En apercevant son propre reflet dans la baie vitrée, Clarice se dit qu'elle et Richmond devaient ressembler à un couple de paon: le mâle éblouissant et sa femelle fadasse.
Barbara Jean s'adonnait à l'étude de la Bible en fermant les yeux.posant le livre ouvert sur ses genoux, et laissant tomber au hasard son index sur une page. Elle pratiquait cette technique depuis des années, persuadée qu'un jour elle atterrirait sur le passage qui lui éclairerait quelque peu l'esprit. Mais surtout elle passait ses nuits à apprendre qui avait engendré qui, et à découvrir la variété apparemment infinie et aléatoire des châtiments qui constituaient la spécialité de l'ouvrage .
Lorsque meurt un homme riche, les vautours ne se font pas attendre.
- Richmond, je ne veux plus vivre avec toi", déclara-t-elle. Ces mots sortirent facilement, presque naturellement. Pourtant son cœur battait si fort qu'elle entendait à peine sa propre voix.
"Comment ça ? fit-il.
- Je n'en peux plus. Je n'en peux plus de toi, de nous. De moi, surtout. Et je sais que je ne peux plus vivre avec toi."
[...]
Incrédule, Richmond secoua la tête. "Il y a quelque chose qui cloche. Je me fais vraiment du souci pour toi. Tu devrais peut-être faire un bilan de santé. C'est peut-être le symptôme de quelque chose de plus grave.
-Non, ce n'est pas un symptôme, rétorqua Clarice. C'est même plutôt un remède."
Tu n'as jamais prétendu être autre chose que l'homme que tu es. Et c'est peut-être ce qui me rend le plus triste. J'aurais vraiment du t'aider à devenir quelqu'un de meilleur. Parce que l'homme que tu es n'est tout simplement pas à la hauteur.
Cuisiner avec elle me rappelait une chose que maman avait coutume de dire : "j'aime Jésus, mais certain de ses représentants me tannent au plus haut point".
Tu sais, maman, je crois que tout ressemble à un tableau.
- De quoi?
- Tout. La vie. C'est comme si on ajoutait une touche jour après jour. Tu poses les couleurs les unes après les autres, en t'efforçant de faire quelque chose de joli avant qu'il n'y ait plus de place.
[...]
- Tu es défoncée, gloussa Maman
On appelle miracle ce qui est censé se produire, tout simplement. Soit on suit le mouvement, soit on lui barre la route.
Elle avait souvent raconté à Barbara Jean n'avoir consommé que des whiskys citron durant sa grossesse car, comme chacun sait, les bébés naissaient avec des cheveux impossibles à coiffer lorsqu'on buvait de la bière. "Tu vois, mon coeur, lui disait-elle, maman a toujours bien pris soin de toi."
Je tentai d'expliquer à Clarice que je me sentais toujours plus mal en sortant de son église que lorsque j'y étais entrée ....Profondément exaspérée Clarice me regarda comme si j'avais perdu la raison et rétorqua : "mais enfin Odette, se sentir mal par rapport à soi-même, c'est pour ça qu'on va à l'église".