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EAN : 9782371190771
304 pages
Piranha (22/08/2019)
4/5   10 notes
Résumé :
Un père décide de faire découvrir à son jeune fils de six ans son pays natal, l’Inde. Une femme, employée comme cuisinière à Mumbai, est animée par une ambition surprenante. Un villageois abandonne tout pour mener une vie de vagabond, accompagné d’un ours qu’il dresse pour gagner de quoi survivre. Une jeune fille fuit son village ravagé par la guérilla maoïste et trouve refuge dans une grande ville.

Les tentatives des personnages de ce roman pour écha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Au centre de ce roman, la société indienne et ses différences de castes, les inégalités entre ceux qui vivent dans la misère et ceux qui ont de l'argent, et aussi la vision sur l'Inde de ceux qui se sont expatriés et qui reviennent, avec le regard de l'étranger. Les personnages quittent tous leur lieu de naissance pour aller voir ailleurs, se libérer du joug de la famille, essayer de s'en sortir, s'échapper d'une manière ou d'une autre
Là ou il fait très fort c'est que quatre histoires apparemment sans lien apparent les unes avec les autres se recoupent et que l'on retrouve les personnages qui semblent des figurants dans les autres récits et/ou dans l'épilogue. Faites attention donc à ceux qui passent en arrière-plan, ils sont leur importance… l'homme qui tombe de son échafaudage en est un exemple…

Dans la première histoire : le grand écart entre le fils né américain et le père qui essaie de lui faire découvrir son pays d'origine, l'Inde. le fils de six ans n'est pas intéressé, l'homme ne se sent plus chez lui, il est devenu étranger dans son propre pays et sensibilise sur le fossé entre riches et pauvres. Mais honnêtement, après avoir lu cette partie, je me suis demandée si cela valait la peine de continuer tellement je ne voyais pas l'intérêt du récit..

Deuxième histoire : le grand écart entre le fils, parti faire sa vie en occident et la famille restée sur place. le fils, malgré des réactions innées qu'il réprime vite (comme la surprise de voir une employée lui répondre), est ulcéré par la façon dont son père ose traiter les personnes qui sont à son service ( une petite fille qu'il envoie chercher des piles dans la fournaise et qui la traite pire qu'un animal car elle ne rapporte pas le bon modèle) . le fils a pour projet d'écrire un livre sur la cuisine, ou plutôt les cuisines indiennes et se rapproche de la cuisinière par ce biais. le fait de se dresser pour défendre les « inférieurs » fait exploser la relation père-fils. le fils ne s'intéresse pas qu'à la manière dont les employés travaillent mais il est concerné par les employés eux-mêmes, d'où ils viennent, leur parcours de vie, la manière dont ils vivent. Il va visiter le bidon-ville ou habite la cuisinière de ses parents et ira même rendre visite à sa famille, lors d'un voyage… dire que c'est une franche réussite serait un mensonge…

Troisième histoire : C'est la partie que j'ai le moins apprécié… mais quand il y a des mauvais comportements face à un animal, avec moi cela ne passe pas… Sous prétexte de faire d'un ourson un ours savant, qui se lève sur ses pattes arrière et se dandine en dansant, le pauvre animal est maltraité par son propriétaire qui essaie de le dresser pour en faire son gagne-pain. Je dois reconnaitre que des liens se tissent au final quand les deux partent sur les routes, que la complicité commence à s'installer et que des gestes timides mais tendres apparaissent : pour moi cela ne suffit pas …Méchanceté, maltraitance, violence conjugale, orgueil mal placé d'un homme qui devient fou de rage quand sa femme ramène de chez sa patronne des oeufs et de la nourriture pour leurs enfants qui meurent de faim… Déjà que même si ils sont bien traités les animaux savants… c'est limite… alors maltraités… Toutefois cette histoire a sa place dans le récit, et une fois encore la misère, les conditions sociales conduisent à prendre la route pour chercher de quoi faire vivre la famille.

