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EAN : 9782330181895
272 pages
Actes Sud (23/08/2023)
3.05/5   132 notes
Résumé :
La sépulture d'une reine à la peau noire, qui dormait sous le permafrost depuis plus de dix mille ans, vient de se révéler à un chaman de la tribu des Nenets, dans la péninsule de Yamal. Les peuples de Sibérie auraient-ils des ancêtres venus d'Afrique ?

Décidé à utiliser sa découverte pour protéger un territoire naturel menacé par l'exploitation gazière, le chaman demande de l'aide à un scientifique français et ami, dans l'espoir que celui-ci saura mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
3,05

sur 132 notes
Rentrée littéraire 2021 #3

Aux confins de la Sibérie, dans la péninsule de Yamal, un chaman nenets trouve, après avoir été aspiré par un glissement de terrain, la sépulture d'une reine africaine ayant vécu il y a plus de 10.000 ans. Cette stupéfiante découverte provoque un antagonisme fondamental entre protection de l'environnement et l'appétit destructeur des industriels qui prévoient d'installer sur le site même une usine d'exploitation gazière.

L'idée de départ est magnifique, faisant écho à la découverte en 2018, sur l'île de Lolland au Danemark, d'un « chewing-gum préhistorique » : les chercheurs ont réussi à extraire un génome complet sur sa propriétaire, une jeune femme aux yeux bleus et à la peau noire. A partir de là, Wilfried N'Sondé se choisit un casting impeccable : le chaman Noum aidé d'un ami zoologue français, d'une docteure en médecine légale germano-japonaise et d'un anthropologue franco-congolais vs un homme d'affaire mafieux et son sbire. Les deux équipes se lancent dans une course poursuite pour mettre la main sur la sépulture, chacune avec des objectifs complètement antagonistes.

Ce que j'ai le plus apprécié dans cette lecture, c'est sa fraicheur assumée de roman d'aventures, avec des courses-poursuites, du suspense, des méchants, des gentils, sans pour autant que cela tombe dans un manichéisme lourdaud ( un peu quand même à certains moments ) car l'auteur prend la peine de caractériser ces personnages principaux en présentant leurs motivations, plus complexes que de prime à bord. Surtout lorsque le roman d'aventures se mue en conte ou parabole, finalement très premier degré, pour défendre des thèmes forts sur le respect de la nature et l'harmonie entre l'Homme et le vivant, tout en célébrant la solidarité pour sauver la planète, de l'Arctique à l'Afrique. On sent énormément de sincérité chez l'auteur, une vraie honnêteté intellectuelle dans la conduite de son récit, jusqu'à un dénouement qui n'était pas celui que j'attendais mais qui m'a touché par sa candeur optimiste.

Par contre, je n'ai pas du tout accroché avec les interactions sentimentales entre trois des personnages ( une histoire d'amour naissante et une passée pleine de ressentiment ) que j'ai trouvées vraiment plombantes pour le récit ( même si allégoriquement très satisfaisante ). Je trouve que le récit perdait en densité à ces moments-là alors que dès que l'auteur était sur l'aspect aventure, ça repartait. Mais ce qui m'a le plus manqué pour être totalement heureuse, c'est la magie. Quand je pense tombe mystérieuse, je pense à La Nuit des temps de Barjavel, ou plus récemment à le Dit du vivant, de Denis Drummond. J'attendais d'être totalement emportée par la voix de cette reine africaine qui communique avec ses alliées d'aujourd'hui. Je ne l'ai pas été malgré des épisodes de transe plutôt réussies, pas assez portée par une écriture presque trop terre-à-terre pour emmener vers le merveilleux alors que la communication entre les mondes visible et invisible sur fond d'animisme étant complètement dans le sujet. Moi, j'avais envie d'aller dans les étoiles avec un tel sujet.
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Dans la péninsule de Yamal un chaman de la tribu des Nenets découvre la sépulture d'une reine à la peau noire. Conservée sous le permafrost depuis des millénaires elle ressurgit là comme par miracle aux yeux de Noum. Il tient peut-être la clé pour empêcher l'exploitation gazière qui va bientôt défigurer son territoire d'une pureté encore préservée dans ce bout du monde de Sibérie.

