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Critique de Pavlik


Bakuman : une série terminée en 20 tomes, par le duo d'auteurs (Tsugumi Ohba et Takeshi Obata) responsables de l'excellent Death Note. Ici, c'est une veine beaucoup plus réaliste qu'ils explorent, puisqu'ils se proposent de nous faire découvrir le quotidien d'un tandem d'auteurs de manga, depuis leurs débuts jusqu'à la consécration, en passant par les débuts dans le Weekly Shonen Jump (célèbre magazine hebdomadaire de mangas, au Japon).

Sur le papier, c'est donc assez excitant, sauf que :

On sent que les auteurs hésitent entre un réalisme presque documentaire (teinté d'autobiographie sans doute) et les canons d'un pur shonen (dépassement de soi, amitié indéfectible, saine et cordiale compétition, méchants fourbes et sans honneur...). Personnellement, je trouve que l'alchimie entre les deux ne s'opère pas.

Et puis il y aurait à redire sur cet écosystème économico-artistique, qui représente beaucoup d'argent (les ventes d'un magazine qui titre autour du million d'exemplaires hebdomadaires, les ventes en librairies, les dessins animés etc...), mais aussi beaucoup de rêves, de fantasmes et peu d'élus à l'arrivée...élus qui sont vite sommés de se conformer aux règles en vigueur, qui ont fait leurs preuves...d'où un formatage assez fort, qui limite forcément la créativité. Et puis, il faut voir comment un mangaka peut se tuer à la tâche et n'avoir de temps pour rien d'autre (c'est du coup quand même assez répétitif et, il faut le dire, un peu lassant à la longue).

C'est comme si on suivait l'ascension d'un Zidane, ou d'un Mbappé, mais qu'on évoquait peu ou pas tous ceux qui ne parviennent pas à atteindre leur rêve, voir qui se brulent les ailles en essayant...La saine compétition, l'acharnement au travail, le talent et un coeur pur se chargent de faire le tri. de belles valeurs ? Peut-être...mais c'est oublier un peu vite la capacité à rentrer dans un moule, qui demeure essentielle. Personnellement, une critique un peu plus féroce du système ne m'aurait pas déplu mais il est vrai qu'il est difficile de mordre la main qui vous nourrit...Et facile de faire passer systématiquement l'échec pour une faiblesse personnelle ("si son manga n'est pas numéro un c'est qu'il ne le méritait pas"). Il y a surement aussi une dimension culturelle propre à la culture nippone là-dessous, mais je ne prétendrais pas être assez connaisseur pour l'affirmer.

Pour autant, je me suis surpris à être entraîné par Saiko et Takeshi, les héros de cette série, attachants malgré tout. En ce qui concerne les personnages secondaires, certains sont plutôt bien sentis (Eiji, Hiramaru, Mr Hattori...) et il faut bien avouer que les dessins sont plutôt classes. Dommage, néanmoins, que certains personnages secondaires (Aoki, Kosugi...) soient carrément délaissés à partir des tomes 13, 14. Dommage aussi que le fourbe Nanamine ne soit pas davantage exploité.

PS : je passe volontiers sur l'invraisemblable histoire d'amour entre Saiko et Azuki (chacun se fera son idée et, là encore, peut-être que le culturel joue) mais pas sur le sexisme sous-jacent. La preuve ? La pauvre Kaya (la compagne de Takeshi) est représentée sur la couverture de ce dernier tome avec son balai à la main...Au moins c'est honnête, car passer le balai dans l'atelier de son mangaka de mari, c'est bien ce à quoi elle a passé l'essentiel de son temps).



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