AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de amardouboune


« C'est quoi aimer, mon pauvre ? Rien. Ce qui compte, c'est jouir. » (page 136)
Lui, Karim, étudiant puceau puis journaliste dont la bite - l'autrice qui à un moment se réfère « Au jardin parfumé » (manuel d'érotologie) de Cheikh Nefzaoui aurait pu faire l'effort de nous gratifier des multiples noms attribués aux attributs sexuels féminins et masculins recensés dans ce manuel, on se contente de bite et de con – tourneboule les sens des femmes françaises qui gravitent autour de lui, comme si les bites arabes échappaient à la variabilité dimensionnelle de cet appendice érectile plus souvent flasque que turgescent. « On n'entre jamais dans le monde des femmes. On tourne autour, c'est tout. » (page 52) Lui, Karim, finit par être tourneboulé par Malika qui lui balance : « Arrête avec tes mots, ta poésie tourne à vide, parce que c'est celle-là même qui, chez tes frères, enferme les femmes derrière les murs. Vos femmes ? Vous les aimez à condition qu'elles n'aiment que vous, qu'elles ne voient que vous ; quelles ne baisent qu'avec vous ! Vous volez leur âme en les berçant avec de stupides promesses. Vous les aimez à condition qu'elles n'existent pas. Et moi, je veux exister. Compris, l'Arabe ! Quelqu'un t'a déjà dit que tu ne sais pas faire l'amour ? Tu baises, tu baises, mais, en fin de compte, t'es toujours puceau. » (page 159)
Elle, Badra, berbère (l'antique distinction qui repose sur du vide entre la femme berbère libre et non voilée et la femme arabe asservie aux mâles et voilée) dans un village de l'Atlas, après un passage prostitutionnel à Tanger et des moments saphiques, buvant de l'armagnac, vivant en marge tout en étant dedans. Elle, Badra, plus âgée que lui, Karim, s'exprime en italique et indiquera à lui, Karim, le chemin de l'amour. « Tu voulais l'impressionner par tes prouesses sexuelles et tu n'entendais pas la seule chose qu'elle voulait te dire, qu'une femme n'est pas un corps, qu'une femme n'est pas qu'un cul. C'est une éternité, h'bibi, une éternité ! Et moi, je crois comme elle que la vraie défaite des Arabes, c'est de n'avoir pas su aimer convenablement leurs femmes. Aimer sans posséder. Aimer et laisser libre. Aimer et écouter leur corps, leur souffle, le désir qui éclot sous leur peau, leur silence. C'est ça qui lui fut insoutenable devant les images de Bagdad, ville-femme criblée de missiles et de bombes !
Vois-tu, Karim, la sainteté n'est pas de mourir kamikaze, c'est de se coucher sur le corps de Malika, d'écouter battre son coeur et le tien dans l'interférence du monde. C'est de prier, si tu en as envie, et de remercier Dieu pour la goutte d'eau et la bête dans le pâturage, pour la graine qui nourrit et l'aube qui se lève. Mais c'est mensonge et parjure de croire aimer en voulant ressusciter les gloires d'antan. Et c'est blasphémer que de penser échapper au tragique de sa condition en invoquant des versets ! » (page 196)
Ce type de texte malgré les faiblesses d'écriture (érotisme cru tangentant la pornographie molle – ici, au-delà de la dose de sexe minimale drainant le non-lecteur vers un livre) reste salvateur mais le lectorat atteint est-il le lectorat concerné ? Nedjma est dans la caracole au sens chevalin du terme avec des piques acérées à visée « philosophique » qui forment de petites ondulations dans le sable rapidement aplanies par le chergui.
Enfin la translittération de l'arabe en caractères latins me semble aléatoire, chez moi au Tadla, « dibb » avec un seul « b » est un loup, l'ours se disant « dobb ».
Commenter  J’apprécie          00







{* *}