AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur D'ambre et de soie (15)

Tu voulais l’impressionner par tes prouesses sexuelles et tu n’entendais pas la seule chose qu’elle voulait te dire, qu’une femme n’est pas un corps, qu’une femme n’est pas qu’un cul. C’est une éternité, h’bibi, une éternité ! Et moi, je crois comme elle que la vraie défaite des Arabes, c’est de n’avoir pas su aimer convenablement leurs femmes. Aimer sans posséder. Aimer et laisser libre. Aimer et écouter leur corps, leur souffle, le désir qui éclot sous leur peau, leur silence. C’est ça qui lui fut insoutenable devant les images de Bagdad, ville-femme criblée de missiles et de bombes ! Vois-tu, Karim, la sainteté n’est pas de mourir kamikaze, c’est de se coucher sur le corps de Malika, d’écouter battre son cœur et le tien dans l’interférence du monde. C’est de prier, si tu en as envie, et de remercier Dieu pour la goutte d’eau et la bête dans le pâturage, pour la graine qui nourrit et l’aube qui se lève. Mais c’est mensonge et parjure de croire aimer en voulant ressusciter les gloires d’antan. Et c’est blasphémer que de penser échapper au tragique de sa condition en invoquant des versets !
Commenter  J’apprécie          10
Tu es un fabulateur, qui vit l’amour en décalage de dix siècles, tu es archaïque, ce n’est pas parce que tu as baisé mille nanas que tu vas m’impressionner. Arrête avec tes mots, ta poésie tourne à vide, parce que c’est celle-là même qui, chez tes frères, enferme les femmes derrière les murs. Vos femmes ? Vous les aimez à condition qu’elles n’aiment que vous, qu’elles ne voient que vous, qu’elles ne baisent qu’avec vous ! Vous volez leur âme en les berçant avec de stupides promesses. Vous les aimez à condition qu’elles n’existent pas. Et moi, je veux exister.
Commenter  J’apprécie          11
Elle est ma terre comme je suis son insupportable coquelicot.
Commenter  J’apprécie          10
Sous les doigts de mon amant, je devenais une harpe, un lotus flottant, une étoile parmi d’autres. Driss faisait des miracles sur ma peau, un immense brasier d’amour où je me tenais debout, à ses côtés, à crier : « Dehors les hypocrites ! Dehors les bigots qui préfèrent les marabouts aux prophètes, les transes aux prières et les incantations aux versets ! Dehors les boucs et les imams aux pieds fourchus ! Bienvenue à Dieu, aux blés et aux oliviers. Bienvenue aux cœurs transis d’amour et aux culs purifiés à l’eau bénite des étoiles ! »
Commenter  J’apprécie          10
Je suis revenue étrangère à l’utérus qui m’a conçue.
Commenter  J’apprécie          00
Et tu sais quoi, Imchouk ? C’est peut-être mieux ainsi. Car tes femmes à la chair aussi blanche que tes neiges éternelles ont donné à l’Arabe ces enfants à l’âme infinie et droite qui ont bâti des savoirs que les Roumis se sont attribués, des villes qui filent en calligraphies codées. Tu as même fait Mexico et cette Amérique que les Roumis disent latine alors qu’elle n’est qu’andalouse et dont il suffit de regarder le fer forgé, les jets d’eau et les patios, dont il suffit de goûter le pain et les femmes, dont il suffit d’entendre les lamentos pour se convaincre qu’elle est toi, multipliée et bigarrée, foisonnante et métissée, si lointaine et si cousine, fruit d’un autre temps et d’un autre monde, mais aussi têtue que tes mules au poil hérissé.
Commenter  J’apprécie          00
deux saules pleureurs joignaient leurs branches en couple solitaire. Chaque fois que je les voyais de la fenêtre, je me sentais triste et perdu. Je n’arrivais pas à me faire à cet arbre au nom tout en larmes.
Commenter  J’apprécie          00
Je m’abîme à le détailler pendant qu’il parle. Il n’est ni spécialement beau ni laid. Il est bien bâti, mais quelque chose de fragile et de poignant fend son armure. Non, ce ne sont pas ses yeux, même s’ils semblent un refuge pour la nuit. Ce n’est pas son front pâle ni ses joues creuses, ni le sourire amer de celui qui n’a pas su aimer. Ce sont ses mains. Ses mains effilées et délicates qui ne cessent de frapper sur un coin de sa poitrine où gît une profonde blessure.
Commenter  J’apprécie          00
Pourquoi est-ce que vous êtes tout le temps en colère ?

J’ai répondu que je suis ainsi faite. Je me réveille dans la colère et m’endors dans les serments de vengeance. Je trimbale en moi une boule de feu constamment attisée par le refus d’accepter le monde tel qu’il est, c’est-à-dire injuste et bancal, peuplé de créatures faites de matière fruste et brutale, appelées à finir dans une fosse septique.
Commenter  J’apprécie          00
Depuis que j’ai installé la parabole sur le toit, j’ai découvert la faune humaine que le destin a mise sur mon chemin comme autant d’embûches ou panneaux d’indication. Comparée à la vie qui se déroule et s’écoule en pisse et pus à chaque coin de rue, la télévision m’a paru insipide et contrefaite.
J’ai fait bon cœur contre mauvaise fortune et je me suis forcée à voir encore et j’en fus édifiée : toujours la même procession invraisemblable où tout le monde ressemble à tout le monde, fardés et déguisés, souriants, cabotins, faussement indignés, outrageusement faux-culs, se trouvant intelligents, se jugeant compétents, mouches du coche prises dans la toile d’une gigantesque araignée, tel Janus, à deux visages, l’un s’appelant Argent, l’autre Pouvoir, rapaces refaits au bistouri, immortels devisant gaiement de la fin du monde, bibelots de plateaux télévisés qu’on pourrait vider dans la première poubelle rencontrée.

La télévision n’a fait que me livrer la merde du monde emballée dans du papier crépon, enguirlandée de fil argenté.
J’ai arrêté de zapper et me suis branchée définitivement sur les chaînes françaises, croyant avoir trouvé ma station, mon rang, mon rôle et ma partition. Peut-être aussi la patrie de l’Immigré.
Au lieu de quoi, j’ai vu rouge et j’ai envoyé valdinguer le Modigliani que Driss chérissait et que j’ai appris à aimer par la force de l’habitude. Il a fallu que ce soit la France qui me sorte de mes gonds. J’avais tout supporté de ses France 2, 3, RFO, LCI, Canal+ sans broncher, mais quand j’ai vu comment ils traitaient les Arabes, je suis devenue folle de rage.
J’ai beau vivre dans le trou du cul de la terre, je comprends assez le français pour me rebiffer quand des Français prétendent me prendre de haut et me traiter en essuie-pieds.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (21) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Petit quiz sur la littérature arabe

    Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

    Gibran Khalil Gibran
    Al-Mutannabbi
    Naghib Mahfouz
    Adonis

    7 questions
    66 lecteurs ont répondu
    Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}