AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de dannso


Huong vit seule avec sa grand-mère dans un Vietnam déchiré par la guerre. Dans une scène d'introduction prenante, elle échappe de peu à un bombardement. Les auteurs du bombardement sont les américains. Plus tard ce seront les vietnamiens entre eux qui s'entretueront. Avant, cela avait été les japonais. Et, entre deux périodes de guerre, la Grande Famine, la réforme agraire, rééducation, embrigadement, déni de liberté, pauvreté vont faire de ce pays un lieu où le bonheur sera difficile à trouver pendant plusieurs décennies.
L'auteure va évoquer l'histoire de ce pays à travers le destin d'une famille, sur plusieurs générations. le personnage principal en est la grand-mère de Huong. Née dans une riche famille du centre du pays, elle va devoir faire face à de nombreux revers et échappera de peu à la mort plusieurs fois. Ses enfants ne seront pas épargnés non plus, tous touchés par la guerre et par la division du Vietnam. C'est sa petite fille qui raconte.
J'ai beaucoup aimé en apprendre plus sur l'histoire de ce pays, vue de l'intérieur. Même si l'histoire en elle-même n'est pas très originale - j'ai déjà lu des scénarios proches dans des contextes différents - , l'intérêt principal de ce récit pour moi a été de mieux comprendre l'histoire récente du Vietnam racontée par une vietnamienne.
J'ai cependant regretté l'usage de la double temporalité. Les chapitres du livres racontent tour à tour l'histoire de la grand-mère des années 30 à la fin des années 60, et l'histoire actuelle de la famille qui va se reconstituer peu à peu autour de Huong et de sa grand-mère de 72 à 80. Ce procédé que j'apprécie quand il est utilisé à bon escient m'a ici semblé parfois un peu artificiel. J'ai parfois eu du mal à resituer les évènements en passant d'une époque à l'autre, m'obligeant à revenir en arrière (Avoir lu ce livre dans une version non corrigée ne comportant pas de table de matières n'a pas aidé sur ce point – j'ai pensé un peu tard à l'écrire). Autant le premier retour en arrière m'a paru fluide, la grand-mère racontant à sa petite fille sa vie passée, autant les suivants m'ont perturbée.
Ce qui a rendu cette lecture un peu compliquée aussi pour moi, c'est mon manque de familiarité avec les prénoms vietnamiens. J'oubliais d'un passage à l'autre qui était qui, si cette personne était un homme ou une femme, et le passage d'une époque à une autre à chaque chapitre ne m'a pas aidée sur ce point. Heureusement, un arbre généalogique situé en début de livre permettait de s'y retrouver. J'ai regretté dans le même ordre d'idées l'absence d'une carte qui m'aurait permis de mieux situer les différents évènements, en particulier de mieux comprendre ce qu'avaient dû endurer certains membres de la famille dans les différentes marches évoquées dans le livre.
Le personnage de la grand-mère est la cheville de ce livre. Elle est celle qui va lutter, qui n'abandonnera jamais, qui saura se relever à chaque fois et pourtant les drames qui vont l'affecter sont nombreux. L'auteure a voulu évoquer tous les moments sombres vécus par le Vietnam et cette femme va y être confrontée, à chaque fois. Cela fait vraiment beaucoup pour une seule femme, mais peut-être est-ce réellement arrivé à certaines familles. Cette femme est une femme libre, refusant de renoncer, sachant prendre des risques, dénonçant la propagande et l'embrigadement du régime communiste, assurant la survie financière de sa famille.
Une lecture intéressante par la réalité historique et par le message transmis par l'auteur : renonçons à la guerre, renonçons à la haine, message résumé par les paroles d'un des oncles de Huong :
« Depuis le début, je haïssais les Américains et leurs alliés. Je les haïssais à cause des bombes qu'ils larguaient sur notre peuple, à cause des civils innocents qu'ils tuaient. Mais à partir de ce moment-là, c'est la guerre que j'ai haïe. »
Lu en juin dans le cadre du jury du prix Fnac (le dernier)
Commenter  J’apprécie          626



Ont apprécié cette critique (60)voir plus




{* *}