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Critique de Cigale17


Dans le Bal des ombres, Joseph O'Connor met en scène trois personnages célèbres. Plus exactement deux personnages immensément célèbres à leur époque, celle de la reine Victoria et de Jack l'Éventreur : l'acteur Henry Irving et l'actrice Ellen Terry. À ces deux monstres sacrés des scènes londoniennes s'ajoute un troisième personnage, bien obscur de son vivant, l'administrateur du théâtre Lyceum pendant vingt ans, à savoir Bram Stocker, aujourd'hui dans toutes les mémoires grâce à son Dracula. Ce sont trois amis (plus que des amis, peut-être) qui s'aiment et se déchirent, qui s'amusent (parfois) et qui souffrent (souvent). D'autres personnages célèbres traversent leur vie ou s'y attardent un moment (Oscar Wilde, Walt Whitman, G. B. Shaw, etc.) dans un Londres gothique terrorisé par Jack l'éventreur et où on rencontre au moins un fantôme ; c'est une ville où existent des bars réservés aux hommes, d'autres aux gentlemen, mais quel que soit leur statut social, les uns et les autres attendent la nuit pour s'y rendre aussi discrètement que possible.
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Les relations des personnages, comme d'ailleurs l'intrigue, sont passionnantes, mais ce qui m'a vraiment plu dans ce roman, c'est sa construction, la pluralité des voix et des techniques narratives ainsi que l'humour omniprésent, dans les moments tendres comme dans les plus dramatiques. Divisé en trois actes (c'est normal : la plus grande partie du roman se situe dans un théâtre) et une coda, le roman commence par une lettre de Bram à Ellen. Elle a décidé d'écrire ses mémoires, et Bram accepte de lui transmettre divers documents pour l'y aider. Il ne lui reste presque rien, lui explique-t-il, mais il va lui donner les pages d'un journal, une liasse de notes travaillées pour en faire un roman ou une pièce de théâtre, une retranscription d'un entretien avec un journaliste ; la plus grande partie des textes sont en sténo, des passages partiellement codés, certains achevés, d'autres non ; il y parle de lui à la première ou à la troisième personne. Pas d'inquiétude ! tous ces éléments magnifiquement utilisés personnalisent et enrichissent le récit pour le plus grand plaisir de la lectrice admirative que je suis. le roman aborde diverses anecdotes sur la vie quotidienne d'un théâtre à cette époque, mais aussi la vie londonienne dans différents milieux sociaux. On visitera même un asile psychiatrique dont un des pensionnaires fera une grosse impression sur Bram Stocker… L'humour se glisse partout, jusque dans les titres de chapitres parfois. Ironique, cynique, cruel, il s'exerce aux dépens de tous, souvent comme une pirouette pour échapper à l'émotion. C'est un régal de lecture que je recommande chaudement !
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