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Critique de Foxfire


Sans être une spécialiste, loin de là, j'aime bien les films de yakuzas. J'ai vu et apprécié quelques oeuvres de ce registre, des métrages signés Takeshi Kitano, Kinji Fukasaku ou encore Hideo Gosha. J'étais donc très curieuse de découvrir ce qu'allait donner le volet de la série « Sept » se déroulant dans cet univers. Si ce tome n'est pas parfait, il propose suffisamment de choses intéressantes pour que je le considère comme globalement réussi.

Le scénario de Morvan n'est pas totalement abouti, le problème d'équilibre provenant en grande partie du fait qu'il aurait dû être développé sur plus de pages. Mais si l'auteur ne parvient pas à proposer un scénario irréprochable, on ne peut pas lui reprocher de ne pas tenter des choses. L'auteur est très ambitieux dans ses intentions et s'il ne tient pas toutes les promesses de ces ambitions, il le fait avec une telle sincérité et sans jamais être prétentieux, que « sept yakuzas » procure un grand plaisir de lecture. Et oui, ça fait plaisir un auteur qui respecte son lecteur, ne le prend pas pour un idiot, même s'il s'agit d'une histoire d'action. Parce que oui, on peut faire de l'action intelligente et ambitieuse. Morvan, tout en respectant le concept de la série, ose essayer quelque chose de différent.
Pendant une bonne partie de la B.D l'histoire est centrée sur un seul personnage. Et quel personnage ! Là où la facilité pour un récit d'action situé dans le monde des yakuzas aurait été de choisir comme protagoniste principal un jeune loup ambitieux au top de sa forme, Morvan a l'audace de choisir comme héros un vieil homme au corps et à l'âme fatigués, un oybun en « fin de carrière » qui n'a plus rien à prouver mais qu'on n'attend plus et qui n'attend plus vraiment grand-chose de la vie même s'il garde un caractère bien trempé. Morvan ose même l'impensable en montrant que ce boss qui devrait inspirer la crainte achète des protections contre les fuites urinaires. Cette désacralisation n'entache en rien le charisme que dégage le personnage, cela le rend juste plus humain. Un bel exploit du scénariste.
Par la suite, les flash-backs racontant les destins des différents personnages permettent à l'auteur de balayer l'Histoire du Japon et d'aborder le thème de l'évolution de l'identité japonaise à travers ces différents personnages. Tous les personnages ne m'ont pas forcément convaincue, par exemple le fana de l'Amérique que j'ai trouvé caractérisé avec peu de finesse. Mais la plupart des personnages sont réussis et la diversité de leurs profils est intéressante.
La dernière partie de la B.D qui fait la part belle à l'action est très chouette, bien découpée, bien mise en scène. Bien sûr, tout va un peu vite mais bon on ne va pas faire la fine bouche, c'est globalement très bien mené.

Le dessin ne m'a pas emballée, il ne déborde pas de personnalité. Ce n'est pas moche, je n'ai pas été gênée par le dessin, ni séduite non plus. Disons qu'il m'a laissée de marbre, une indifférence polie.

Bref, ce « sept yakuzas » m'a bien plu grâce au scénario de Morvan, certes imparfait, mais diablement intéressant et ambitieux tout en faisant preuve d'une belle humilité face à ses références et inspirations.
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