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Critique de Melisende


Je suis pratiquement persuadée d'avoir déjà lu ce titre lorsque j'étais au collège car je connais cette illustration de couverture (ces Barbies installées sur le coin de la baignoire) depuis des années et je suis convaincue de l'avoir découverte aux alentours de 12 ou 13 ans… mais je ne me rappelais absolument plus de l'intrigue ! J'ai profité de la lecture commune organisée par Luthien sur Livraddict pour me replonger dans cette histoire. Oh, boy ! a beau être une relecture, comme je n'avais aucun souvenir de ma première découverte, j'ai tourné les pages avec un oeil complètement neuf, sans aucun a priori et sans aucune attente particulière.
J'ai commencé ma lecture dans le TGV mais j'ai préféré la stopper avant la dernière partie du texte (pleurer dans un lieu public c'est quand même assez gênant…), dernière partie que j'ai parcourue un peu plus tard, dans l'intimité de mon appartement. Je suis très rarement émue par mes lectures mais Marie-Aude Murail a réussi avec Oh, boy ! à me serrer le coeur plus d'une fois ! Alors même si un ou deux éléments m'ont chagrinée, je retiens avant tout l'émotion ressentie pendant cette lecture…

Ce qui m'a peut-être le plus gênée, c'est sans doute le côté assez caricatural/stéréotypé des personnages ; Barthélémy en premier. Marie-Aude Murail accentue à outrance son côté efféminé (il est gay), notamment dans sa façon de s'exprimer. C'est un peu… trop. de même avec Josiane, la demi-soeur de celui-ci, prête à tout pour adopter la petite Venise. C'est une vraie peau de vache qu'on déteste, du début à la fin. C'est dommage, j'aurais aimé qu'elle soit un peu plus que la « méchante » de l'histoire.
Côté fratrie Morlevent, Venise (5 ans) et Morgane (8 ans) ne m'ont pas particulièrement charmée. Ni la plus jeune avec ses boucles blondes, ses yeux pervenches et son franc-parler ; ni l'ainée avec ses oreilles décollées, sa précocité et sa réserve n'ont su me convaincre. Des trois enfants, c'est Siméon, 14 ans et surdoué, qui m'a le plus touchée. Evidemment, le drame qui le touche est encore plus « fort » que celui de ses deux soeurs, ce qui explique qu'il est plus mis en avant et donc peut-être plus émouvant… J'ai aimé son histoire, son courage et son évolution.
En parlant d'évolution, celle de Barthélemy est évidemment la plus marquée (contrairement à Josiane qui ne bouge pas d'un pouce) et voir ce jeune homme irresponsable et je-m'en-foutiste prendre les choses en main pour soutenir son demi-frère parachuté dans sa vie du jour au lendemain… c'est évidemment émouvant et marquant !
Un petit mot sur deux personnages secondaires que j'ai beaucoup aimés : Aimée, la voisine du dessus battue par son mari et le Docteur Mauvoisin, qui, malgré les apparences, s'attache à la fratrie Morlevent. Alors oui, ce sont deux personnages secondaires qu'on voit moins que les principaux (logique) mais qui marquent malgré tout (plus que la juge, à mon goût).

Dans Oh, boy !, Marie-Aude Murail rassemble de nombreux thèmes graves que les jeunes lecteurs n'affronteront peut-être pas dans leur vie (et tant mieux) mais qu'il est important de leur rappeler : la mort ou l'abandon des parents, le devenir des enfants orphelins ballotés de foyer en foyer ou d'un membre de la famille à un autre (souvent source de batailles juridiques), l'homosexualité et les réactions des gens à ce propos (un homosexuel peut-il avoir la garde de ses petits frères et soeurs ou est-il un mauvais exemple ?!), les femmes battues, la maladie (ici la leucémie) et tout ce qu'elle implique pour le malade et son entourage… Les thèmes sont graves, vous pouvez le constater par vous-mêmes et amènent souvent une petite larme, mais l'auteure parvient à ne pas faire sombrer son lecteur dans la déprime en plaçant quelques notes d'espoir de-ci de-là et un petit vent de fraîcheur bienvenu.
Malgré tout, tout n'est pas « tout est bien qui finit bien » comme on peut le regretter dans la plupart des romans jeunesses. En effet, la vie n'est pas rose et Marie-Aude Murail le souligne avec le titre de son seizième et dernier chapitre : « Où la maison Morlevent trouve un toit et où le lecteur doit admettre que la vie, c'est comme ça ». Ne pas tomber dans la facilité du « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants) est vraiment un point à souligner ici. Même s'il s'agit d'une fiction, ce dénouement très « réaliste » accentue le fait que cette histoire pourrait être le témoignage de n'importe qui.

Je n'ai pas parlé de la plume de Marie-Aude Murail, destinée aux plus jeunes mais également très agréable pour les adultes. A l'aide d'un point de vue omniscient, l'auteure passe d'un personnage et d'une scène à l'autre, offrant tous les détails à ses lecteurs. Elle ajoute également une dose d'humour et de passages très émouvants, rendant le récit riche et fluide.
Dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé, même si les répliques de Barthélemy m'ont parfois semblé un peu « too much » (c'est d'ailleurs à lui que l'on doit le « Oh, boy ! » utilisé pour le titre de l'ouvrage) !


Pour conclure. Voilà un court texte (un peu plus de 200 pages) qui revient sur des sujets graves de notre vie contemporaine. Malgré le côté dramatique de l'intrigue, Marie-Aude Murail parvient à insuffler un peu d'humour et de fraîcheur. Un beau témoignage de ce que peut être la vie : difficile, avec son lot de drames, mais aussi belle grâce à l'espoir, l'amour, la famille…
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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