– T’es cette flic amie de Luigui, hein ? La mère de la petite Noire ? Viens à l’intérieur, y fait plus frais, y’a moins de monde et j’ai à te causer, lui lança-t-elle sans plus de formalités.
– Vous semblez être chez vous, ici ? contata la policière.
– Oui, je suis partout chez moi, la Pointe. Et d’ici, dans ce bar, je veille au grain…T’en veux ? lui demanda-telle en saisissant la bouteille.
– Qu’est ce que c’est ?
– Tisane de thym. Avec du citron. C’est bon pour les bronches, et c’est bon tout court. Bon on va pas tourner autour pendant vingt ans, reprit Marcelline après avoir rempli les verres et commencé à se rouler une cigarette. Je sais que tu recherches les trois types qu’ont disparu. Luigi me l’a dit.
– Pas tout à fait, non… Je me renseigne juste. On a pas ouvert d’enquëte : Il n’y a ni plainte ni signalement de disparition.
– Ben y’en aura pas. Et c’est pas plus mal.
…/…
Le quai encore si calme quelques instants auparavant était devenu un champ de bataille en proie à la furie : des chats, des dizaines de chats agressifs sautaient des toits alentour. Ils se ruaient sur les consommateurs, griffant et mordant les visages, semant la terreur parmi les gens tétanisés par la soudaine attaque. Il en sortait de partout, des toits, des ruelles, des barques amarrées, et tous se jetaient en crachant sur la petite foule, bondissant sur les gens qu’ils lacéraient, de plus en plus excités par le sang des premières blessures […] La terrasse n’était plus qu’une clameur terrorisée s’élevant au milieu des tables renversées par les fuyards et des verres brisés qui jonchaient le quai.