AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Simone Manceau (Traducteur)
EAN : 9782283023945
312 pages
Buchet-Chastel (04/02/2010)
3.57/5   22 notes
Résumé :
À la fin des années soixante-dix, entre Lahore et Islamabad,
tandis que décline l'ordre féodal du Pakistan une galerie inoubliable de serviteurs, de chauffeurs, de contremaîtres et de comptables gravite en huit histoires entrelacées autour de K.K.
Harouni, propriétaire terrien, distant et négligent.

Saleema a vingt-quatre ans quand elle tombe enceinte d'un vieux domestique qui finit par l'abandonner, avec son petit garçon,
dans le... >Voir plus
Que lire après La saison des mangues introuvablesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,57

sur 22 notes
5
0 avis
4
5 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
Cet ouvrage regroupe 8 nouvelles s'attachant chacune à un personnage dans l'entourage de la maisonnée de K. K. Harouni à l'organisation féodale. La relation est parfois lointaine (par exemple dans la première nouvelle, le personnage principal est un juge qui s'occupe d'une affaire de femme brûlée. le beau-père de cette femme est le cuisinier du neveu de K. K. Harouni) mais permet de présenter des aspects différents de la société pakistanaise.

J'ai beaucoup aimé ces nouvelles. En quelques traits, l'auteur arrive à donner de la profondeur aux personnages et à nous faire vivre leurs angoisses, leurs attentes et à nous faire toucher une partie de leur âme, à nous faire pénétrer dans le microcosme de chaque personnage.
J'ai cependant été plus touchée par les 4 premières nouvelles qui relatent la vie des domestiques et des petites gens que des 4 dernières qui s'attachent plutôt aux pakistanais très riches, étudiant dans des pays étrangers, avec des pieds-à-terre dans les villes du monde entier, se déplaçant en jet et buvant du champagne. C'est clairement un effet recherché par l'auteur qui montre la vacuité de ce monde-là qui étale ses richesses et qui est servi par une foultitude de domestiques.

Les inégalités fortes au sein de la société pakistanaise sont ainsi vécues et ressenties (on est en fait resté dans une société féodale) et on comprend que ces deux mondes n'entrent jamais en collision. le titre anglais “in other rooms, other wonders” rend très bien l'impression du recueil : les gens vivent les uns à côtés des autres sans chercher à se connaître et à se mêler (ce titre est beaucoup plus adapté que le titre français que je n'ai toujours pas compris à la fin de la lecture).

Si je devais donner une impression pour ce recueil, ce serait tristesse. Tristesse de voir ce que cherchent ces personnages, en particuliers ces femmes, ce qu'elles considèrent inaccessibles, ce qu'elles sont heureuses d'obtenir alors que ça me semble couler de source (une indépendance, une sécurité, des relations sociales apaisées et non fondées sur la contrainte ou la dépendance). Beaucoup de ces femmes m'ont touchées:
- Saleema qui découvre qu'un homme peut aimer sa présence avec douceur et qui pour cette douceur lui confie sa vie. le bonheur de ce couple autour de leur enfant, détruit en un instant à la mort du maître.
- Zainab qui rêve d'avoir un enfant et supplie son mari dont elle est la 2ème épouse de lui confier la dernière née de son fils, qui est déçu d'avoir une fille et ne s'en occupe pas.
- Et toutes ces premières épouses qui ont épousé leur mari au début de leur vie, n'ont jamais été aimées et sont délaissées dans leur vieillesse.

