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Critique de Presence


Il s'agit d'une minisérie en 6 épisodes initialement parue en 2010 ; elle constitue un crossover entre les X-Files et 30 Days of Night (comme son titre l'indique).

Près de Wainwright, en Alaska, un chauffeur conduit un chasse-neige pour rétablir la viabilité des routes. Non loin, un conducteur de camions de marchandises (un de ses énormes trucks américains) se fait agresser par une créature trop rapide pour être aperçue. le premier chauffeur arrive à un endroit de la route où plusieurs trucks sont dans les bas-côtés, éventrés, portières arrachées. Il finit par découvrir un totem immonde où sont agglomérés plusieurs cadavres soudés entre eux par le froid, les têtes arrachées ayant été regroupées en tas plus loin. Il ne faut pas longtemps avant que le FBI ne dépêche ses agents spécialisés en enquêtes sur des crimes sortant de l'ordinaire. Mais une autre équipe du FBI est déjà à l'action, avec à sa tête un collègue de promotion de Mulder. Et il n'y a pas de bonnes vibrations entre eux deux. Scully et Mulder vont essayer d'établir les faits.

Le scénario de cette rencontre de 2 séries différentes est concocté par Steve Niles (le créateur de la série "30 days of night") et Adam Jones (le guitariste de Tool). L'amateur des X-files retrouve plusieurs éléments spécifiques de cette série, à commencer par les titres à la machine à écrire qui situent l'action. Dana Scully ressemble vraiment à Gillian Anderson, Fox Mulder dispose d'une ressemblance acceptable avec David Duchovny. Mulder se conforme à son profil psychologique : il sait qu'il existe des phénomènes qui défient l'entendement, et les scénaristes ramènent une de ses habitudes les plus stressantes : citer des faits divers inexpliqués inconnus de tout le monde et horribles de préférence. Scully est égale à elle-même : elle apporte l'approche rationnelle qui permet de faire le tour de la question avant de se lancer dans des élucubrations ébouriffantes. La mythologie concernent les incidents de Barrow est respectée, ce qui n'a rien de surprenant vue la présence de Steve Niles.

L'ensemble de l'histoire est illustré par Tom Mandrake, un vétéran des comics et un habitué des récits d'horreur. Il fournit des dessins avec un bon niveau de détails. Certaines images font parfois penser à du Gene Colan, en moins vif et moins évocateur. D'un certain coté, il se révèle plutôt adroit car il sait ne pas trop en montrer pour maintenir l'angoisse de ce qui peut se tapir des les ombres ou l'obscurité. Les personnages secondaires se reconnaissent assez aisément et les décors sont assez travaillés pour ne pas être passepartout. Toutefois, il éprouve quelques difficultés à rendre intéressant les grandes surfaces enneigées d'Alaska, ce qui plombe quelques pages. Il a du mal à faire croire aux tenues vestimentaires des protagonistes. Wainwright est situé à l'extrême nord de l'Alaska et les températures peuvent y descendre jusqu'à -49°C. Même si l'histoire ne se déroule pas au milieu de l'hiver, il est souvent déconcertant de constater que seuls Scully et Mulder ne portent jamais de bonnet ou de capuche, comme s'ils étaient insensibles au froid. de la même manière, quand Mulder se met à courir dans une pente enneigée en chaussures de ville, le lecteur a du mal à y croire. Il y a aussi la double page avec le brise-glace dont la perspective laisse songeur.

Donc Scully et Mulder sont appelés à la rescousse pour démêler une tuerie qui sort de l'ordinaire. À partir de là, 2 possibilités. Premier cas, le lecteur n'a jamais entendu parler de Barrow et de sa faune, il y a peut être un suspense quant à la nature des êtres surnaturels impliqués, et encore je n'en suis pas sûr. Deuxième cas, le lecteur connaît déjà la nature des meurtriers, et là il n'y a plus beaucoup de suspense, si ce n'est de savoir ce que les scénaristes vont bien pouvoir raconter en dehors de la traque et de la mise à mort. Il se trouve que Niles et Jones ont effectivement introduit un deuxième ressort dramatique qui étoffe l'intrigue. Malheureusement cette intrigue supplémentaire n'est pas très accrocheuse faute d'être approfondie, et elle est résolue de manière très basique. Pire encore, ils n'hésitent pas à avoir recours à un deus ex machina impossible à avaler (une arme bien pratique) pour redonner l'avantage à Scully. Ce n'est pas que l'ensemble soit franchement mauvais, c'est que les scénaristes ont bien du mal à établir un mystère intéressant, ou un enjeu qui introduit un véritable suspense.

Ce crossover se laisse lire, il n'est pas franchement mauvais, mais il n'arrive pas à dépasser le stade de l'anecdote, ou à raviver l'empathie que le lecteur éprouve pour Scully et Mulder s'il connaît déjà ces personnages.
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