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Critique de Selkis


Au centre de ce roman, la société indienne et ses différences de castes, les inégalités entre ceux qui vivent dans la misère et ceux qui ont de l'argent, et aussi la vision sur l'Inde de ceux qui se sont expatriés et qui reviennent, avec le regard de l'étranger. Les personnages quittent tous leur lieu de naissance pour aller voir ailleurs, se libérer du joug de la famille, essayer de s'en sortir, s'échapper d'une manière ou d'une autre
Là ou il fait très fort c'est que quatre histoires apparemment sans lien apparent les unes avec les autres se recoupent et que l'on retrouve les personnages qui semblent des figurants dans les autres récits et/ou dans l'épilogue. Faites attention donc à ceux qui passent en arrière-plan, ils sont leur importance… l'homme qui tombe de son échafaudage en est un exemple…

Dans la première histoire : le grand écart entre le fils né américain et le père qui essaie de lui faire découvrir son pays d'origine, l'Inde. le fils de six ans n'est pas intéressé, l'homme ne se sent plus chez lui, il est devenu étranger dans son propre pays et sensibilise sur le fossé entre riches et pauvres. Mais honnêtement, après avoir lu cette partie, je me suis demandée si cela valait la peine de continuer tellement je ne voyais pas l'intérêt du récit..

Deuxième histoire : le grand écart entre le fils, parti faire sa vie en occident et la famille restée sur place. le fils, malgré des réactions innées qu'il réprime vite (comme la surprise de voir une employée lui répondre), est ulcéré par la façon dont son père ose traiter les personnes qui sont à son service ( une petite fille qu'il envoie chercher des piles dans la fournaise et qui la traite pire qu'un animal car elle ne rapporte pas le bon modèle) . le fils a pour projet d'écrire un livre sur la cuisine, ou plutôt les cuisines indiennes et se rapproche de la cuisinière par ce biais. le fait de se dresser pour défendre les « inférieurs » fait exploser la relation père-fils. le fils ne s'intéresse pas qu'à la manière dont les employés travaillent mais il est concerné par les employés eux-mêmes, d'où ils viennent, leur parcours de vie, la manière dont ils vivent. Il va visiter le bidon-ville ou habite la cuisinière de ses parents et ira même rendre visite à sa famille, lors d'un voyage… dire que c'est une franche réussite serait un mensonge…

Troisième histoire : C'est la partie que j'ai le moins apprécié… mais quand il y a des mauvais comportements face à un animal, avec moi cela ne passe pas… Sous prétexte de faire d'un ourson un ours savant, qui se lève sur ses pattes arrière et se dandine en dansant, le pauvre animal est maltraité par son propriétaire qui essaie de le dresser pour en faire son gagne-pain. Je dois reconnaitre que des liens se tissent au final quand les deux partent sur les routes, que la complicité commence à s'installer et que des gestes timides mais tendres apparaissent : pour moi cela ne suffit pas …Méchanceté, maltraitance, violence conjugale, orgueil mal placé d'un homme qui devient fou de rage quand sa femme ramène de chez sa patronne des oeufs et de la nourriture pour leurs enfants qui meurent de faim… Déjà que même si ils sont bien traités les animaux savants… c'est limite… alors maltraités… Toutefois cette histoire a sa place dans le récit, et une fois encore la misère, les conditions sociales conduisent à prendre la route pour chercher de quoi faire vivre la famille.

Quatrième histoire : C'est le récit de la vie de la femme que l'on voit passer furtivement dans la deuxième histoire, l'autre employée, que la cuisinière déteste. Issue d'une famille pauvre et nombreuse, elle quitte son foyer toute jeune et, si au gré de ses placements comme domestique elle gagne de plus en plus d'argent, on notera qu'elle est aussi de plus en plus maltraitée par les gens chez qui elle travaille avant de se rebeller et de gagner sa liberté.
Sa vie résonne en parallèle avec celle de son amie d'enfance qui choisira un autre moyen de gagner sa liberté : elle rejoint le front de l'indépendance, la lutte pour la liberté, la guérilla maoïste, la clandestinité. J'ai trouvé ce personnage très intéressant et regretté de ne pas le suivre davantage.

Au final une étude sur les inégalités sociales, la misère, la douleur et la tristesse qui se dégagent des principaux personnages qui luttent pour leur survie et celle de leurs proches, l'obligation – et non le choix – de leur départ de chez eux, l'injustice, la maltraitance, la douleur … mais aussi l'importance de l'éducation et la route vers la liberté et l'indépendance. le livre met l'accent sur la différence de comportements entre Indiens et occidentaux ( pas de familiarité, pas de marques d'affection, de franchissement des la barrière des classes sociales) . le livre souligne aussi la différence entre les différentes religions qui cohabitent en Inde, l'école inutile pour les filles, la différence de traitement des personnes par la police selon le statut social…
Et un petit plus pour moi : il parle de la mythologie indienne
Lien : https://www.cathjack.ch/word..
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