Son ami français, zoologue, s'empresse de venir sur place avec deux autres scientifiques, l'une germano-japonaise, docteure en médecine légale, l'autre anthropologue, d'origine congolaise.
Ils sont compétents, ils ont des idéaux. Des rêves d'accomplissement personnel, de découverte scientifique, de sauvetage de la banquise en détresse, de révélation de l'histoire de la vie.
Mais face à eux, un ogre russe sans foi ni loi, sans l'ombre d'une pensée pour la préservation de l'environnement, fera tout pour leur mettre de bâtons de dynamite dans les roues de leur projet fantastique.

Au début j'ai pensé au roman La nuit des temps mais j'ai assez vite déchanté. Je n'ai pas été happée par le rêve millénaire venu de l'aube, mais plutôt ballotée par des scientifiques un peu fades, individualistes, ne sachant pas vraiment saisir l'opportunité de changer en profondeur, de se secouer, de s'oublier, de saisir la perche qui leur était tendue pour changer le cours de la vie, de tendre vers leur idéal.
Noun, le chaman Nenets, n'a malheureusement pas la trempe des anciens de sa tribu. Trop imbibé ou abîmé par son passé dans l'armée soviétique, il peine à retrouver la pureté de ses racines, la sagesse ancestrale.
Le mafieux russe n'en parlons pas…

L'histoire se perd dans une leçon sur l'écologie, sur l'environnement. Même la reine à la peau noire parle comme un professeur d'université face à ses élèves ou une journaliste d'un reportage sur les dangers de l'industrialisation sans frein. Il lui a manqué une aura fantastique, quelque chose qui nous bouscule, une image qui nous emporte ailleurs dans un temps oublié où la pensée serait autre, où les mots auraient un goût insoupçonné. On dirait que le temps ne s'est pas écoulé depuis sa mort.

Et puis la fin… je ne sais pas, comme coupée nette, comme déviée. Mais, pourquoi pas. Il y a aussi là un message. Peut-être celui que les hommes, aussi portés par les idéaux grandioses qu'ils soient, ne sont plus capables ni d'écouter le passé ni d'écouter le vivant pour préserver l'avenir. Alors les personnages du roman de Wilfried N'Sondé sont les anti-héros d'une histoire perdue d'avance.

La couverture est très belle et le titre envoûtant. Parfois les descriptions de la toundra, de l'éveil de la nature dans ce printemps glacé, l'évocation de ce peuple ami des rennes et gardien de la beauté du vivant m'ont donné l'espoir de m'évader, de trouver une aventure, un voyage. Plutôt déçue par les personnages qui ne sont pas à la hauteur dune telle aventure, comme si on avait choisi les mauvais acteurs, que leurs dialogues n'étaient pas tout à fait adaptés à la magie glacée, claire-obscure, à la spiritualité envoûtante, à l'imaginaire déraisonnable, perturbant. Mais, comme je l'écris plus haut, l'auteur avait peut-être une autre vision dans sa poche, une approche moderne, celle de la magie perdue.

Je remercie l'équipe de Babelio pour ce livre reçu dans le cadre du défi d'écriture.



