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Critique de Chantalame


On ne peut avoir que de l'admiration envers Mahmud Nasimi qui a quitté l'Afghanistan, son pays natal, en avril 2013, du jour au lendemain, sans rien emporter, et est arrivé à Paris en 2017 après avoir "traversé des frontières, des montagnes, des déserts… séjourné en prison". Être admiratif également devant cet écrivain qui ne connaissait pas un mot de français à son arrivée et qui, en découvrant le cimetière du Père Lachaise, a été saisi par le buste d'Honoré de Balzac et les tombes de nos grands écrivains.
La langue française, il l'a apprise, l'a savourée en plongeant dans notre littérature. "En découvrant la littérature française, ce jour où mes pas m'ont conduit au cimetière du Père Lachaise, j'ai soulevé le voile qui me cachait la beauté du monde". Et c'est dans la "belle langue française" qui lui était étrangère deux ans plus tôt, qu'il choisit d'écrire et de partager le récit de sa vie et de ses souvenirs.
Quelle délicatesse dans les souvenirs de sa famille, de sa mère, de sa fiancée. Il y a des pages magnifiques dans ce livre, certaines poignantes, d'autres poétiques, et même quelques unes d'une fraîcheur presque naïve pour un homme ayant connu l'exil, la galère de la rue, la solitude, l'indifférence, le rejet.
Mahmud Nasimi nous atteint en plein coeur et suspend notre souffle quand il décrit l'Afghanistan, son beau pays, dans une tirade de onze "Hier…" suivie du triste constat de plusieurs "Aujourd'hui…". Ce livre fait réfléchir. Il fait aussi prendre conscience de notre façon d'accueillir les courageux réfugiés, de notre manque d'humanité et de notre suffisance, et aussi de notre chance. Mahmud Nasimi ne porte aucun jugement, et pourtant il y a par moments de quoi avoir honte. Il aime la France, Paris, connaît tous nos auteurs, mieux que certains de nos lycéens ou étudiants, les classiques comme les contemporains, jusqu'à René Frégni, ce qui devrait réjouir ses fans Babeliotes qui, rien que pour cela, doivent absolument lire Un afghan à Paris. Il y a un homme et un auteur à accueillir avec bienveillance, un récit à découvrir sans tarder, et une préface d'Ayyam Sureau à ne surtout pas sauter.
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