AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BazaR


C'est grâce à ce cher Oliv que je me suis lancé dans Voyage à Paris. Ce petit livre regroupe les lettres que Wolfgang Amadeus Mozart a écrites à son père (et quelques autres personnes) entre son installation à Paris en mars 1778 et son voyage vers Salzbourg en janvier 1779.

C'est fou ce que l'on apprend sur l'homme et l'époque à travers ces lettres ; on voit les choses pour ainsi dire « de l'intérieur ». Mozart était venu à Paris avec le souvenir de son passage en tant que « génial enfant ». Mais il avait grandi et l'accueil « oh le génial petit garçon, qu'il est mignon ! » n'était plus d'actualité. Il galéra bien pour trouver des leçons à donner ou des commandes de concertos. Il regrettait bien Mannheim où il était apprécié, voire adulé, et où il espérait trouver un poste. Au bout d'un temps, son père ne voyant rien venir à Paris lui trouva un poste à Salzbourg. Mozart bouda mais obéit, en trainant néanmoins des pieds lors du voyage de retour à travers l'Allemagne.

Le génial bougre n'est guère agréable dans ses commentaires. Paris et les Parisiens, les Français en général en prennent plein leur grade. Qu'ils chantent mal ; que leur musique est mauvaise ; qu'ils sont vulgaires… Les bons Allemands sont tellement meilleurs. Profondément croyant, peut-être dévot – lorsque sa mère, qui l'avait accompagné, meurt, il ne semble pas si malheureux car c'est Dieu qui l'a reprise à son heure – il haïssait Voltaire qu'il traite comme une sous-merde à l'heure de la mort du philosophe. Je ne le pense pas humaniste.
Égocentrique oui, conscient de son talent sans aucun doute. Il reste toujours poli devant ses hôtes mais sanglant dans ses lettres. Il écrit parfois des plaisanteries fort cruelles. Assez loin du portrait du film de Miloš Forman, il dit détester la vulgarité et les manières débraillées.

On apprend aussi des choses sur le contexte géopolitique de l'époque. On touche vraiment du doigt l'explosion façon puzzle des pouvoirs en Allemagne, où chaque prince ou évêque fait sa loi dans son petit territoire. Mozart parle un peu de son inquiétude vis-à-vis de la guerre de succession de Bavière – surnommée la guerre des pommes de terre car les soldats ont surtout cherché de la nourriture – en cours en l'Autriche et la Prusse. Forcément, c'est son pays qui est concerné. Il manifeste un désintérêt total de la guerre d'indépendance des États-Unis, qu'il voit comme une énième version de l'inimitié franco-anglaise.

Je trouve que les réponses de son père Léopold Mozart manquent. Car on lit bien toutes les tentatives du fils pour convaincre son père de le laisser poursuivre à Paris, puis trouver un poste à Mannheim. Les notes mentionnent certaines réponses de Léopold qui devaient être des ordres stricts. J'aurais bien aimé les lires.

Il s'agit là de ma première tentative de lecture historique épistolaire, autant que je me souvienne. C'est plutôt plaisant. A refaire.
Commenter  J’apprécie          3711



Ont apprécié cette critique (36)voir plus




{* *}