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Quand les esprits de la terre envoient un message aux hommes qui la peuplent.
Avec Femme du ciel et des tempêtes, Wilfried N'Sondé, l'enfant de Brazzaville, nous propose un roman entre voyage initiatique et thriller au pays des ours blancs. Enfin, il n'y en a pas dans le livre, mais pour faire court, banquise, froid polaire, vous voyez le paysage. Faut quand même adopter la tenue adéquate avant de se lancer dans l'aventure.
Noum, Chaman de la tribu des Nenets, vient de tomber sur la sépulture d'une reine qui repose là depuis des milliers d'années.
Il pense que cette rencontre n'est pas fortuite et que cette femme, qui semble avoir des origines africaines, est là pour lui confier une mission.
La terre de ses ancêtres est convoitée pour une exploitation de ses sous-sols. On veut en extraire le gaz...
Pour essayer d'empêcher ça, Il fait appel à son ami, le scientifique français Laurent Joubert qui monte aussitôt une expédition.
Commence alors ce fameux voyage dont je parle plus haut qui va vite tourner au cauchemar.
De vilains russes (Eh oui, encore eux) vont tenter de faire disparaître toutes traces de cette découverte.
Un roman qui parle du rapport de l'homme à la nature, pas un hymne à l'écologie dans le sens excessif du terme, juste un appel au respect de notre planète.
À vouloir en exploiter les moindres ressources, où qu'elles se trouvent, ne conduisons-nous pas ce monde à sa perte ?
Un roman de la rentrée littéraire 2021.
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Livre sélectionné pour le prix Summer 2022 de la Fête du Livre de Bron.

Nous sommes au fin fond de la Sibérie où vient d'être découverte une sépulture apparue lors d'un glissement de terrain. Cette sépulture est d'autant plus intrigante que la reine est noire.
C'est l'occasion pour nous, lecteurs, de pénétrer au coeur de la « nuit ensoleillée » de la péninsule de Yamal, accompagné de Noum, un chaman de la tribu des Nenets.
La Nature est défendue, glorifiée, magnifiée tout au long de ce récit haletant.
Les Humains sont décrits comme de minuscules choses face à cette Nature omniprésente. Leurs qualités comme leurs défauts les serviront ou les desserviront selon les circonstances.
Le suspense se maintient jusqu'aux dernières pages.
Un agréable moment "glacial".
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Ça partait pourtant pas mal. Un chaman de la péninsule du Yamal en Sibérie découvre les ossements d'une reine africaine qui, par sa présence incongrue sur ces terres, remet en question toute l'histoire des peuplements humains.
Le chaman est l'ami d'un scientifique français qui vient l'aider à reconnaître sa découverte d'autant que l'existence d'une telle sépulture permettrait aux écolos du coin d'interdire la construction d'une usine à gaz. Sergueï, lui, n'est pas de cet avis. Sergueï est un méchant russe qui aime la vodka, les putes et les gazoducs.
Ce n'est pas moi qui suis caricaturale, ce sont les personnages : l'anthropologue à la peau noire + la doctoresse japonaise super canon + le quinqua paumé + le chaman ancien pilote d'hélicoptère de l'armée rouge + le neveu du chaman qui ne sait pas où il habite : au mieux, c'est une équipe de management façonnée par les nouvelles directives sur l'inclusion et la diversité ; au pire c'est le casting d'un nanar avec Stallone en tête d'affiche.
Au fil des chapitres, le récit se délite. La recherche de la reine s'embourbe dans la toundra, supplantée par un crush d'adolescents et des délires New Age. Autre défaut, le didactisme. J'apprécie qu'on m'explique mère Nature, la beauté des rennes, les dangers du progrès… Mais à force, j'ai l'impression que l'auteur me prend pour une teubê.
J'en suis arrivée à souhaiter un final idéaliste comme dans la forêt d'Émeraude (John Boorman), qui ne manquait pas de charme dans son genre. Même pas, ça finit en castagne. Ah, au fait, le méchant Sergueï meurt à la fin mais ça, vous vous en doutiez.
Bilan : 🔪
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La nature toute-puissante, avec son formidable désordre et ses lois insatiables, finirait par s'imposer. Le chaman devait se rappeler que, pour les peuples du Nord, depuis l'aube des temps, la Terre était féminine, nourricière et protectrice, elle seule enfantait, animait et protégeait l'esprit présent en tout ce qui existait. La Terre dessinait seule la mosaïque du vivant en une extraordinaire toile, où chaque élément, aussi anodin qu'il paraisse, trouvait sa place et sa raison d'être. Et même s'ils tendaient à l'oublier souvent, les humains, leurs créations petites ou grandes, leur technologie, l'ensemble de leurs agissements n'en représentaient qu'un liseré, mince et fragile, dérisoire, insignifiant.