Quatrième histoire : C'est le récit de la vie de la femme que l'on voit passer furtivement dans la deuxième histoire, l'autre employée, que la cuisinière déteste. Issue d'une famille pauvre et nombreuse, elle quitte son foyer toute jeune et, si au gré de ses placements comme domestique elle gagne de plus en plus d'argent, on notera qu'elle est aussi de plus en plus maltraitée par les gens chez qui elle travaille avant de se rebeller et de gagner sa liberté.
Sa vie résonne en parallèle avec celle de son amie d'enfance qui choisira un autre moyen de gagner sa liberté : elle rejoint le front de l'indépendance, la lutte pour la liberté, la guérilla maoïste, la clandestinité. J'ai trouvé ce personnage très intéressant et regretté de ne pas le suivre davantage.

Au final une étude sur les inégalités sociales, la misère, la douleur et la tristesse qui se dégagent des principaux personnages qui luttent pour leur survie et celle de leurs proches, l'obligation – et non le choix – de leur départ de chez eux, l'injustice, la maltraitance, la douleur … mais aussi l'importance de l'éducation et la route vers la liberté et l'indépendance. le livre met l'accent sur la différence de comportements entre Indiens et occidentaux ( pas de familiarité, pas de marques d'affection, de franchissement des la barrière des classes sociales) . le livre souligne aussi la différence entre les différentes religions qui cohabitent en Inde, l'école inutile pour les filles, la différence de traitement des personnes par la police selon le statut social…
Et un petit plus pour moi : il parle de la mythologie indienne
Lien : https://www.cathjack.ch/word..
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Dans la quatrième de couverture, ce livre est décrit comme un roman. Je le considère comme une suite de nouvelles qui s'imbriquent car certains personnages se croisent, quoique brièvement et de manière ténue.
La première histoire est assez tragique. Je craignais que la suite soit aussi triste mais l'auteur a su varier ces thèmes : on passe aux récits de vie des domestiques d'une famille aisée bengali à un pauvre villageois qui essaie de dresser un ours.
L'auteur nous décrit le visage de l'Inde contemporaine : les inégalités sociales entre une minorité riche et la majorité pauvre qui vit dans des villages éloignées ou dans des bidonvilles, la pauvreté et la misère, le statut des femmes, les conditions de travail et de vie des domestiques etc.
Certaines situations donnent froid dans le dos mais c'est la réalité de beaucoup de gens à notre époque. Je trouve que le titre de ce livre est contradictoire avec ce qui est racontée : quelle liberté peut-on avoir quand on est sans ressources financières, illettré(e), ou même être née fille en Inde ? Comment sortir de la misère alors que les dés sont pipés dès la naissance ?
Le style d'écriture est agréable, doux et léger. Les descriptions sont belles et nous plongent dans l'ambiance dès les premières lignes. On a envie de goûter cette fameuse cuisine préparée par Renu.
Pour conclure, c'est un roman sur l'Inde contemporaine qui mérite le détour.
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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"À l'état libre" est un roman particulier, il est composé de 4 histoires que je considère comme des nouvelles qui s'entrecroisent (mais l'éditeur n'est pas d'accord avec moi XD et je pense que ce n'est qu'une question de formulation mais on s'est compris c'est le principal !).
La première partie est très triste et angoissante, presque comme si un voile surnaturel entourait toutes choses sans que ce soit vraiment le cas, mais les personnages sont touchants, le paysage est magnifique mais par contre la fin de cette première partie est très triste.

La seconde partie m'a moins plu, mais m'a tout de même accrochée, sans que je ressente la même ambiance que plus tôt. Pour la troisième partie, j'ai été simplement subjugué, c'est magique, magnifique, triste et beau à la fois, intense et cruel, mais je la relirai sans hésiter prochainement. La dernière partie est bien plus longue et est découpée en chapitre, mais je n'ai pas accroché malheureusement.

Toujours est t'il que rien que pour la première (sur un père qui fait visiter sont pays d'origine à son fils) et la troisième histoire (sur un ours dansant et son dompteur) j'ai passé des purs moments de bonheur comme je les aiment tant l'écriture est bien développée, les personnages sont attachants malgré leur caractère ou leurs défauts, et que nous voyageons littéralement comme les personnages. On se croirait dans ces rues, ces maisons, ces lieux mystiques le tout est parfait, d'une humanité extraordinaire et on le ressent dans l'écriture.

