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Critique de Peteplume


Je tiens Sandor Marai en haute estime. Il fait partie, à mon avis, des meilleurs écrivains du XXè siècle. J'ai donc été assez désarçonnée par la première moitié de ce roman qui m'est apparu comme un ramassis de chroniques sur la vie les napolitains au sortir de la deuxième guerre mondiale. Certes, ces chroniques sont très bien écrites et très évocatrices de la pauvreté de ce coin d'Italie, en particulier à cette époque où tout était à reconstruire en Europe. Chaque chapitre est comme un tableautin qui campe un décor, met en scène des personnages plus que secondaires car — on le devine dès le début — ceux qui vont occuper l'avant-scène sont ces étrangers, un couple de réfugiés dont on ne sait d'où ils viennent mais dont l'aura intrigue et attire et qui n'apparaissent qu'en filigrane dans cette première partie. La seconde moitié est toute différente puisqu'il n'y est question que de l'homme mais de façon indirecte par les témoignages de la femme qui l'accompagnait et de ceux qui l'ont rencontré lors de son court séjour en Italie puisqu'on l'a retrouvé mort sur la plage, tombé d'un belvédère. Cette mort suspecte occasionne donc une enquête policière qui tient plus de l'analyse de la personnalité de cet homme que tous respectaient et qui se sentait investi d'une mission. On retrouve alors toute la finesse de l'analyse de l'âme humaine à laquelle l'auteur m'a accoutumée mais on trouve aussi une critique ouverte du nazisme autant que du communisme qui ont tour à tour imposé leur joug à l'Europe de l'Est. On peut y voir aussi une forme de confession de Marai, du pessimisme qui l'habitait car on ne peut s'empêcher de rapprocher son héros de lui-même tant les traits de caractère sont proches.
J'ai donc trouvé là un roman d'une facture inhabituelle et donc un peu déroutant mais que tous les amateurs de Marai sauront apprécier à leur juste valeur. Je termine en espérant que Marai lui-même m'aurait pardonné pour les accents que j'ai omis de mettre sur les voyelles de son nom, accents auxquels il tenait tant puisqu'ils étaient partie intégrante de sa culture d'origine et donc de sa personnalité dont il s'est senti dépouillé en se résignant à l'émigration.
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