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Critique de MarionJL


Cet ouvrage regroupe 8 nouvelles s'attachant chacune à un personnage dans l'entourage de la maisonnée de K. K. Harouni à l'organisation féodale. La relation est parfois lointaine (par exemple dans la première nouvelle, le personnage principal est un juge qui s'occupe d'une affaire de femme brûlée. le beau-père de cette femme est le cuisinier du neveu de K. K. Harouni) mais permet de présenter des aspects différents de la société pakistanaise.

J'ai beaucoup aimé ces nouvelles. En quelques traits, l'auteur arrive à donner de la profondeur aux personnages et à nous faire vivre leurs angoisses, leurs attentes et à nous faire toucher une partie de leur âme, à nous faire pénétrer dans le microcosme de chaque personnage.
J'ai cependant été plus touchée par les 4 premières nouvelles qui relatent la vie des domestiques et des petites gens que des 4 dernières qui s'attachent plutôt aux pakistanais très riches, étudiant dans des pays étrangers, avec des pieds-à-terre dans les villes du monde entier, se déplaçant en jet et buvant du champagne. C'est clairement un effet recherché par l'auteur qui montre la vacuité de ce monde-là qui étale ses richesses et qui est servi par une foultitude de domestiques.

Les inégalités fortes au sein de la société pakistanaise sont ainsi vécues et ressenties (on est en fait resté dans une société féodale) et on comprend que ces deux mondes n'entrent jamais en collision. le titre anglais “in other rooms, other wonders” rend très bien l'impression du recueil : les gens vivent les uns à côtés des autres sans chercher à se connaître et à se mêler (ce titre est beaucoup plus adapté que le titre français que je n'ai toujours pas compris à la fin de la lecture).

Si je devais donner une impression pour ce recueil, ce serait tristesse. Tristesse de voir ce que cherchent ces personnages, en particuliers ces femmes, ce qu'elles considèrent inaccessibles, ce qu'elles sont heureuses d'obtenir alors que ça me semble couler de source (une indépendance, une sécurité, des relations sociales apaisées et non fondées sur la contrainte ou la dépendance). Beaucoup de ces femmes m'ont touchées:
- Saleema qui découvre qu'un homme peut aimer sa présence avec douceur et qui pour cette douceur lui confie sa vie. le bonheur de ce couple autour de leur enfant, détruit en un instant à la mort du maître.
- Zainab qui rêve d'avoir un enfant et supplie son mari dont elle est la 2ème épouse de lui confier la dernière née de son fils, qui est déçu d'avoir une fille et ne s'en occupe pas.
- Et toutes ces premières épouses qui ont épousé leur mari au début de leur vie, n'ont jamais été aimées et sont délaissées dans leur vieillesse.

Tristesse de voir ce poids des traditions qui semble inébranlable et qui broie les espoirs les uns après les autres. J'ai d'ailleurs été surprise de l'absence de la religion dans ces nouvelles, qui ne participe en fait pas ici à l'enfermement des personnages et qui est bien découplée de la tradition qui faut elle combattre.
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