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Critique de Parthenia


J'aime beaucoup l'époque des Tudors, même si ces royaux représentants ne m'inspirent guère une folle sympathie, mais je trouve le contexte historique extrêmement intéressant avec cette dynastie ambitieuse qui fait de l'Angleterre une puissance de premier plan... Aussi, la quatrième couverture de cette saga avait-elle complètement titillé ma curiosité, jusqu'à me pousser à me procurer ce 1er tome (oui, cette fois, je ne me suis pas trompée, d'ailleurs, le tome 2 n'est toujours pas paru en français !^^)...

Je dois dire que j'ai été agréablement surprise par le début prometteur : d'ordinaire, les romances historiques n'en portent que le nom et ne sont qu'un prétexte pour faire évoluer des personnages à une époque à la mode, sans souci de réalisme, mais j'ai trouvé que le contexte historique était ici bien intégré à l'intrigue, avec suffisamment de détails et un effort au niveau des dialogues pour que l'on se sente immergé au coeur de cette Renaissance anglaise. L'auteure n'a pas choisi par hasard l'année où débute son histoire puisque le premier chapitre se situe en janvier 1536, soit quatre mois avant l'exécution d'Ann Boleyn (je ne pense pas spoiler en parlant de cet événement, n'est-il pas ?!) !

Eloise est donc depuis deux ans l'une des dames de compagnie de la reine. Elle est tombée amoureuse d'un jeune noble de la Cour, Simon, qu'elle rencontre en secret, malgré son manque de perspective d'avenir. Les rêves d'Eloise de l'épouser en dépit de son statut volent en éclat le jour où son père vient la chercher pour qu'elle épouse le baron Wolf, un guerrier endurci et plus vieux qu'elle... Elle se soumet à contre-coeur à la volonté paternelle et se résigne à respecter les voeux sacrés du mariage tout en se sentant attirée malgré elle par son fiancé... Hélas, la grande Histoire la rattrape peu après son mariage quand elle se retrouve éclaboussée par le scandale qui touche Ann Boleyn et certains de ses familiers...

Malgré les clichés inhérents à toute romance, je plaçais de grands espoirs dans cette chronique de l'ère Tudor qui commençait sous les meilleurs auspices. Malheureusement, l'auteure s'est peu à peu laissée aller à la facilité et aux travers des romances historiques actuelles : comportement des personnages finalement inapproprié pour l'époque, anachronismes, situations ou dialogues trop modernes, psychologie invraisemblable, surenchère dans des scènes sexuelles atteignant des sommets de ridicule...

Le lecteur se rend vite compte que l'héroïne est affligée d'un caractère immature et indécis, de plus en plus agaçant. Tout au long du roman, nous aurons donc droit à ses volte-faces incessantes et incohérentes : elle accepte le mariage, puis le refuse, non par désamour mais par peur que son époux ne partage pas la même passion qu'elle et ne se lasse de son inexpérience (par contre, que le lecteur se lasse de ses sempiternels atermoiements, ça, ça ne lui viendrait pas à l'esprit, hein !!) ; or, peu auparavant, elle était prête à accepter ce mariage juste par confort financier ! Elle aspire à provoquer le désir chez son fiancé, puis s'en alarme "même si elle savait bien que c'était uniquement dans le dessein de concevoir un héritier. Si elle faisait son devoir et lui donnait un fils sans tarder, il la laisserait sans doute tranquille." (page 31). Puis plus loin, nouvelle volte-face : si Wolf la désire, cela la mettrait à l'abri de toute maltraitance....
Oh, puis finalement non, elle doit plaider sa cause pour échapper au mariage ! Tiens, si on fleuretait avec Hugh Beaufort, un ami proche du fiancé pour faire croire à ce dernier qu'il a un rival, et ce, en totale contradiction avec les précédentes paroles qu'elle a eues sur son propre sens du devoir et de l'honnêteté ?

En plus de ses tergiversations, Eloise ne nous épargne jamais ses réactions idiotes à l'égard de Wolf ! Après l'attaque, après le sexe, n'importe quelle occasion lui est bonne pour adresser à son époux des reproches infondés... Franchement, on admire la patience dont il fait preuve à son égard ! Et l'on se dit que l'écervelée ne mérite pas toutes les attentions qu'il lui témoigne ! Enfin, jusqu'à un certain point, car Wolf se met à avoir un comportement et des exigences outranciers, à croire que la bêtise de sa femme a fini par déteindre sur lui !

Pour tout avouer, je n'ai presque rien à reprocher à la première partie, malgré mon agacement sur le caractère indécis de la donzelle, mais la deuxième n'est qu'une succession de scènes grotesques dont l'acmé est atteinte avec la nuit de noces et le séjour des deux époux dans le pavillon de chasse... Je n'ai alors cessé de ponctuer les scènes de sexe de "pfff" de plus en plus blasés et consternés...
Déjà, la condition qu'il lui impose pour consommer le mariage est parfaitement ridicule, en totale contradiction avec sa prévenance habituelle : "Je veux que vous m'imploriez de vous faire l'amour." (page 93)
pffff...

