Citations sur Jazz Palace (11)
« La musique s’infiltrait à travers le plancher du premier étage. Les sons haut perchés d’une trompette et d’un piano stride montaient par l’escalier, suivaient le corridor. Ils se déplaçaient comme un nuage, investissant chaque fente, chaque recoin. Ils enveloppaient les enfants endormis, en étouffant les bruits nocturnes qui les agitent et les effraient. Leur mélodie flotta jusqu’à parvenir aux oreilles d’une petite fille aux yeux noirs, qui était assise dans son lit. »
Il gonflait ses joues et trouvait des notes que personne n'avait jamais entendues dans le North Side ni ailleurs.
Pour les notes graves, il s'inclinait comme s'il allait prier, et pour les notes aiguës , il levait sa trompette vers le plafond comme s'il pouvait faire s'écrouler les murs.
La musique s'infiltrait à travers le plancher du premier étage.
Les sons haut perchés d'une trompette et d'un piano stride montaient par l'escalier, suivaient le corridor.
Ils se déplaçaient comme un nuage, investissant chaque fente, chaque recoin.
Ils enveloppaient les enfants endormis, en étouffant les bruits nocturnes qui les agitent et les effraient.
Leur mélodie flotta jusqu'à parvenir aux oreilles d'une petite fille aux yeux noirs, qui était assise dans son lit.
Pearl, tout à fait éveillée, écoutait.
P. 76
"Tout noir qui a vu un lynchage dans sa ville prendra un jour le train pour le Nord", avait-il [Napoleon Hill] dit un soir à Pearl... p.181
Benny pouvait nommer les notes comme un peintre peut nommer les couleurs. [...] Il savait dans quelle tonalité le vent hurlait ou le cristal chantait. p.37
Il y avait quelque chose dans cette musique de la rue qu'il n'avait jamais entendu. Il ne voyait pas où elle le menait. C'était comme s'il n'y avait pas de règles, sauf celles qu'elle inventait. Ça n'avait ni commencement ni fin. [...] Cette musique, elle poursuivait sa route, le piano parlait et le cornet écoutait, puis le cornet répondait, le piano riait, comme si deux inconnus, penchés sur leurs verres, avaient une conversation jusqu'au bout de la nuit. En laissant traîner ses oreilles, Benny attrapait ce qu'il pouvait. p.16
La seule chose qu'il avait à perdre était la vie, pensait-il [Napoleon Hill]; sa musique était plus importante. p.191
Ce garçon jouait comme un noir. Les noirs n'avaient rien à perdre et ils le savaient. C'est pourquoi ils jouaient du blues. Ils lui donnent leur corps et leur âme. Mais les jeunes blancs ont toujours possédé quelque chose, et s'ils jouent du blues, c'est parce qu'ils l'ont perdu. [...] Ils ne savent pas que la tristesse réside au fond d'un puits profind. Ni que si vous creusez autour, vous pourrez faire jaillir autant de beauté. p.157-158
Tout ce qu'il avait toujours su sur le monde - que la gravité vous fait tenir debout, que les mères sont toujours là quand vous rentrez à la maison, qu'il y a neuf tours de batte au baseball et que le sommeil vous attend à la fin de la journée - était soudain renversé. Il oublia son frère perdu dans la neige et la petite morte avec qui il avait dansé lorsque l'Eastland avait coulé. Il oublia l'enfant de Marta, seule à la maison et malade. Il oubliait même qu'il n'était qu'un individu au milieu de la foule [...]. Il n'était plus nulle part, sauf à l'intérieur de la musique qu'il entendait. Elle l'emmenait où il voulait être. Dans un train, qui sortait de la ville : loin; c'était là qu'elle l'emmenait. Loin. p.101
M. Marcopolis se leva et passa ses doigts le long du clavier pour montrer à Benny la succession de quintes. "La musique, ce n'est pas qu'une question de sons, de plaisir, de distraction. Il s'agit aussi d'ordre." [...] "Il faut que tu comprennes comment le monde a débuté. Moi je crois, vois-tu, que l'Univers a commencé par une collection de molécules, et dans ces molécules est venue une vague qui s'est réverbérée comme un son, et ce son a tout mis en mouvement. Tout a commencé par la musique. p.90
On l'appelait le Stroll, cette parti de South State Street où la musique vivait. Le Dahomey Stroll pour certains. Une succession d'ampoules clignotantes, bleues, rouges et jaunes, où minuit était pareil à midi. De la musique en jaillissait vint-quatre heures par jour. De l'Elite et du Vendome. Du Grand et du Deluxe. On racontait que si on tenait une trompette e, l'air, elle jouait toute seule. C'était la bohème des gens de couleur. Rome Street, Athens Street, Jerusalem Street et South State Street étaient devenus l'épicentre du monde. p.58