p.90
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Avec le temps, il avait cessé de s'insurger contre ce qu'il nommait le simulacre d'amour de la nature de ceux qui, au lieu de respecter en tous lieux sa magie revigorante, de l'envisager mystérieuse, sauvage, libre de créer ses nuisances, préféraient lui imposer leur loi de manière arbitraire et violente, la plier à leurs exigences. Une attitude qui conduisait par exemple à défigurer les montagnes avec des lampadaires et des perches accrochées à des gros câbles en métal, afin que les touristes puissent descendre et remonter les pentes, même après la nuit tombée... Tout cela, rageait-il, pour permettre aux citadins nantis de retourner sur leur lieu de travail le teint hâlé durant les mois d'hiver, et de donner à leurs collègues la preuve qu'ils étaient en mesure de se payer des vacances à la neige.

p.104
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Ainsi avait débuté son initiation de chaman, avec l'acquisition d'une conscience qui donnait sa place aux leçons du passé pour comprendre le présent et envisager l'avenir. Une conception en contradiction avec la vision centrée sur les intérêts à court terme qui obsédaient la société dont il s'était éloigné. Il consacrait son temps à entrer en harmonie avec les entités invisibles mais agissantes de l'univers, en créant un lien entre les minéraux, l'ensemble du vivant - les végétaux, les animaux - et lui. Au souvenir des enseignements de son père et de ses grands-parents, il avait réappris à déchiffrer les secrets des plantes qui soulageaient les maladies, à décrypter la course complexe des astres pour s'orienter la nuit, à s'adapter aux caprices de la météo et à se familiariser avec la science des énergies qui animaient l'âme et le cœur des femmes et des hommes. En reconstituant en lui la mémoire de son peuple, il avait compris que la modernité ne s'intéressait qu'à une minuscule partie de l'humain, le réduisait à ses fonctions, à des tâches pratiques. Une conception qui ne le mesurait qu'à l'aune de son rendement économique, de son utilité, occultant ainsi les réflexions essentielles concernant ses sentiments, ses émotions et l'étendue de ses ressources spirituelles.
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Il s'était souvenu des mots de sa mère lui rappelant l'importance dans la vie des anciens Nenets des formes rondes comme la voûte céleste, les nids d'oiseaux, les courses de la lune et du soleil qui donnaient leur énergie à la vie, ou les cycles des saisons qui se succédaient et revenaient toujours là où elles avaient commencé.

p.183
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Et si, à partir de l'analyse méticuleuse de la dépouille préhistorique, elle entrevoyait un monde qui assimilait la compassion à un haut degré d'intelligence ? Une société qui pratiquait l'entraide autant que la solidarité, au point d'en faire les moteurs essentiels du maintien de la vie ? Parfois, au détour de ses réflexions, elle s'inquiétait de savoir si le système de la pensée des humains d'avant le Néolithique ne se montrerait pas imperméable à son propre entendement. Elle se reposait alors sur la foi dans l'universalité de la science.

p.117
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Vidéo de Wilfried N'Sondé
À l'occasion du Forum des libraires 2023, Sophie Charnavel, Directrice générale, présente la rentrée littéraire de Robert Laffont - @edrobertlaffont
0:00 Introduction 0:31 La Reine aux yeux de lune de Wilfried N'Sondé 0:47 La Danse des damnés de Kiran Millwood Hargrave 1:05 Les Petits Farceurs de Louis-Henri de la Rochefoucauld 1:30 Juliette d'Abd Al Malik 1:58 Proust, roman familial de Laure Murat 2:41 Comment aimer sa fille de Hila Blum
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