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Critique de domi_troizarsouilles


Voici un nouveau livre qui est arrivé dans ma PAL via Boobox, mais qui y serait sans doute resté encore un moment si un challenge particulier (sur Livraddict) n'avait pas mis le genre « bit-lit » à l'honneur ce mois-ci. Eh bien, je remercie chaleureusement son organisatrice, car ce livre a été un très agréable moment de lecture… et je m'empresse de rédiger cette chronique car je n'ai pu résister : je me suis déjà attaquée au 2e tome ; or, je ne voudrais pas mélanger les deux ! Pourtant, ceux qui me suivent le savent : c'est très rare que j'enchaîne ainsi deux tomes d'une même saga à la suite ! (même quand le premier m'a beaucoup plu) – c'est donc vraiment significatif.

Oh ! certes, on n'est pas dans de la « grande littérature » qui va révolutionner le monde ou la langue française, mais l'histoire est très imaginative avec une héroïne bien sympathique, tandis que la plume est alerte et très clairement humoristique. Pour autant, on n'est pas plié de rire à chaque page, car l'autrice pratique une certaine autodérision moqueuse dans le chef de son héroïne. Ce n'est donc pas un humour désopilant, mais constant et toujours à-propos : c'est enlevé, c'est léger même quand les sujets touchent à une certaine gravité, et on garde un sourire spontané, par moments on rit vraiment, tout au long de ce livre bien un peu inclassable.
S'il appartient à la bit-lit de par la présence de toute une série de créatures et de mondes parallèles propres à ce genre, on est bien loin du mythe habituel de la belle humaine (ou chasseuse, ou fée/sorcière, etc. au choix) qui tombe amoureuse du méchant ou au moins dangereux mais magnifique vampire (ou démon, ou archange, là aussi vous pouvez choisir), nettement plus typique de cette littérature. Certes, on aura quelques scènes à la limite de l'érotique, mais davantage suggérées (avec des détails quand même) que réellement explicites, et de toute façon elles ne constituent pas l'essentiel de l'intrigue ; certes, Jana, notre personnage principale, est bien un peu obsédée par son (manque de) sex-appeal, mais même si c'est récurrent dans ses pensées, ça ne m'a jamais semblé étouffer le reste de l'histoire.

En réalité, on nage dans l'incompréhension du début à la fin, aux côtés de Jana, mais c'est une incompréhension maîtrisée : on perçoit des bribes de « vérité » tout au long de l'histoire, l'intérêt est sans arrêt titillé, reçoit quelques réponses pour se retrouver avec de nouvelles interrogations, au rythme de l'héroïne. Jeune flic bizarrement intimidante envers les pédophiles, active et apparemment appréciée dans sa brigade, elle se retrouve du jour au lendemain entraînée dans une aventure surréaliste, aux côtés d'un certain Kell, qui s'est présenté comme son nouveau patron, mais qui va passer son temps à essayer de lui sauver la vie (des griffes d'une meute de loups-garous par exemple) – on a ainsi des courses-poursuites en partie à moto, des échanges de tirs qui s'apparenteraient presque à une guérilla, des voyages inattendus, etc. Cependant, tout en la tirant encore et encore de situations ébouriffantes, cet énigmatique Kell lui bat un froid glacial incompréhensible, sans jamais lui donner la moindre explication sur cette histoire qu'elle ne comprend absolument pas. Pour autant, la demoiselle pleine de ressources n'en est pas désespérée, et s'il y a bien quelques (rares) moments où elle se laisse (un peu) aller, permettant au lecteur de souffler quelque peu, elle ne cessera ensuite de rebondir, avec ou sans Kell d'ailleurs…

Je pense que ce décalage par rapport à une bit-lit plus classique, est amplifié et tout à la fois rendu acceptable par le fait que tout est vu par les yeux de Jana à la 1re personne du singulier. Non seulement c'est un exercice souvent ardu, mais ici très réussi, qui nous présente une Jana très humaine (du moins c'est ce qu'elle a toujours pensé, tadam !) qui, armée de sa capacité à ne jamais rien prendre au tragique, est propulsée dans ce monde irréel auquel elle ne veut pas croire. Peu à peu, pourtant, elle n'a plus trop le choix, et finit par admettre les choses par petites doses, tout en les remettant sans cesse en question, ou bien en évoquant des parallèles bien humains qui parlent au lecteur – elle fait référence à plusieurs films ou livres notamment, que je ne connais pas tous forcément, mais un certain nombre font partie de l'imaginaire collectif, comme Alice au pays des merveilles (l'un des plus souvent cités, sans pour autant en faire un parallèle) ou le Seigneur des Anneaux, dont les personnages mentionnés sont, en plus, remis en contexte en note de bas de page pour ceux à qui ça ne parlerait pas…

Et ça devient très vite passionnant, on ne peut plus lâcher les semelles de cette jeune femme à l'énergie dévorante ! Comme elle, on a envie de découvrir ce qui se passe réellement ; comme elle, en va de surprise en découverte, plus ahurissantes les unes que les autres. En dire davantage ici serait terriblement divulgâchant, en fait il est quasi impossible de résumer ce livre sans en dire un peu trop… mais disons que l'image que donne l'autrice d'un monde surnaturel est bien différente de l'idée générale que l'on peut avoir de toutes ces créatures éthérées ou diaboliques, surpuissantes mais potentiellement pleines de faiblesses. Une image différente, qui n'est finalement qu'un reflet bien réaliste de notre propre société, et qui fait bien un peu réfléchir. Une réflexion qui reste là comme en filigrane, et qui ne ressortira que plus tard, car il faut bien se dire qu'on est très loin d'un récit philosophique qui laisserait vraiment le loisir au lecteur de s'arrêter pour penser : le rythme est décidément, constamment endiablé… et pour ce qui me concerne en tout cas, je me suis laissé emporter avec grand plaisir et, comme je disais, je me suis déjà précipitée sur le tome 2 !
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