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Critique de migdal


migdal
23 septembre 2023
Aguiché par la délicate critique de Sophie Songe, j'ai plongé dans L'envers des ombres, premier roman de Céline Navarre, qui embarque le lecteur des sournoiseries vosgiennes aux turpitudes germanopratines.

Lily parcourt avec la fleur au fusil les Vosges Saônoises (Luxeuil et les Mille étangs) … promenade bucolique dans les campagnes, les bois et les villages, au milieu d'une flore et d'une faune contemplées avec poésie et d'un peuple s'exprimant dans le savoureux patois Saint-Loupains. Ballade alternée avec ses déambulations parisiennes dans le quartier latin, la Rue Montorgueil, les bords de Seine et leurs bouquinistes, les maisons d'éditions et leurs annexes (bars, brasseries, et autre lieux où il faut être vu, sans se préoccuper d'être écouté). Ceci est joliment fleuri.

Les ombres de ses parents obscurcissent le décor : son père repose au cimetière communal, accidenté après une vie de labeur dans la sciure d'une usine produisant des panneaux d'agloméré ; sa mère est internée dans un hôpital psychiatrique. L'ombre d'un éditeur hante ses cauchemars.

L'envers des ombres, ce sont les accidents automobiles, les femmes battues, l'alcool et le tabac, la précarité des jeunes diplômés, les prédateurs sexuels qui permettent à la romancière d'armer son fusil et d'abattre d'un trait de plume ses adversaires.

Cécile Navarre ne se contente pas d'écouter, d'observer, de sentir et de comparer « je ne peux entrevoir la réalité qu'à travers les images de cinéma », elle dénonce, d'une écriture aiguisée et poétique, parfois caricaturale, souvent humoristique, les drames qui jalonnent l'existence. Enfance, adolescence, entrée dans la vie active, autant d'ombres avec leurs envers, qui éduquent et arment Lily.

« La vérité est si petite à dire, et le conditionnel, cette jolie grammaire de l'impuissance », conclut la romancière en signant un premier roman aussi évocateur que prometteur. Quel style !
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