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Critique de anhj


Ce livre est de ceux dont on regrette un peu de tourner la dernière page, mais dont on sait déjà qu'on pourra y retourner picorer un peu de plaisir, au hasard des chapitres. Ces chapitres sont en effet presque indépendants les uns des autres, même s'ils suivent plus ou moins une trame chronologique. Mais là n'est pas l'intérêt. Georges Navel nous narre sa vie de prolétaire, tour à tour ouvrier d'usine, terrassier, journalier. Il est avant tout un incroyable conteur, qui nous fait partager tout à la fois les difficultés de cette vie et son émerveillement devant la nature, la maîtrise du geste, le monde. le livre n'est pas militant, et il n'en est que plus fort lorsqu'au détour d'une phrase sont évoqués avec pudeur le chef de chantier peau de vache, le patron grippe-sou, mais aussi la solidarité de ceux qui n'ont rien. J'ai particulièrement apprécié le chapitre sur les terrassiers, hymne à la liberté qui ne cache rien de ce qu'elle coûte : liberté rime souvent avec pauvreté en ces années trente. Enfin, toujours par petites touches, Georges Navel se fait parfois philosophe, et aborde l'importance de l'attention, du geste juste, la valeur de l'émerveillement, et une vision du bonheur que n'auraient renié ni Épicure, ni Lucrèce lorsqu'il se déclare "heureux comme le sont les bêtes (...) lorsque la faim ne les tourmente pas et que tout cause de douleur est absente". Georges Navel nous offre un bel exemple de frugalité, de simplicité et d'humanité, sans lourdeur, et dans des pages d'une grande beauté. Merci, Monsieur Navel.
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