Et il ne se contente pas de cette exigence une seule fois, non, mais à chaque fois qu'il désire faire coulisser son andouillette dans le cresson de sa femme...
pffff...
Ça en devient franchement pénible, en plus d'être ridicule, car la nuit de noces (la nuit de noces véritablement consommée, hein, mais vous comprendrez en lisant le bouquin !) compte une bonne trentaine de pages !

On a l'impression que l'auteure s'est ingéniée, avec une constance déstabilisante, et par-là même admirable, à parfaire, étape par étape, le ratage des scènes de sexe !
Quand la jeune vierge inexpérimentée supplie son époux de la déflorer : "Baisez-moi, Wolf, murmura-t-elle, sincère. Je veux sentir votre queue en moi. Prenez-moi." (page 100).
Franchement, ça mérite un "pffff", non ?

Et quand Wolf a cette intention super glamour :"Il décrivit un cercle du bout de la langue autour de l'un de ses tétons avant de l'attirer entre ses lèvres et de le sucer avec force, comme s'il espérait en tirer du lait." (page 97), re- "pffff" n'est-il pas ?

Et là, la phrase incontournable de toute romance érotico-anglo-saxonne qui se respecte et qui couronne le ratage parfaitement accompli et assumé (ou pas) de toute scène sexuelle : "C'est cela, Eloise, jouissez pour moi." (page 101),
nan mais "pffff", quoi !

Allez, encore une pour la route : "Auriez-vous encore faim, milady ?" (page 114) À votre avis, à quoi fait-il allusion ? et si je vous donne comme indice : c'est fin, ça se mange sans faim ? toujours pas ?
Alors contentez-vous d'un simple "pffff"...

Je clôture tout de même le sujet "scène sexuelle" par celle où il oblige sa jeune femme à.... une gorge profonde... vivivi, vous avez bien lu, une GORGE PROFONDE !!! Ubuesquement stupéfiant, non ? Moi qui croyais que cette pratique sexuelle avait été mise au goût du jour dans un film pornographique éponyme (ne me demandez pas comment je sais ça, cela fait partie de ma culture G - à ne pas confondre avec mon point G, hein !!! - désolée, je craque....)
Là, ça mérite un bon gros "pfff" d'honneur, hein !!!

Donc voilà, l'histoire avait bien commencé, toute romance qu'elle était, grâce aux informations estampillées XVIème siècle que l'auteure égrenaient de çi de là (j'ai bien aimé ses allusions aux contraintes liées au statut de Wolf, ou les différentes conceptions sur le mariage ainsi que certains dialogues...)
Par contre, sa propension à alimenter un faux suspens sur l'incompréhension mutuelle des deux époux devient extrêmement lassante, d'autant que l'on n'y croit pas un seul instant : en effet, les signes ostensibles d'hostilité que se témoignent Eloise et Wolf sonnent complètement faux et donnent un caractère artificiel à ces scènes. Personne ne croit un seul instant à la haine que Wolf est supposé porter à sa femme. Les obstacles à leur bonheur conjugal semblent donc trop surfaits, on a l'impression que l'auteure se force à remplir un cahier des charges sur ce thème.
Moss n'est en outre pas aidée par son héroïne qui enchaîne les réactions idiotes. Eloise se pose tout de même à un moment de l'histoire une question on ne peut plus pertinente : "Pourquoi tenait-elle tant à tout remettre en question ?" (c'est marrant, c'est exactement la question que l'on se pose ! l'héroïne a quand même mis la moitié du bouquin pour arriver à ce constat...).
Malheureusement, ses jérémiades incessantes reprennent de plus belle pour devenir tout à fait insupportables, provoquant chez nous cette réaction épidermique :

QU'ON LUI COUPE LA TÊTE !!!!

Nan mais, y'a pas de raison pour qu'Ann Boleyn soit la seule à être punie !!!

Pour conclure, une histoire dont le potentiel a été largement gâché par les choix narratifs de l'auteure qui multiplie les invraisemblances (et les dérapages !) afin d'amener des rebondissements auxquels on ne croit pas : volte-faces incessants des deux personnages principaux, fausse haine, fausse rivalité, tout finit par sonner faux. le pire est atteint avec les scènes sexuelles, qui ne dépareraient pas dans un film pornographique amateur sans queue ni tête !

Dans tous ces revirements, l'auteure arrive même à se perdre dans les méandres de sa propre histoire puisqu'au début, elle présente la reine comme une femme coupable d'adultère, pour faire ensuite porter la responsabilité au roi (pour le coup on ne peut pas lui en vouloir, car vous ne trouvez pas que ce mec, tout royal qu'il est, est un porc répugnant ?). Peut-être était-ce d'ailleurs délibérée de sa part afin de nous montrer l'évolution de son héroïne, mais l'effet est en tout cas raté !

Lien : http://parthenia01.eklablog...
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