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Critique de isabellelemest


Ce roman posthume, conservé par miracle sur de petits carnets, après la déportation de l'écrivaine en 1942, ne fut publié qu'en 2004. Divisé en deux parties, Tempête en juin et Dolce, alors que l'auteur en prévoyait cinq, il représente un témoignage de première main sur l'exode de juin 1940 et la première année de l'Occupation dans un petit bourg du Morvan.
L'évocation de l'exode, du chaos, de la panique, de la débandade, met surtout en scène les milieux bourgeois catholiques et artistes de la capitale, désireux de se sauver, eux-mêmes, les leurs et leurs argent, leurs objets les plus précieux et souvent dérisoires. D'une plume féroce et impitoyable de causticité, l'auteur met à nu l'égoïsme sauvage, le chacun pour soi, le craquellement du vernis des apparences, l'absence de solidarité et d'humanité de ces grands bourgeois, qui n'ont que morale chrétienne à la bouche mais mépris et peur dans le coeur. Une peinture décapante, une ironie amère, contrastant avec la paix et la beauté de la nature en juin, décrite avec une maîtrise et une sensibilité remarquables. Mais la guerre ne fait pas de cadeaux, et la mort vient frapper, indifférente, ceux qui s'y attendent le moins.
La seconde partie, Dolce, moins haletante, met en scène l'Occupation et ses troupes fraîches et joyeuses, qui s'efforcent de se faire accepter des habitants, dans un petit bourg de province, avec en particulier le rapprochement impossible entre une officier allemand cultivé et musicien et une jeune femme, malheureuse en ménage, dont le mari est prisonnier. de quel oeil regarder l'occupant : comme l'ennemi, aussi dangereux qu'un fauve apprivoisé, ou en pensant "ce sont des hommes comme les autres" ? de très fines nuances de sentiments et d'atmosphère sont ainsi analysées avec une grande justesse.
Un livre remarquable où se mêlent satire et peinture des nuances, force et subtilité, pour y atteindre au chef-d'oeuvre.
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