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Critique de ivredelivres


Un roman placé sous le signe du bien et du mal et de la guerre qu'ils se livrent depuis Caïn et Abel.
C'est une plongée dans les ténèbres que ce roman qui démarre sur une sorte de coup de folie. Un vieil homme, certain d'être un élu de dieu, a kidnappé son petit-neveu tout bébé, il a élevé celui-ci dans la certitude d'être un prophète, il l'a soustrait à toutes les influences qu'il considérait comme pernicieuses, pas d'amis, pas d'école, pas de distractions à part les sermons dont il abreuve largement le monde alentour et l'accès à son alambic.

A sa mort Francis Marion Tarwater va se retrouver seul et entame un retour vers ses origines. Il part à la recherche de George Rayber un oncle qui a tenté de le soustraire à la folie du vieil homme mais l'a abandonné à son sort, il a quatorze ans et ne connait que haine et colère comme sentiments.
Le mal est fait, il entend des voix, son grand-père lui a intimé l'ordre de baptiser Bishop l'enfant handicapé de son oncle, il s'y refuse mais l'emprise du vieil homme est encore très prégnante et quand il découvre l'enfant qui « avait les yeux légèrement enfoncés sous le front, et ses pommettes étaient plus basses qu'elles n'auraient dû être. Il était là, debout, sombre et ancien, comme un enfant qui serait enfant depuis des siècles. » il ne sait plus.

La tragédie est en marche sur fond de fournaise sudiste

Cette histoire est traitée avec un humour corrosif et féroce que j'avais rarement rencontré jusqu'ici. Flannery O'Connor nous montre la face cachée de la foi religieuse, celle qui déclenche souffrance, cruauté, superstitions ridicules mais dangereuses c'est d'autant plus courageux et surprenant qu'elle était elle-même très croyante.

C'est l'Amérique sous l'emprise de la Bible et des prédicateurs de tous poils.
On ne sait ce qui l'emporte, le grotesque ou l'effroi, l'auteur utilise les sentences bibliques comme des fers rouges, le titre du roman sortant de l'Evangile de Matthieu, ses personnages se dirigent droit vers la damnation.

Il y a du Jérôme Bosch dans ce roman, comme le peintre Flannery O'Connor mêle l'enfer et le grotesque.
Son biographe et traducteur Maurice-Edgar Coindreau dit qu'elle n'avait « aucune illusion sur la vraie nature d'une humanité qu'elle estimait plus ridicule encore que méchante ».
Flannery O'Connor a écrit deux romans ayant pour acteurs le prophète grotesque qui nous ferait rire s'il n'était aussi dangereux, les héros marginaux dont on aurait pitié s'ils n'étaient aussi violents. C'est absolument saisissant et éprouvant à la fois.

C'est le premier roman que je lis de l'auteur mais je sais que j'y reviendrai.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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