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Critique de Topper67


Il y a toujours une raison pour qu'un livre nous arrive dans les mains : celui-ci ne déroge pas à la règle. Tranquillement vautré devant la série « Black Sails » j'ai soudain eu envie d'en savoir plus sur ce monde que nous ne connaissons vraiment que par le cinéma, celui de la piraterie. J'ai donc foncé à la bibliothèque et en suis revenu avec « Pirates » de Jean-Pierre Moreau.
L'auteur est docteur en archéologie, ça pose son bonhomme, et son domaine de prédilection est la flibuste dans le secteur des Caraïbes. J-P Moreau c'est juste Indiana Jones qui troque son chapeau contre un masque et son fouet pour un tuba.
L'auteur est sérieux, ses recherches sont documentées, fouillées, et cela se ressent tout au long de l'ouvrage : beaucoup de notes de bas de page, un lexique, des annexes pleines de noms, de dates, de lieux… on peut difficilement s'y perdre. À condition d'aimer naviguer entre les pages. Quoi qu'il en soit, je trouve que cela donne un côté rassurant : on sait d'où proviennent les informations que l'auteur nous présente.
Cet ouvrage balaye large : de Madagascar aux Antilles, du XVIe au XVIIIe siècle, à terre comme en mer, vous explorerez de nombreux aspects de la vie de ces « aventuriers » des mers.
Comme il se doit, l'auteur prend le temps de nous expliquer la différence entre un corsaire (qui travaille légalement pour un royaume), un pirate (qui travaille pour lui-même hors la loi), un boucanier (sorte de Davy Crockett, coureurs de bois dans les Antilles, mais qui par leur rusticité et leurs savoirs-faires sont appréciés sur les navires)… Regroupant tout cela sous le terme un peu plus générique de flibustiers.
L'ouvrage est découpé de manière chronologico-thématique (ouh le gros mot !) et nous suivons l'évolution des flibustiers de diverses puissances coloniales (France, Angleterre, Pays-Bas et Espagne, qui est plus souvent présentée en proie qu'en chasseur) chacune connaissant leur période de gloire. Tout cela est relié au contexte politique de l'époque : que Français et Anglais n'entretiennent pas les mêmes rapports dans les Caraïbes selon qu'ils soient ou non en train de s'écharper sur le vieux continent, cela va sans dire, mais cela va aussi mieux en le disant.
Nous découvrons donc nos flibustiers loin du mythe hollywoodien (que l'auteur analyse aussi) : nous avons plutôt affaire à des gens de mer déçus de la Marine qui tentent une autre voie. Obéissant à des investisseurs privés, en bute à l'administration coloniale, rares sont ceux qui rentrent la cale chargée d'or ! On pille du sucre, on pille de la cochenille, souvent on ne pille rien et l'on rentre bredouille (ou brouquouille comme on dit dans le Bouchenois).
Bien sûr nous croisons les grands noms de la piraterie, Morgan, L'Olonais, etc., mais remis à leur place, avec leur souvent courte carrière.
Le mythe du pirate libertaire est aussi battu en brèche : exit le pirate révolutionnaire se battant contre un système qui l'oppresse au nom d'un noble idéal de liberté. Si un pirate capture des esclaves, il les revend, le butin n'est pas réparti équitablement… les « frères de la Cote » n'ont pas toujours un comportement fraternel.
Si vous voulez en savoir plus, plongez-vous dans ce livre sans hésiter. Même s'il peut paraître austère le style reste toujours clair. Si vous cherchez de l'aventure, ruez-vous sur L'île au trésor de R. L. Stevenson. Si vous cherchez la vérité, préférez lire Moreau.
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