Tristesse de voir ce poids des traditions qui semble inébranlable et qui broie les espoirs les uns après les autres. J'ai d'ailleurs été surprise de l'absence de la religion dans ces nouvelles, qui ne participe en fait pas ici à l'enfermement des personnages et qui est bien découplée de la tradition qui faut elle combattre.
Commenter  J’apprécie          90
Pour qui fréquente un peu la littérature pakistanaise (Sidhwa, Aslam, Hanif ...), La saison des mangues introuvables de Daniyal Mueenuddin déconcerte un tantinet. le style alerte et parfois débridé des 8 nouvelles qui composent le livre (entrelacées, elles se répondent pour constituer un vrai roman) est une première surprise, quoique le fait que l'auteur soit américano-pakistanais (et diplômé de Yale) explique sans doute l'impression d'avoir à faire à un auteur issu de la World Litterature. L'époque a son importance également, Mueenuddin a choisi la fin des années 70, soit une période où le Pakistan voit la fin d'une certaine féodalité tandis qu'une frange privilégiée de la population vit au coeur de la société de consommation. Ce qui fait l'intérêt de la saison des mangues introuvables (titre énigmatique, l'original étant In Other Rooms, Other Wonders), ce sont les portraits impressionnistes de personnages dont le destin est à la merci du hasard et des évolutions de la société, dont le bonheur ne tient qu'à un fil. Mueenuddin excelle dans les détails, les petits riens d'une existence, le déraillement des existences vers la désillusion. Au style enlevé répond donc un pessimisme fataliste qui n'enlève rien au charme de ces nouvelles qui laissent un arrière-goût d'amertume et de détresse.
Commenter  J’apprécie          40
Pakistan, années 70. A travers huit récits, Mueenuddin nous dresse le portrait d'un pays sortant tout juste d'un système féodal, un temps où les petites gens, domestiques, chauffeurs, cuisiniers et même électriciens, dépendent de la générosité (et de la tolérance) du "seigneur" de la région... Aucune de ces histoires n'est heureuse, tendre ou même juste; toutes sont tristes, sans espoir et montrent combien la vie des modestes est totalement dépendante de leur maître : d'un jour sur l'autre, tout peut être perdu !
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Au delà du côté archaïque et démodé de la vie de ces petites gens pour l'occidentale que je suis, de l'absence de justice, du peu de scrupules et d'honneur des personnages, ce livre est un vrai dépaysement ! Daniyal Mueenuddin décrit avec beaucoup de détails et de soins les différents personnages mais aussi la campagne environnante (vergers de manguiers, champs de coton, de canne à sucre, ...) que l'on y prend goût et qu'on arrive (presque) à oublier l'actualité peu enviable de ce pays ! Les différents protagonistes sont, malgré tout, très attachants et j'ai eu envie, même si cela est resté illusoire, que leur vie soit meilleure, que l'espoir leur soit possible ... Un très bon livre pour découvrir le Pakistan ! ;-)

Dans "La femme brûlée", deux frères cachent un misérable vol en brûlant la femme de l'un, l'accusant du délit ! Mais puisque que le père du mari travaille pour le neveu de Mr K.K. Harouni, le grand propriétaire terrien, qu'auraient-ils à craindre ? Après tout, cette femme, prise de remords pour le vol commis à l'encontre de son beau-père, s'est tout simplement suicidée : qui pourrait prouver le contraire ? ... où l'on découvre qu'une femme n'a que peu d'importance et la justice encore moins pour qui connaît "le maître"...

Dans "Nawabdin l'électricien", un technicien particulièrement doué, permet à ses clients (dont K.K. Harouni) d'économiser sur leurs factures d'électricité en freinant le disque du compteur... Plus très jeune et marié à une femme très fertile, avoir une moto lui permettrait non seulement de couvrir plus de distance par jour pour accomplir son travail mais rehausserait son statut auprès de ses congénères...

Dans "Saleema", une jeune fille de vingt-quatre ans, mariée à un drogué, devient la maîtresse de Rafik, le vieux serviteur de K.K. Harouni, le grand propriétaire terrien (encore lui !). Elle goûtera, le temps de quelques mois, au bonheur d'être aimée, choyée, avant d'être abandonnée...

Lire la suite :
Lien : http://loumanolit.canalblog...
Commenter  J’apprécie          10
Ce livre est constitué de huit nouvelles, reliées formellement entre elles parce qu'elles mettent en scène des personnes de l'entourage de K.K. Harouni, un vieux propriétaire terrien qui représente l'ancienne classe dirigeante vivant sur ses acquis et selon les codes sociaux traditionnels, incapable de s'adapter au nouveau contexte économique et politique. C'est un monde en transition qui nous est donné à voir dans ces nouvelles.
Mais si la belle couverture jaune et rouge (de l'édition Bloomsbury) et le titre en anglais (littéralement Dans d'autres chambres, d'autres merveilles) laissaient espérer un livre à la langue riche et aux belles images, il n'en est hélas rien. Les histoires m'ont parues assez convenues, jouant trop souvent sur le registre de la malédiction d'être femme.
Peut-être attendais-je trop de ce livre plutôt court qui, finalement, s'il ne m'a pas emballé, fait un portrait tout à la fois fataliste et réaliste d'une société pakistanaise en transition vers un futur qui n'a pas encore été dessiné.
Commenter  J’apprécie          20
Plutôt qu'un roman, La saison des mangues introuvables est un recueil de nouvelles qui racontent les histoires de personnages liés de façon plus ou moins proche au riche propriétaire K.K. Harouni. le tout dresse un tableau assez tragique d'une société pakistanaise traversée par la corruption et le clientélisme. La vie des pauvres et notamment des femmes y est particulièrement précaire car quand la protection disparaît, il ne reste que des comptes à rendre. Certains personnages arrivent ainsi à sortir un instant la tête de l'eau, à vivre quelques années clémentes avant que le destin ne les frappe à nouveau. Cette fatalité de la misère me fait penser à Zola (la fin pathétique de Gervaise dans L'assommoir mais en même temps cela fait bien longtemps que je l'ai lu).

