AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bernardbre


Phénomène incontestable depuis quelques années, fortune exceptionnelle pour un jeune auteur de théâtre contemporain, Wajdi Mouawad a notamment été en juillet dernier l'artiste associé du 63e Festival d'Avignon.
Né en 1968 au Liban, exilé en France à l'âge de huit ans, puis, faute d'obtenir les autorisations officielles de séjour sur notre territoire national, Wajdi Mouawad a choisi d'émigrer au Québec où il vit et travaille, toutefois artiste également associé à l'Espace-Malraux, scène nationale de Chambéry et de la Savoie.
À l'occasion de la création de sa pièce "Le Sang des promesses", quatuor du comédien-auteur-metteur en scène, le Grand T de Loire-Atlantique, qui reprend ce spectacle du 29 septembre au 17 octobre 2009, dans une co-réalisation avec Onyx – La Carrière, à Saint-Herblain, et le soutien de L'arc, à Rezé, a voulu publier ce recueil de contributions éclairant par des témoignages, des poèmes, des analyses ou des textes de l'auteur lui-même, la personnalité et le parcours de ce pyromane du théâtre qui «voudrait foutre le feu, que la ville s'embrase…»
De motifs en questionnements, Wajdi Mouawad, alliant qualités humaines et dramatiques exacerbées par le plurilinguisme de son pays natal et ses déplacements cosmopolites, en revient toujours, en narrateur, à l'altérité («comme horizon dramaturgique» écrit Lise Lenne pour qui l'enfer ce n'est pas l'autre, c'est le même»), à l'enfance, à la gémellité, à l'exil, à l'explosion de la parole.
Homme de partage, Wajdi Mouawad recherche la simplicité jusqu'à la parcimonie, engagé en faveur de la rencontre, et non du divertissement, pour «résister à la tentation de se rassurer».
On remarquera singulièrement dans ces pages la rare complicité qui lie le dramaturge au poète québécois Robert Davreu, disert ici pour réfléchir sur l'exil : «Penser l'exil comme l'élan et l'essor qui transforment l'obstacle en tremplin, la résistance de l'air en possibilité d'envol, celle de la terre en monde, celle de l'eau en élément porteur de la nage comme de la navigation, celle du feu en opérateur d'alchimie. (…) Penser enfin l'exil, même et surtout subi, comme la chance d'une libération à l'égard de toutes les forces, mortifères celles-là, de répression et d'oppression, des fantasmes identitaires qui les habitent et de leur vision de l'exil comme un châtiment.»
Mais qu'est-ce qu'un écrivain, fût-il «de théâtre», et qu'en est-il du dessein vers quoi il tend, pourquoi écrit-il, pourquoi continue-t-il? Wajdi Mouawad répond avec cette concision d'un tropisme que ne peut évacuer quiconque crée : «En attendant nous allons notre vie, en manque de cette phrase qui saurait ramener la grâce du silence.»

Critique parue dans "Encres de Loire" n° 49 page 26, automne 2009



Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
Commenter  J’apprécie          00







{* *}