Les choix de vie, la liberté, la vie, la misère, l'exil et les racines sont au coeur de ce livre que je vous conseille de découvrir si vous aimez l'Inde ou les histoires de vie.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Après "Le Passé continu" et "La Vie des autres", "A l'état libre" est le troisième roman de l'auteur d'origine indienne Neel Mukherjee.

"A l'état libre" est un roman formé par plusieurs histoires, avec pour chacune son propre protagoniste. Neel Mukherjee nous offre un véritable voyage aux quatre coins de l'Inde, à la rencontre d'indiens de différentes classes sociales. Même si chacun des protagonistes évoluent dans un autre milieu, leur destin finira par croiser celui d'un autre, souvent inconscieusement. Comme il nous l'a prouvé dans ces précédents romans, Neel Mukherjee est un magicien de l'écriture et le lire est à chaque fois un véritable enchantement. "A l'état libre" est une superbe miniature indienne.

"A l'état libre" est un roman passionnant, lisez-le.


Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Des mendiants, estropiés et mutilés sous toutes formes, se matérialisèrent devant leurs yeux. De la supplique la plus simple, une main allant et venant à la bouche pour signifier la faim, à l’étalage hideux d’amputations et de bandages, et même un torse vivant dépourvu de membres, inerte sur une planche avec des roulettes – cette manifestation de la souffrance humaine extrême l’envahit d’horreur, de honte, de pitié, de gêne, de dégoût, et, par-dessus tout, du désir de protéger son fils de cet étalage de misères. Comment tous ces gens autour de lui pouvaient-ils sembler aussi aveugles et indifférents ? Ou ressentaient-ils les mêmes angoisses, au fond d’eux ? En vérité, il sentait qu’il n’était plus tout à fait indien ; en ayant construit sa vie dans le confort de l’Occident, il était devenu trop sensible, un social-démocrate couvé issu du premier monde. Il était désormais touriste dans son propre pays.
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L’éternelle difficulté de la rupture entre sa propre culture et celle de son fils surgit à nouveau, mais en filigrane. Il la repoussa assez facilement, et donna au gamin la réponse à la question qu’il avait lui-même posée, en lui lisant l’extrait d’un livre du XIXe siècle, que citait son guide : « Akbar jouait au pachisi de manière régalienne : la cour était divisée en carrés rouges et blancs représentant le plateau, tandis qu’une énorme pierre posée sur quatre pieds marquait le point central. C’est ici qu’Akbar et ses courtisans s’adonnaient à ce jeu ; seize jeunes esclaves du harem, aux couleurs des joueurs, servaient de pions et se déplaçaient vers les carrés en fonction du jet du dé. On raconte que l’empereur prenait un tel plaisir à ce jeu qu’il fit construire un pachisi dans chacun de ses palais. »
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Les lois du frigo sont universelles, peu importe la culture ou le continent : les choses y sont entreposées pour y être oubliées et dépérir lentement. Par contre, pas de nam pla dans notre frigo, même si, de toute façon, une bouteille non entamée n’aurait pas été rangée là. Je posai les questions habituelles : Qui avait rangé les courses, aujourd’hui ? Y avait-il une règle tacite pour ranger les choses ? (Bien sûr, qu’il y en avait une.) Et j’obtins les réponses auxquelles je m’attendais. Je regardai dans les placards sous le plan de travail, là où étaient rangés la farine, les pommes de terre et les oignons, et le mixeur aussi, la râpe à gingembre et le rouleau à pâtisserie, et même dans le placard réservé aux sacs en plastique et aux Tupperware : rien.
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Une rumeur court au sujet de leur mère, qui est morte peu de temps après leur avoir donné naissance. On dit que c’était une sorcière, et qu’elle avait des relations contre nature avec les animaux, ce qui expliquerait que les jumeaux ressemblent à des renards, avec leur gueule pointue.
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Quelque chose en moi céda : avec toute la colère froide que je pus contenir dans ma voix, je me tournai vers mon père et lui dis : « Tu n’as pas honte d’envoyer cette gamine dans la fournaise, puis de l’y renvoyer encore et encore et encore ? Elle n’a même pas eu le temps de boire ne serait-ce qu’une goutte d’eau… Et toi, toi le fier à bras, toi l’homme de bien, tu es resté là, tranquille, à donner des ordres à cette petite chose de rien du tout… »
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