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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


“Sur ce, vous pouvez croire en Dieu de deux façons, ou comme la soif croit à l'orange, ou comme l'âne croit au fouet.”
(V. Hugo, "L'homme qui rit")

Haut-de-forme noir, regard de braise, lèvres pourpres comme le clafoutis à la cerise sur la couverture.
Et à l'intérieur, la Passion du Christ pour 17,90 euros.
L'ensemble donne le nouveau roman d'Amélie Nothomb, pressenti cet automne pour le Goncourt...

J'ai toujours aimé les livres d'Amélie, ses personnages à la moralité discutable, son cynisme et son sens esthétique un peu étrange, ses idées folles et son humour noir. Jusqu'à ma première déception, l'an dernier, avec "Les prénoms épicènes". Un happy-end pareil ? Mais qu'est-ce qui se passe ?
J'ai vu quelques billets sur "Soif", mais cela ne m'a pas empêchée de commencer la lecture sans les à priori, car les critiques négatives nothombiennes sont le pain quotidien sur Babelio. Mais cette fois, force m'est de constater qu'Amélie a mis un chapeau trop grand pour elle. Néanmoins, j'ai trouvé la patience et la force de boire le calice jusqu'à la lie...

Il n'est pas nécessaire d'être un croyant ou un mystique pour apprécier l'épisode biblique de la Passion. C'est une histoire humainement émouvante qui peut toucher même un athée convaincu. Qui de nous n'a jamais connu des moments de doute et de peur, comme Jésus dans le jardin de Gethsémani ? Les doutes sur notre propre existence et les craintes de ce qui est à venir, qui nous tiennent éveillés la nuit, tandis que les autres dorment du sommeil du juste ? Nos réflexions vont alors bon train, et parfois assez loin...

Mais je n'ai rien ressenti de tel dans le livre d'Amélie; je n'étais pas émue par ce Jésus bavard qui nous raconte ses derniers instants, et je n'ai pas compris si c'est censé d'être philosophique, drôle, méditatif, ou quoi, Diable... ce n'est pas que c'est désagréable à lire, mais ce Sauveur sur le point d'accomplir sa mission ne semble que radoter et tergiverser.
Ses pensées font comme un medley de tout ce qu'on a déjà pu lire (en mieux) chez Amélie. La race humaine, Dieu, amour, haine, sacrifice, humiliation, pardon... Bon, au moins, cette fois on a tout bien ensemble, sauf que je me demande à quoi exactement on est censé aboutir. Ces - comment dire ?- "flash-forwards" vers notre époque me paraissent en trop, c'est vide de toute véritable idée et parfois même contradictoire...
Admettons qu'on peut avoir des pensées contradictoires quand on souffre sur une croix, déchiré entre l'humanité et la divinité. Mais même en admettant beaucoup de choses pour être en accord avec la suite des pensées de ce Christ nothombien, la lecture de "Soif" a quand-même un goût d'éponge imbibée de vinaigre.

Donc, pas cette fois, Amélie ! Mais je lève une coupe de champagne pour que tu te reprennes vite. Je sais que jadis tu voulais être Dieu, mais voilà enfin la preuve que ce n'est pas possible. Alors, "reviens parmi les tiens" !
Deux étoiles quand-même : une pour ce chemin vers Golgotha et la rencontre avec Simon de Cyrène. Tu as raison, c'est étonnant (et presque douloureux) de tomber sur des gens qui sont là quand il faut, sans rien demander en retour. Et la deuxième pour ce concept de "soif". Je n'ai aucune envie de toucher à l'absolu en me privant d'eau, mais la soif métaphorique d'amour, de connaissance, d'état de grâce... tout ça fait en quelque sorte le moteur de l'humanité, les athées et les croyants confondus.
En vérité, je te le dis : dommage pour le reste. Ca ne m'a rien apporté, sauf un peu de distraction légère. Même ton mot fétiche que j'aime tant chercher était vissé à la va-vite, et pendouille un peu dans le néant...
Donc, à l'année prochaine !
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