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Critique de KORTO


KORTO
09 novembre 2011
Pour commencer cette critique une petite précision : Père Elijah m'a été gracieusement attribué dans le cadre de Masse Critique, merci donc à Babélio.

Que dire d'un livre que l'on n'aurait peut-être pas acheté soi-même ? Que dire d'un « énième » roman d'intrigue « au coeur du Vatican » ? Si ce n'est que celui-ci ne ressemble en rien aux autres…

Père Elijah, pour replacer le personnage, est issu d'une culture juive, est rescapé de la Shoah, a souffert du terrorisme religieux en Israël, et s'est converti au christianisme, avant de se replier dans un monastère, seul dans la prière, très en retrait du monde extérieur. Personnage par définition ambigu…
Il est alors appelé au Vatican, pour une mission contre les « forces du mal », et cet homme simple et pur, habité de controverses, de doutes, se retrouve fer de lance d'une « vraie » chrétienté.

Vous l'aurez compris : le livre est un récit de l'Apocalypse, très religieux, très documenté, la casuistique y est excellente.

Faut-il préciser, quand on critique un livre, que l'on est athée ? Je me suis retrouvé plusieurs fois très en décalage vis-à-vis de mes convictions profondes, très perturbé par l'image donnée du Vatican et de son dogme conservateur, ainsi que par ce personnage très habilement décrit, dans sa psychologie, ses forces et faiblesses. Plusieurs fois j'ai eu le net sentiment de lire une version moderne du Nouveau Testament, d'ailleurs Père Elijah n'est-il pas le Second Fils de l'Homme, d'où son origine juive? Si l'auteur écrit cette version pro-biblique, le lecteur doit-il être de ce camp ? Est-ce un roman pour grenouilles de bénitier ? Comment suivre un roman quand les notions de Bien et du Mal ne sont pas partagées ?
C'est là où l'auteur est d'une force stupéfiante : il ôte un par un les vêtements de mon refus, et me pare de ses certitudes, le dialogue se fait entre le livre et la pensée intime, et il en ressort… plus de compréhension vis-à-vis des positions vaticanes, vis-à-vis du dogme et de la pensée catholique. Pour ma part, c'est un sacré tour de force, une belle ouverture que celle entrainée par les mots. On est loin des facilités d'un Dan Brown et de la légèreté médiocre de ses derniers ouvrages (par pitié, ne comparons pas à chaque fois un livre ésotérique au Da Vinci Code !).

Au final, Père Elijah est-il un roman ? L'épopée est certes romanesque, avec des complots et des intrigues comme on les aime, mais il me semble qu'un second niveau de lecture peut nous questionner sur la pensée profonde de l'auteur. Pensée profonde ou immersion réelle dans la peau de son héros ? Quelques recherches sur le net me confirment sur le profond lien entre cet auteur et le catholicisme.
Qu'importe. La notion de morale sur le déclin des cultures, le culte autour des hommes de pouvoir, les dérives de l'Eglise, le pouvoir de l'argent et celui de l'esprit, tous ces thèmes sont traités habilement, finement, tant est que l'on soit un minimum tolérant et ouvert aux mots, aux idées.

Un livre qui peut plaire à beaucoup de monde, à condition d'en accepter le parti-pris ; un livre qui peut se refermer très vite, si ce n'est pas le cas. Un roman qui peut se lire comme tel, et s'apprécier comme tel. Un roman d'initiation, où chaque histoire à son rôle dans la construction du personnage pour sa bataille finale, même si on ne sent pas à chaque fois comment placer les événements sur le récit global; de nombreuses facettes en somme, qui peuvent énerver (voir d'autres critiques plus excitées que la mienne), interroger (les "ça donne à réfléchir à pas mal de choses"), ou encenser .

Un grand moins tout de même sur l'ouvrage: le non-respect de la ponctuation, notamment dans les dialogues, qui perturbe sérieusement la lecture.
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