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Critique de JIEMDE


« Il se demanda où il était chez lui désormais, ce que signifiait être chez soi ».

Issu d'une vieille famille de Morehead, ville de 7 500 habitants dans les collines du Kentucky, Mick Hardin s'en est éloigné au fil de ses engagements extérieurs en Irak ou en Afghanistan, avant de devenir enquêteur militaire basé en Allemagne.

Comme il le fait régulièrement, il revient au pays retrouver sa femme qui a choisi d'y rester et est sur le point d'accoucher. Mais craignant et retardant le moment des retrouvailles, c'est d'abord sur sa soeur Linda qu'il tombe : Shérif du comté, elle a sur les bras le cadavre d'une femme retrouvé dans les collines et compte bien sur les talents d'enquêteur de son frère pour y voir plus clair.

Loin du thriller pageturner que pourraient laisser entrevoir les lignes qui précèdent, Les Gens des collines de Chris Offutt – traduit par Anatole Pons-Reumaux – est davantage une nouvelle exploration par le chantre du Kentucky de cet État si singulier à qui il a dédié son oeuvre.

À son tour et après tant d'autres, Offutt - via Mick Hardin - s'interroge sur ce qu'est l'attachement à une terre, sur ces partir-revenir qui semblent si neutres d'un point de vue temporel mais qui créent inconsciemment de la distance. Et sur ces terres du Kentucky où le rapport au temps n'est pas le même qu'ailleurs.

Un microcosme où lorsque l'on se croise, « on ne se demande pas son nom mais “ T'es de quelle famille ? “ ». Un coin où « les collines nous tuent à petit feu », car « partout ailleurs, les gens vivent un peu plus longtemps chaque année. Nous, nos vies raccourcissent. Ça arrive nulle part ailleurs dans le pays ».

Si ce 5e livre d'Offutt traduit en français m'a parfois semblé un peu plus confus que les précédents, paraissant se chercher entre son intrigue criminelle, les problèmes de couple de Mick, sa gamberge personnelle et l'approche sociologique de ces populations des collines un brin désespérées, j'y ai cependant largement trouvé mon compte.

Car Offutt possède ce don rare d'une écriture empathique dont les mots sont autant de cris d'amour pour ceux à qui il les adresse : un État et des collines où la nature explose de beauté et où l'on sait encore prendre le temps d'attendre un an avant de récolter le ginseng à sa juste maturation ; un homme perdu qui se cherche ; une femme prête à se repentir mais pas à n'importe quel prix ; une soeur qui se bat dans un pays pas fait pour elle…

Alors adeptes de la première heure ou découvreur d'Offutt, précipitez-vous. C'est garanti 100% authentique !
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