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Critique de Lucilou


Entre deux romans, je poursuis ma relecture des "Contes du Korrigan" et après les huit premiers volumes, voilà qu'arrive le moment que je redoutais: celui d'aborder les deux ultimes opus de la saga. Qu'on ne s'y trompe pas: ce qui me désole n'est pas le constat d'une baisse de qualité dans le soin apporté aux albums ou aux récits. Non, c'est le fait d'arriver à la fin de cette saga qui n'en est pas une (quoique!), à la porte de cet univers que j'adore et qui se referme. ça et autre chose aussi… c'est que le tome 9 marque une rupture, un basculement qui se poursuivront avec le tome 10. Ils chavirent en effet vers la noirceur, la tristesse, l'amertume et c'est un peu douloureux. Ce basculement concerne les récits, les contes mais aussi et surtout le personnage de Koc'h et moi, ça me brise le coeur.
L'album s'ouvre donc sur le fil rouge des désormais classiques "Contes du Korrigan". Cette nuit est nuit de Samhain et le Petit Peuple s'est réuni comme tant de fois auparavant sur la colline d'Ahna. Les korrigans, les lutins, tous attendent le conteur. Ils attendent Ko'h et c'est là que surgit le premier étonnement du lecteur. A écouter l'assemblée, on a l'impression que des siècles se sont écoulées depuis la dernière nuit de contes, on a la sensation que Koc'h avait disparu depuis des lunes et des années... Quel mystère est-ce là? Qu'a t-il pu bien arriver à notre Korrigan pour qu'il disparaisse si longtemps lui qu'on avait laissé dans les bras de sa Siobhan et en compagnie de ses joyeux compagnons? Il nous le dira pour sûr parce que des voix murmurent qu'il est enfin revenu... Il arrive... Et quel effarement que ce Koc'h qui s'avance parmi l'assemblée! C'est qu'il a tellement changé! Il a l'air si sévère, si grave, si sombre... Si dur aussi. Pas un sourire sur sa face autrefois rieuse et il s'adresse si abruptement à ses comparses... Quelle tragédie a-t-il vécu? Il ne dira rien... Il refuse: "ce soir, je ne suis pas venu vous conter ma vie. Cela n'intéresse que moi". Mais c'est pas vrai Koc'h! Bien sûr que cela nous intéresse! Bien sûr qu'on voudrait savoir pourquoi te voilà devenu si sévère, si dur!
Mais Koc'h enchaîne. On ne saura rien. Il enchaîne et dévide trois récits qui semblent un peu moins magiques, un peu moins légers, un peu moins féériques que ceux d'autrefois. Tous se passent en hiver, tous ont à leur manière un petit quelque chose du Peter Pan de Loisel, un petit quelque chose de sombre, de dur, de désespéré et les fées, et les lutins et les korrigans empruntent plus à Dickens qu'aux traditions orales.
Le premier récit raconte ce qui arrive quand on met une fée en colère, le second a bien failli raconter l'exécution d'un enfant qu'on croirait de Hamelin et le dernier, s'il réchauffe le coeur, lui fait bien mal aussi.
Alors oui, c'est sûr "La Colline d'Ahna" est un tome qui marque une profonde rupture dans la tonalité de la saga, dans celle du fil rouge et des récits et cela peut surprendre, déranger, questionner, attrister. Je suis passée par toutes ces étapes moi aussi et ce dès ma première lecture de l'album. Pour autant, j'ai appris à l'aimer, différemment des autres sans doute, mais à l'aimer malgré tout avec son pan un peu loiselien, son air enténébré. Et puis, j'aime tellement Koc'h, je me suis toujours sentie si investie dans son histoire que je compatis à ce qu'il est devenu, et que je veux savoir ce qui a bien pu se passer... Même si je regrette infiniment l'ellipse dont Ronan le Breton a fait son feu. Un drôle de triste album, différent donc, mais attachant... Et puis de toute façon, "Les Contes du Korrigan" et moi...
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