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Critique de Marti94


Belle surprise que ce livre d'Alberto Moravia sur "La révolution culturelle de Mao" publié en 1967.
En guise d'introduction l'écrivain italien a une discussion avec un ami sur la richesse et la pauvreté. Il dit qu'à l'époque, la Chine est un pays pauvre et que les riches n'existent pas, c'est un pays dans lequel la pauvreté représente la normal. Il s'interroge sur la richesse en tant que superflu et précise que l'homme ordinaire doué de bon sens s'ennuiera un jour d'être déshumanisé par la richesse et qu'il s'en libérera.
J'ai eu l'impression qu'il voulait justifier la révolution culturelle et le nivellement par le bas trouvant normal que tout le monde soit pauvre, en quelque sorte.
Mais pas du tout. Par la suite Moravia raconte son voyage en Chine. Il y est allé dans les années 60 avec sa femme Dacia. Il en a profité pour tenir une sorte de journal et noter ses réflexions sur la société chinoise de l'époque. Cela donne un témoignage ponctué de réflexions philosophico-politiques. C'est donc particulièrement intéressant puisque c'est la période de la révolution culturelle et le regard de Moravia est acéré. Il est très lucide, il parle de dictature et n'a pas de compassion pour le régime autoritaire. Par contre, il explique un certain nombre d'évolution de la société chinoise qui présente un grand intérêt y compris historique. C'est aux chinois qu'il s'adresse quand il est sur place et c'est donc leur vécu et leurs ressentis qu'il commente et analyse. Tout n'est pas blanc ou noir et beaucoup de questions sont posées. Par exemple, Pourquoi Mao, qui en a la possibilité, ne fait-il pas arrêter ses adversaires, ne les fait-il pas juger et fusillés comme aurait fait Staline ? C'est l'occasion pour Alberto Moravia d'expliquer que Mao n'est pas Staline. Mao ne veut pas le pouvoir personnel par la violence comme Staline. Mao l'éducateur, le dialecticien, veut le pouvoir idéologique par la persuasion et l'éducation (d'où la publication du petit livre rouge en 1966, bréviaire de tous les chinois). Il ne veut pas la mort de ses adversaires, il veut qu'ils changent d'idées, se reconnaissent hérétiques et abjurent leur hérésie. Il ne s'agit pas en somme d'une lutte pour le pouvoir personnel d'espèce stalinienne, mais d'une lutte pour l'orthodoxie, de caractère idéologique et religieux (que l'on retrouve aussi dans l'uniforme chinois en référence aux ordres monastiques).
On voit qu'on est loin de la description que fait Moravia des visites programmées de Pékin, de la grande muraille, du palais d'été, des tombes Ming… A l'époque, cela fait partie de l'héritage culturel de la Chine mais uniquement à des fins pédagogiques imposées, pour montrer qu'il ne faut pas reproduire le passé, le peuple chinois étant tourné vers l'avenir.


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