l idée que le tueur serait un policier, la tension monte d'un cran encore. Mickey ne sait plus à qui elle peut faire confiance dans ses collègues. Elle ne sait plus qui sont les gentils et les méchants, les dés sont pipés.
Roman social, roman noir, roman sur la sororité et la famille , la rivière des disparues est tout cela à la fois. Écrit d'une plume précise, sans fioritures, on est immédiatement immergé dans les rues et les squatts malfamés des bas quartiers de la ville. L'auteure décrit très bien cette ambiance glauque et s'attache à dépeindre la psychologie des personnages avec précision. C'est le premier roman que je lis de cette auteure et c'est une agréable découverte.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Y a-t-il un être au monde qui puisse expliquer, par de simples mots, l’immense tendresse viscérale que l’on ressent lorsqu’on tient son enfant dans ses bras ? La sensation animale qui se dégage de cette étreinte : le doux museau du bébé, sa peau toute neuve (qui contraste avec l’usure de la vôtre), sa petite main qui se tend vers votre visage, en quête d’un contact familier. Ces caresses furtives et légères comme des phalènes, qui se posent sur votre joue et sur votre poitrine.
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Autour de moi des voix s’élèvent et retombent en chœur, dans un vacarme que je n’avais pas entendu depuis mon enfance. Nous sommes liés, vaguement, par les branches d’un arbre généalogique qui s’est atrophié, désintégré ces dernières années .
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Y a-t-il un être au monde qui puisse expliquer, par de simples mots, l’immense tendresse viscérale que l’on ressent lorsqu’on tient son enfant dans ses bras ?
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C'est le secret que j'ai appris ce jour-là : aucun d'entre eux ne veut être sauvé. ils veulent tous s'abîmer de nouveau dans la terre, se faire avaler par elle et continuer à dormir. Leur visage exprime de la haine quand on les arrache à la mort. C'est un regard que j'ai vu des douzaines de fois, depuis que je travaille, par-dessus l'épaule d'un pauvre ambulancier dont le métier est de les faire revenir à la vie. C'est le regard de Kacey, ce jour-là, quand ses yeux se sont ouverts, quand elle a juré, quand elle a pleuré. Il s'adressait à moi.
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En vérité, je m’efforçais d’ignorer le bruit sourd qui résonnait en moi tout au long de mes journées, comme une sonnette d’alarme, comme un glas. Je ne voulais pas l’écouter. Je voulais que tout reste en l’état. J’avais encore plus peur de la vérité que du mensonge. La vérité changerait ma vie. Le mensonge était stable. Le mensonge était pacifique. J’étais heureuse dans le mensonge. (p. 174)
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La Librairie du Tramway Aujourd'hui parlons de ... LA RIVIÈRE DES DISPARUES (de Liz-Moore - Éditions Buchet/Chastel)
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