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Critique de Osmanthe


Une très belle découverte que cette jeune auteure japonaise, déjà bien connue dans son pays, et publiée pour la première fois en France par Philippe Picquier.

Yukiko Motoya nous raconte quelques scènes de la vie de son héroïne, Linde, à l'âge de 16 ans, puis 28, 34, 47, 3 et 63 ans. Ce sont des arrêts sur image, des instantanés de vie pris sur le vif, dans une situation apparemment anodine. Pourtant, ils mettent en évidence la manière dont Linde gère ses relations avec les autres et ses espoirs...déçus, peut-être d'abord par ses propres travers ? Attend-elle trop des autres ? Sait-elle vraiment ce qu'elle veut ? Est-elle trop brute de décoffrage, pas assez délicate et tolérante ?
À chaque fois, avec ses amies, son amoureux, puis son mari, après son divorce avec sa famille et un éventuel prétendant....Toujours ce grain de sable, ce sentiment de ne pas avoir rencontré les personnes avec lesquelles elle partagerait réellement l'envie d'être ensemble.
Peut-être ce moment de compréhension mutuelle est-il survenu à l'âge de 3 ans, lorsqu'un petit copain l'a défendue contre sa maîtresse...
Mais le temps passe, et à l'approche de la vieillesse, il faut bien vivre malgré la solitude et le sentiment d'une vie ratée. C'est le moment peut-être de tirer plaisir au quotidien de chaque instant anodin de sa vie...

J'ai beaucoup apprécié ce court roman (à peine 150 pages), qui tire sa force de la simplicité et de l'universalité de son propos. Nous pouvons tous, et partout dans le monde, nous retrouver dans le personnage de Linde. Sûrement à des degrés divers...Mais qui n'a pas connu ces moments où il a cru, parfois furtivement, rencontrer LA personne idéale avec qui se sentir en osmose, et là, finalement, à cause d'un mot, d'un détail, d'un acte manqué...l'atmosphère imperceptiblement change...non, nous sommes différents, et ne pouvons pas totalement nous comprendre, nous correspondre, au fond.
L'approche de l'auteure est tellement juste qu'on ne sait même pas dans quel pays se passe cette histoire. Les prénoms ne sont pas japonais, on sent que certains ont des origines asiatiques, peut-être s'agit-il d'émigrés japonais en Amérique du Nord. Idem pour le temps, qui s'étire sur une vie, de nos jours, mais sans repères de contexte.
C'est remarquable. On voit bien que le propos est hors du temps et hors sol, l'auteure se concentre entièrement sur le ressenti de son personnage, le reste ne compte pas.

Yukiko Motoya a l'art de nous montrer avec subtilité ce qui fait nos petites défaites du quotidien, qui peuvent peu à peu saper le moral parce qu'on a l'impression que rien ne réussit...et pourtant, le fait de rester soi-même, et de vivre dans la spontanéité n'est-il pas une réussite pour soi, ce qui permettrait de s'aimer soi-même malgré tout ?

Comme souvent chez les japonais, à partir d'un fond qui semble pauvre en événements, en action, la dimension psychologique est prégnante. Yukiko Motoya traite les atmosphères et leur changement avec une grande finesse.

Vivement d'autres traductions en français de cette talentueuse auteure nippone ! J'espère que les éditions Philippe Picquier y pensent déjà !!!

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