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Critique de gouelan


Dans la péninsule de Yamal un chaman de la tribu des Nenets découvre la sépulture d'une reine à la peau noire. Conservée sous le permafrost depuis des millénaires elle ressurgit là comme par miracle aux yeux de Noum. Il tient peut-être la clé pour empêcher l'exploitation gazière qui va bientôt défigurer son territoire d'une pureté encore préservée dans ce bout du monde de Sibérie.

Son ami français, zoologue, s'empresse de venir sur place avec deux autres scientifiques, l'une germano-japonaise, docteure en médecine légale, l'autre anthropologue, d'origine congolaise.
Ils sont compétents, ils ont des idéaux. Des rêves d'accomplissement personnel, de découverte scientifique, de sauvetage de la banquise en détresse, de révélation de l'histoire de la vie.
Mais face à eux, un ogre russe sans foi ni loi, sans l'ombre d'une pensée pour la préservation de l'environnement, fera tout pour leur mettre de bâtons de dynamite dans les roues de leur projet fantastique.

Au début j'ai pensé au roman La nuit des temps mais j'ai assez vite déchanté. Je n'ai pas été happée par le rêve millénaire venu de l'aube, mais plutôt ballotée par des scientifiques un peu fades, individualistes, ne sachant pas vraiment saisir l'opportunité de changer en profondeur, de se secouer, de s'oublier, de saisir la perche qui leur était tendue pour changer le cours de la vie, de tendre vers leur idéal.
Noun, le chaman Nenets, n'a malheureusement pas la trempe des anciens de sa tribu. Trop imbibé ou abîmé par son passé dans l'armée soviétique, il peine à retrouver la pureté de ses racines, la sagesse ancestrale.
Le mafieux russe n'en parlons pas…

L'histoire se perd dans une leçon sur l'écologie, sur l'environnement. Même la reine à la peau noire parle comme un professeur d'université face à ses élèves ou une journaliste d'un reportage sur les dangers de l'industrialisation sans frein. Il lui a manqué une aura fantastique, quelque chose qui nous bouscule, une image qui nous emporte ailleurs dans un temps oublié où la pensée serait autre, où les mots auraient un goût insoupçonné. On dirait que le temps ne s'est pas écoulé depuis sa mort.

Et puis la fin… je ne sais pas, comme coupée nette, comme déviée. Mais, pourquoi pas. Il y a aussi là un message. Peut-être celui que les hommes, aussi portés par les idéaux grandioses qu'ils soient, ne sont plus capables ni d'écouter le passé ni d'écouter le vivant pour préserver l'avenir. Alors les personnages du roman de Wilfried N'Sondé sont les anti-héros d'une histoire perdue d'avance.

La couverture est très belle et le titre envoûtant. Parfois les descriptions de la toundra, de l'éveil de la nature dans ce printemps glacé, l'évocation de ce peuple ami des rennes et gardien de la beauté du vivant m'ont donné l'espoir de m'évader, de trouver une aventure, un voyage. Plutôt déçue par les personnages qui ne sont pas à la hauteur dune telle aventure, comme si on avait choisi les mauvais acteurs, que leurs dialogues n'étaient pas tout à fait adaptés à la magie glacée, claire-obscure, à la spiritualité envoûtante, à l'imaginaire déraisonnable, perturbant. Mais, comme je l'écris plus haut, l'auteur avait peut-être une autre vision dans sa poche, une approche moderne, celle de la magie perdue.

Je remercie l'équipe de Babelio pour ce livre reçu dans le cadre du défi d'écriture.



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