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Critique de Archie


Je viens de relire Feu Pâle, que j'avais découvert il y a 20 ans et qui m'avait fasciné. C'est un livre de Vladimir Nabokov, un romancier que je place au dessus de tous les autres et que ses admirateurs qualifient souvent de magicien, d'illusionniste ou d'enchanteur.
Ce livre, un roman, ne ressemble à aucun autre, en tout cas dans sa structure : il se présente comme une monographie consacrée à un long poème – 999 vers! –, comportant une introduction et 200 pages de notes de commentaires numérotées. Imaginez ma surprise quand j'avais ouvert et feuilleté le livre pour la première fois... Coup d'oeil à la page de couverture pour vérifier qu'il y avait bien inscrit : Feu Pâle, roman...

L'introduction – imprimée en italique! – m'étant apparue longue et rébarbative, je m'étais attaqué directement au poème. J'avais buté sur les 4 premiers vers :
C'était moi l'ombre du jaseur tué
Par l'azur trompeur de la vitre ;
C'était moi la tache de duvet cendré - et je
Survivais, poursuivais mon vol, dans le ciel réfléchi.
... 999 vers comme cela!... Ce n'était pas ce que j'avais envie de lire...

Déterminé à comprendre, j'avais repris consciencieusement l'introduction. Et là, il m'était apparu que cette introduction n'en est pas vraiment une. S'y dissimule le début d'une narration, laquelle trouve sa suite dans les notes de commentaires, notes dont il faut enchaîner la lecture sans trop se préoccuper du poème. L'histoire prend corps progressivement, comme un puzzle inattendu se construisant tout seul : un narrateur bizarre, un peu incohérent, raconte les aventures d'un roi (du genre roi d'opérette) en fuite à la suite d'une révolution dans son pays et sa traque par un tueur mandaté pour l'exécuter. Personnages caricaturaux et scènes cocasses, vrais-faux témoignages et mensonges par omission, digressions dont on ne mesure pas l'intérêt sur le moment et qui prennent tout leur sens 50 pages plus loin : à la fin du livre, quand toutes les pièces du puzzle sont assemblées, c'est l'enchantement ; la magie de Nabokov a opéré.
Aussitôt achevée, j'avais repris la lecture au début afin d'avoir une vision d'ensemble clarifiée de ce qu'il faut bien appeler un exercice de style parodiant certains ouvrages universitaires américains. Je voulais aussi repérer les signaux qui m'avaient échappé la première fois, mieux comprendre des passages qui m'avaient paru obscurs, bref, tenter de déceler les "trucs" du magicien Nabokov.

J'avais gardé un souvenir émerveillé de ce livre et je m'étais promis de le relire. Bien sur, la magie n'opère plus de la même façon quand on a déjà vu le spectacle et qu'on a démystifié la plupart des ficelles. Mais je reste fasciné par l'habileté de l'auteur.

Le relirai-je un jour à nouveau ? Pourquoi pas. Je découvre sur Internet que ce roman peu connu (une centaine de lecteurs sur Babelio, à comparer aux 27 000 lecteurs du Petit Prince) est considéré comme un ouvrage culte par quelques exégètes et que les actes, gestes et paroles des personnages font l'objet de multiples interprétations.
Et les 999 vers du poème doivent bien avoir du sens. Il faudra donc qu'un jour je m'y remette.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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