AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Krout


Krout
14 novembre 2019
Le singe nu court depuis longtemps, édité en 1967 à plus de 10 millions d'exemplaires en 23 langues d'après wikipedia, l'analyse sans concession et le regard aiguisé porté par le zoologue Desmond Morris appliquant à notre propre espèce les méthodes d'investigation en vogue pour appréhender les modes de vie des autres espèces animales n'ont pas manqué de faire polémique à sa sortie. Ce coup de pied, ô combien salutaire, au complexe de supériorité et à l'arrogance sans borne qui sont nôtres aura tiré les hauts cris de la gent dominant la bien-pensance.


Le poète a toujours raison et en 1962 Jacques Brel chantait déjà Les singes.
https://www.youtube.com/watch?v=xcGsiyJcNGQ


Desmond Morris en fait dans ce bref essai de 275 pages un développement pertinent découpé en 7 chapitres reposant sur de nombreuses sources et plusieurs expériences. Un ouvrage interpellant dont la distanciation force parfois le lecteur à sourire ou à rire pour cacher son malaise, or comme nous l'apprend l'auteur l'action de rire n'est qu'un dérivé de celle pleurer. Reposer sur une méthode scientifique ne signifie aucunement que tous les propos contenus doivent être pris pour paroles de vérité, concept par ailleurs imaginaire. Néanmoins malgré quelques faiblesses, quand nos experts actuels labelisent sans aucun complexe certaines espèces d'invasives et de nuisibles alors que la pire d'entre elle est la nôtre, le choquant appel à une remise en question reste totalement d'actualité.


Qui l'a lu ? Peut-être Eric Zémour mais sa façon de porter la polémique me fait penser après cette lecture au comportement d'un primate sous-dominant rendu particulièrement agressif par son inaptitude à conduire le troupeau. Le danger réside bien évidemment dans l'interprétation. Malgré tout, ayant pris note du désir exploratoire absolu animant les singes nus que nous sommes, je n'hésite pas à en recommander la lecture aux créationnistes, aux djihadistes, aux religieux de tout bords y compris les bouddhistes, aux philosophes, aux sociologues, à la grande famille des psys y inclus les psychopathes, aux féministes, aux végétariens, aux végans, aux dirigeants et aux politiques, pour autant que celles et ceux-ci soient prêts à questionner leurs croyances en toute humilité, ce qui fait du coup beaucoup moins de monde.


Que Le singe nu coure encore pour un temps. Hélas, il copule toujours excessivement ce que l'auteur considérait déjà problématique à une époque où nous n'étions encore que 3 milliards. C'est pourquoi ce livre est aussi cri d'avertissement et vibrant appel à un développement plus qualitatif par l'éducation doublé d'un urgent contrôle des naissances pour éviter famines, pandémies et génocides. Or il faut bien constater que nous faisons face à un double problème pour l'avenir du singe nu, ce sont malheureusement ses populations les moins éduquées qui se reproduisent le plus.


Le mérite d'un tel ouvrage est bien évidemment un appel à la réflexion et au questionnement, il s'agit de courageusement oser regarder la réalité de différents points de vue pour en avoir une meilleure représentation. Corroborant les prévisions de Desmond Morris d'une agressivité exacerbée par une densité d'individus excessive, il est intéressant de noter, comme le signalait récemment la très sérieuse émission le dessous des cartes, qu'en 2018 le nombre de morts dus à des conflits intérieurs, guerres civiles, émeutes … dépassait largement le nombre de morts de conflits entre états. Par ailleurs je me permets d'ajouter en guise de réflexion le lien vers un intéressant article de l'express https://www.msn.com/fr-be/actualite/environnement/11-000-scientifiques-écrivent-que-nous-sommes-trop-nombreux-sur-terre/ar-AAJWMSX?ocid=spartandhp

Commenter  J’apprécie          368



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}