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Critique de CaroGalmard


Le thème du nazisme et ses ravages semble infini. Parce que son horreur est infinie. Je suis toutefois admirative de ces auteurs qui s'y frottent, armés de toute leur humanité, leur délicatesse et leur détermination à exprimer différemment ce qui a déjà été exprimé, mettre en lumière une facette laissée dans l'ombre jusqu'à présent.
Ce roman fait un peu écho à celui d'Anne Berest : La Carte postale. Comment les descendants retrouvent des morceaux du passé entre ceux qui n'ont pas voulu voir, qui se sont arrangés avec la réalité pour soulager leur conscience ternie, et ceux qui ont tout tenté.
Là tout se passe en Allemagne, aux archives Arolsen. J'ai été fascinée et extrêmement rassurée humainement parlant, de découvrir que ces archives existaient pour de vrai. Que dans ce monde qui va vite, on prenne encore le temps des dizaines d'années après, de tenter d'apporter des bribes d'informations sur des gens dont le nazisme a tragiquement bouleversé la vie. Je suis convaincue que le traumatisme de la Shoah est inscrit dans les gènes des descendants des survivants. Ils portent le chromosome H comme Holocauste. Pour avoir croisé une survivante d'Auschwitz il y a quelques années, j'ai été frappée par la lumière et la douceur de sa présence. Cette rencontre a été extrêmement marquante, car il était difficile de superposer le bonheur, l'amour et le confort actuel dans lequel elle vivait, avec l'horreur des camps. Alors j'imagine à peine la force de caractère qu'il a fallu pour avancer vers la vie lestée du poids de cette période funeste.
Pour ce qui est du roman qui nous intéresse, nous marchons dans les pas d'une enquêtrice qui tente de redonner des objets aux descendants, et de restituer aux familles des vérités longtemps cherchées ou évitées. On y apprend quelques passages de l'Histoire dans le guetto, dans les camps. On y touche du doigt la difficulté pour le peuple allemand, de vivre avec l'ombre de ces horreurs perpétrées sur leurs sols et par certains des leurs. L'après-guerre a remélangé tout le monde : ceux qui ont lutté contre le nazisme, ceux qui se sont tus, ceux qui sont passés à travers les mailles du filet et ceux qui par fierté nationale ont du mal à reconnaitre tout ce qui est reproché. C'est exagéré, ça ne peut pas être aussi grave non ?
Bien que l'angle soit très intéressant, je me suis un peu perdue dans les enquêtes qui s'entrecroisaient, peinant, malgré le sujet fort, à susciter mon empathie pourtant particulièrement développée.
Et puis je ne peux m'empêcher d'être sceptique, peut-être à tord, sur le fait de transmettre ces objets. J'ai eu l'occasion il y a quelques années, de visiter Auschwitz et j'avais été choquée par les monceaux de valises, de lunettes, de chaussures et objets personnels qui étaient exposés pour témoigner de l'horreur individuelle appliquée au collectif. C'était il y a plus de trente ans et je suis toujours incapable de dire si c'est un témoignage bouleversant et nécessaire pour en pas oublier, ou un effet voyeuriste. Mais en effet il ne faut pas oublier. Et ces objets dans le roman m'ont rappelé le malaise que j'ai éprouvé devant ces objet orphelins. Je pense qu'il faut laisser les morts et leurs ombres en paix et que la plus belle façon de leur rendre hommage est de vivre dignement, du côté du bien.
Alors faut-il le lire ? Si vous voulez, c'est intéressant. Tentez aussi La Carte postale de Anne Berest. Sans vous citer des romans ultra connus, je vous propose Kinderzimmer de Valentine Goby.
De Gaëlle Nohant, je recommande La Part des flammes un roman historique sur l'incendie du Bazar de la Charité.
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