En quatrième de couverture il est indiqué que cela se passe "à la fin des années soixante-dix (...) tandis que décline l'ordre féodal du Pakistan". Cependant dans l'ouvrage il n'y a aucune indication de date et mis à part le port de pantalons pattes d'éléphant et de cols roulés cela pourrait aussi bien se passer aujourd'hui. Quant à l'ordre féodal, la gestion des récentes inondations dans ce pays a montré, il me semble, la faillite de l'Etat et la prédominance des relations de clan.

Au total, c'est un livre que j'ai apprécié bien qu'il ne soit pas très optimiste. le fait que les histoires soient courtes apporte une tension qui donne envie de connaître la fin. On se doute vite qu'elle ne sera pas gaie.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"[...] Là-bas, il serait émasculé, ni américain ni installé comme au Pakistan. Et avec un boulot qui ne lui plairait pas. Je les vois ces jeunes qui reviennent à Karachi pour deux semaines de vacances après s'être installés en Amérique, avec leur petit air soumis, un peu contrit. Et davantage encore depuis le 11-Septembre ! Comme si, jour après jour, ils s'excusaient. Les origines de Sohail seront toujours un handicap, quand il prendra l'avion pour aller plaider dans le Sud profond ou chez les céréaliers du Nord. Non qu'il manque d'assurance, mais ils n'auront de cesse de le briser. Quoi qu'il en soit, pour vous, il est surement prêt à le faire et à travailler pour un cabinet juridique new-yorkais. Il pourrait même aller habiter chez vous, si vous le souhaitez. Mais vous pouvez me croire, il ne serait pas heureux, car il ne nourrirait pas ce qu'il y a de meilleur en lui." (Buchet/Chastel - p.196)
Commenter  J’apprécie          10
"Malheureusement ou pas, tôt dans la vie, Nawab avait épousé une femme douce qu'il adorait, mais d'une fertilité rarement égalée. Ainsi s'appliqua-t-elle à lui donner des enfants, sinon précisément espacés de neuf mois, du moins guère de bien plus. Et rien que des filles. L'une suivant l'autre, jusqu'à l'arrivée du garçon tant désiré, s'ajoutant à sa bonne douzaine de filles, allant du berceau à onze ans, enfin couronné de l'élément insolite." (Buchet/Chastel - p.33)
Commenter  J’apprécie          10
Il s'était fait une renommée sur un tour de passe-passe, une technique qui consistait à flouer la compagnie d'électricité en freinant le disque du compteur, d'une façon si astucieuse que ses clients pouvaient préciser, à cent roupies près, l'économie réalisée chaque mois.
Commenter  J’apprécie          20
"Je suis juge de première instance à la Haute Cour de Lahore. Autant vous le dire tout de suite, pour que vous compreniez ma position dans cette affaire, malgré ma profession, je ne crois pas à la justice et je ne suis plus animé du moindre désir d'être ce qu'en faculté de droit nous appelions "le bras armé du Prophète". Je ne prétends pas non plus avoir les mains parfaitement propres et ne peux donc me permettre d'envisager le système judiciaire autrement qu'avec un certain degré de tolérance. Je rends mes verdicts en fonction des différentes pressions qui sont exercées sur moi." (Buchet/Chastel - p.13)
Commenter  J’apprécie          00
- Je plaisantais, ma belle! Oublie ça! Ici, il s'agit d'un mariage, pas d'une histoire d'amour; ce n'est pas la même chose. Un mariage, c'est un processus. L'amour, c'est plus aléatoire.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : pakistanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (48) Voir plus



Quiz Voir plus

Quand les enquêteurs parlent...

— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

Arsène Lupin
Hercule Poirot
Rouletabille
Sherlock Holmes

13 questions
77 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , enquêteursCréer un quiz sur ce livre

{* *}