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Critique de florigny


Pain, Education, Liberté était au moment de sa parution en 2012, un roman d'anticipation politique puisque Petros Markaris en situe l'intrigue début 2014, au moment où la Grèce décide de renoncer à l'euro pour revenir à la drachme. A la lueur de l'austérité prescrite depuis par Lagarde et ses complices, on ne peut que s'incliner devant la vision prophétique de l'auteur.


Trois hommes sont assassinés. Ils ont en commun d'avoir tous étudié à l'Ecole polytechnique, qui s'est illustrée en 1973 en s'opposant à la dictature des colonels, précipitant sa chute, avec un slogan resté dans les mémoires : « Pain, Education, Liberté ». C'est cette unique revendication qui est retrouvée sur les lieux des crimes. L'enquête pour Charitos s'avère d'emblée complexe et politiquement délicate, car où faut-il chercher un ou des coupables, la signature n'étant pas claire ? Les Grecs savent en effet que ces révolutionnaires un temps adulés, ont très rapidement abandonné leurs nobles idéaux au contact de postes importants qui leur sont confiés pour les museler. Une vengeance ? Ces crimes sont-ils l'oeuvre de l'extrême-droite, plus que jamais populiste, démagogique, haineuse, provocatrice, qui souhaite déstabiliser le pays en ostracisant notamment - doux euphémisme - les immigrés, pour accéder au pouvoir ?


Sous couvert d'un roman policier à l'enquête classique, Petros Markaris analyse avec humanité mais sans complaisance, l'ampleur de la catastrophe économique, sociale, humanitaire imposée à la Grèce. Dans ce roman où il est beaucoup question de la junte des colonels, il fournit au lecteur quelques pistes de réflexion et de compréhension. Comme tous ses compatriotes, Charitos est lui aussi désormais touché : son salaire de fonctionnaire n'est plus versé depuis 3 mois, il n'utilise plus sa voiture, n'ayant plus les moyens de passer à la pompe. A la maison, il faut toute l'ingéniosité d'Adriani - le bon sens près de chez vous -, sa compagne, pour tenter de minimiser les conséquences alimentaires et domestiques du désastre. Bref, autant de thèmes toujours d'actualité quand ils ne se sont pas aggravés.


Katerina, leur fille, est une juriste sans boulot, de même que son compagnon médecin. Tous deux s'investissent dans l'aide aux plus démunis. C'est dans cette solidarité, dans cette entraide collective, dans cette mutualisation des pauvres moyens restant à leur disposition, dans ces tentatives de résistances quotidiennes que Pain, Education, Liberté touche le lecteur en plein coeur, et lui donne une lueur d'espoir.


Petros Markaris a dédié ce roman à son ami Théo Angelopoulos pour qui il a écrit le scenario de l'Eternité et un jour, récipiendaire, à l'unanimité, de la Palme d'Or au festival de Cannes en 1998. Total respect !
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