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Critique de le_Bison


Une plage. Fuini allongée, belle, nue. le soleil fait fondre la glace de mon mojito. Face à moi la mer, immensité bleue, du même bleu que le maillot de Fuini avant qu'elle ne l'enlève. On regarde la mer, de temps en temps on se regarde dans les yeux. Au loin, une tâche marron, avec une grande cheminée rouge sur le rivage d'en face. Un temple ? Une usine ? Un incinérateur avec sa décharge d'immondices. Elle boit dans mon verre, dans mes yeux. Elle voit cette illumination qui me guette. Au loin, un bateau. Une baleine sur le pont ? Non, ça ressemble à un gros poisson, du genre jamais vu ou tellement rare que les marins en oublieraient de boire un coup avant d'entrer au port. Des ballons dans l'air. Ils s'envolent, points multicolores au milieu des blancs nuages. La fête au village d'en face. le bateau, le gros poisson, et cette foule de badauds qui s'amoncellent dans le centre-ville. Ça va être un carnage. Fuini me passe la seringue blanche. Cocaïne. Tu en as déjà pris ? Une goutte de sang rouge à mon bras. le liquide transparent qui rentre dans la veine, la goutte qui devient brun, les yeux qui jaillissent de leur orbite. Et cette fête à côté. Et cette décharge en face. Délirant, extrême, la puanteur qui remonte, le pus qui sort des pustules, ce sang qui coule, cette graisse de poisson qui glisse du pont et emporte les badauds amassés sur la place du village. le carnage, je te l'ai dit. Comme un bombardement. Comme un massacre. Les urgences sont dépassées, les infirmières en blouse blanche débordées. Et la cocaïne qui se distille lentement dans le sang, les yeux qui brillent. Fuini me regarde encore, toujours aussi belle, toujours aussi nue. Que voit-elle dedans ? Cette brillance, ces feux d'artifice qui jaillissent de mes pupilles, la guerre commence au-delà de la mer. Et je ne suis pas encore mort, je vais me réveiller, avec cette seringue toujours plantée dans le bras. Putain, quel shoot !

Cela faisait trop longtemps que je n'avais pas pris un tel shoot. Une cocaïne extra-pure qui t'embarque dans son monde de violence, la puissance des images qui te vomit à la face, les couleurs éclatantes qui t'obscurcissent le regard, les cris de la foule qui explosent tes tympans, ce vomi, cette puanteur, ces cadavres, ce chien à qui l'on enfonce dans le crane un pieu pendant qu'il sodomise une chienne ou une poule. le monde est fou, la guerre est au-delà de la mer, et moi je reste sur la plage. Qu'est-ce que je suis bien, qu'est-ce que c'est bon, qu'est-ce qu'elle est belle. Et ce soleil… Cette foule qui courre s'amoncelle crie tremble, de peur de colère de dégoût. Putain, quel bouquin !

Fin du roman. Lessivé mais heureux. Comme un orgasme. Jouissif. Une nouvelle dose ? de fous, de cadavres, d'insectes grouillants et visqueux, d'amputés et d'estropiés, de vieilles pustulées et de putes. de sang, de pourriture et de graisse. Une violence inouïe dans les images, cette décharge magnifique dans sa composition… Fin, la nuit s'abat sur la plage, je m'endors sur Fuini.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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