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Critique de tienstiensolivier


"A propos de courage", livre sélectionné parmi les meilleurs livres du siècle par le New York Times et enseigné aujourd'hui dans les lycées et les universités.

Mazette, ça doit vraiment être du lourd me dis-je. Mais j'ai appris à être prudent et je me méfie un peu de ces belles accroches qu'on trouve généralement sur les jaquettes.
"Best-seller vendu à plus de deux millions d'exemplaires".

J'entretiens une relation un peu particulière avec cette guerre du Viêtnam.
J'ai été biberonné par mon père qui était littéralement fasciné par cette guerre de la fin des années soixante.
Les images, journaux télévisés, documentaires et films qu'il m'obligeait de regarder m'ont profondément marqué. Je suis allé là-bas faire ce "tourisme de guerre" pour voir de mes propres yeux. Dans les années nonante, c'était devenu un business fort lucratif. On écoutait les Doors dans les cafés de Saïgon, on descendait dans les tunnels Cu Chi (sont-ce les vrais ou ont-ils été reconstitués ?), on allait s'acheter un Zippo gravé ayant appartenu à un pauvre GI, garanti "authentique". Qu'importe..

Je suis allé à Washington voir le "Vietnam Veterans Memorial" si impressionnant avec les cinquante mille et quelques noms gravés sur ce mur de marbre et campés plus bas, deux, trois vétérans, arborant leur veste kaki élimée et faisant la manche.

Tim O'Brien, jeune recrue, raconte "son" Viêtnam, son quotidien du haut de ses vingt ans.
Envoyé dans un endroit du monde dont il n'avait probablement jamais entendu parler avant, entre 1968 et 1970.
À le lire, il ne faisait sans doute pas partie des volontaires, patriotes convaincus, voulant défendre la patrie à tout prix.

Il avait juste vingt ans en soixante huit.
Il écrit des pages très belles et très touchantes de sa petite escapade au Canada pour éviter l'enrôlement.

Ce livre n'est aucunement politique, ce sont plutôt les souvenirs d'un gamin, ses peurs, ses doutes, ses morts ...
Tim O'Brien, des années plus tard est toujours hanté par la perte des potes qu'il s'est fait là-bas, habité par ses cauchemars dans une guerre aussi stupide qu'absurde (mais ne le sont-elles pas toutes) à laquelle lui et ses amis ne comprenaient pas grand chose.

C'est plus qu'un témoignage et c'est vraiment bien écrit. Nul doute, Tim O'Brien est un écrivain.

PS: Et pourquoi pas écouter "Comme un homme mort" de Lynda Lemay.
Je suis si vieux
J'étais si p'tit
Tout juste hier
J'étais nerveux
Je suis parti
C'était la guerre
J'ai fait le voeu
De revenir
En bon état
J' suis rev'nu vieux
Sans avenir
Et sans éclat

Ceux des obus
Ne m'ont pas eu
Je suis ici
J'ai survécu
Je suis rev'nu
En bonne partie
Je traîne mon âme
Qui n'est jamais
Sortie des flammes
J'effraie les dames
Je suis plus laid
Que mes secrets

Je plante ma canne
Dans les chemins
Et j' me revois
Planter mes armes
Dans des gamins
Qui étaient comme moi
Que des enfants
Pas assez grands
Déjà soldats
Que des garçons
Que d' l'innocente
Chair à canon

Je marche seul
Et je me butte
À des voyous
Je les engueule
Ces fils de pute
Je suis jaloux
D' leur ignorance
Qu'ils me brandissent
Comme un drapeau
D' leur insolence
Alors que moi
J' risquais ma peau

Pour ce pays
Que de mon mieux
J'ai défendu
Avec ma vie
Qui n'est pas bien
Mieux que perdue
Je suis un fou
En liberté
Un solitaire
Je survis saoul
Le coeur noyé
Au fond d'une bière

C'est tous les jours
Le même projet
Le même parcours
J'invite ma peine
Et mes regrets
À la taverne
D'où je ressors
En bafouillant
Ma confusion
Comme un homme mort
Mais plus vivant
Qu' ses compagnons

C'est toutes les nuits
Les mêmes chagrins
Les mêmes cauchemars
J' vois mes amis
Mais y a plus rien
Dans leur regard
Faut pas rester
Y faut s' couvrir
Faut qu'on s'en aille
Y faut s' sauver
Y faut courir
Jusqu'aux médailles

Je suis rev'nu
En un morceau
Moi, le héros
Je suis rev'nu
Sous les bravos
Serrer des mains
L'air égaré
Mais décoré
Comme un sapin
Y avait une fête
Mais dans ma tête
Y avait plus rien

Que ces souvenirs
De comportements
Inhumains
Qu'en pleine horreur
Et en pleine peur
Nous empruntions
Nous les garçons
Nous les soldats
Nous les gamins
Au coeur du crime
Autant victimes
Qu'assassins



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