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Critique de Analire


54 minutes peuvent suffire pour changer une vie à jamais. Les élèves de l'école d'Opportunity, en Alabama, en savent quelque chose. Ils ont retenus leur souffle pendant 54 minutes, et nous pendant 300 pages. Tout se déroule à la fois trop vite et trop doucement. Alors que la directrice de l'établissement scolaire était en plein discours de rentrée, un jeune homme fait irruption dans l'amphithéâtre où tous les élèves et enseignants sont enfermés, et tire sur la foule. Devant nos yeux de témoins impuissants, se déroule une véritable tuerie de masse. Anarchie, cris, larmes, désarrois, incompréhension, horreur, sang, peur… sont autant de mots qui résument à eux seul l'atmosphère qui règne alors dans l'amphithéâtre.

Dès le début, le lecteur est prit de court et se retrouve plongé au coeur de ce tourbillon infernal. On a le souffle coupé, tant l'horreur de la situation nous glace. Rajoutez à cela un rythme effréné, dû notamment à la fragmentation des points de vue de chaque protagoniste, qui explique la scène vue sous son angle, ce qui donne encore plus de dynamisme à l'histoire.

Tous les personnages sont touchants, dans leur manière d'être et de réagir face à la tuerie. Autumn, la soeur jumelle du tueur, totalement impuissante et désarçonnée par les actes de son frère, elle va tout tenter pour le raisonner. Sylvia, alias Sylv, la petite amie de Autumn et ennemie du tueur, veut protéger à tout prix Autumn de tout danger. Kevin, le frère de Autumn et ennemi public du tueur, est sans doute le personnage le plus chevaleresque du récit, puisqu'il n'hésite pas à entrer dans l'arène pour sauver le plus d'élèves possible. Claire, l'ex-petite amie du tueur, mais surtout Kevin, le frère De Claire, sont des êtres fragiles et attendrissants, qui m'ont beaucoup touchés. Tous sont liées ou ont été liées au tueur. Malgré cela, ils n'arrivent pas à comprendre son geste, et se retrouvent tous à sa merci. On ressent avec encore plus de densité l'insignifiance de la vie humaine.

Bien évidemment, on ne peut éviter de faire un lien entre cette fiction et l'actualité de ces dernières années. Les fusillades sont devenues des tragédies des temps modernes, qui hérissent les poils et terrifient. Sans nul doute, Marieke Nijkamp a sans doute voulue rebondir sur l'horrible actualité qui ponctue trop souvent nos journées. Mais elle cherchait aussi à nous questionner sur les raisons qui ont pu pousser ce genre de personne à en arriver à de telles extrêmes. L'isolement, l'inimitié, le rejet… peuvent-ils justifier le pire ?

54 minutes, c'est une tragédie des temps modernes, qui surfe avec habilité sur l'actualité. Un roman dynamique et captivant, qui ne laisse pas indifférent.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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