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Critique de Tachan


Depuis quelques années, Akata s'est vraiment engagé sur le chemin de la diversité et a choisi pour cela de mettre en avant de nombreuses oeuvres parlant de la recherche de soi et de sa sexualité. C'est dans cette dynamique que s'inscrit leur nouveau titre Comme sur un nuage.

Celui-ci, coécrit par Okura au scénario et Coma Hashii aux dessins, est terminé au Japon avec 3 tomes à son compteur. 3 tomes cela peut sembler court, mais j'imagine que cela permettra surtout aux auteurs de vraiment bien concentrer leur propos pour nous livrer une oeuvre encore plus forte.

Celle-ci démarre lors de l'arrivée de Dai Noshiro qui se retrouve encore à être "le nouveau" dans sa classe après un énième déménagement. Très vite , il remarque que l'un de ses camarades est laissé à l'écart et ayant un grand coeur, il décide de tout faire pour devenir son ami, comprendre ce qu'il se passe et le réconcilier avec les autres. Mais ce n'est pas si simple. Kô Sanada, le garçon en question, s'est de lui-même isolé après que des rumeurs se soient mises à circuler sur lui dans le lycée, disant qu'il était gay. Dai refuse cependant cette injuste et à corps et à cri il va tout faire pour l'aider et devenir son ami, même si celui-ci se montre parfois un peu récalcitrant.

J'ai vu passer sur les réseaux sociaux plusieurs comparaison de ce titre avec Blue Flag, sûrement à cause de côté "lycéen gay" qui se cache un peu et trio d'amis, mais pour ma part, je n'ai pas trouvé de ressemblances entre les titres. On ne joue pas du tout dans la même cour. Là où Blue Flag est vraiment porté par une narration lumineuse et dramatique à la fois avec à chaque tome un sujet fort abordé concernant aussi bien la sexualité que d'autres aspects de l'adolescence, nous sommes ici sur quelque chose de beaucoup plus classique, je trouve. 

Les auteurs sont totalement dans l'air du temps. Ils ancrent leur récit dans la décennie dans laquelle nous vivons, avec ce terrible poids des rumeurs et des réseaux sociaux. le héros, Kô, fait vraiment de la peine. Il s'est coupé de tous sauf de sa meilleure amie qui est dans une autre classe, car même s'il assume son identité sexuelle, le poids du rejet de la société sur lui, et ce dès le microcosme du lycée !, est tel qu'il préfère rester seul. C'est terrible. de même, il ne peut pas exprimer ses émotions à la barbe et au nez de tous, il est obligé de le faire en cachette, à travers des rencontres pour le moins glauque, qui m'ont rappelé l'intrigue d'un roman dont on avait parlé sur la blogosphère il y a quelques mois : Je ne suis pas un gay de fiction (paru aussi chez Akata).

L'apparition de Noshiro est vraiment une bouffée d'oxygène là-dedans. Celui-ci est adorable. C'est mon coup de coeur. Il est frais, naïf, pas du tout dans le jeu des relations romantiques. C'est juste un gamin qui prend plaisir à rire et s'amuser avec ses copains et voudrait voir tout le monde heureux. Il est profondément gentil. Pour autant, il lui arrive à lui aussi de commettre des bourdes. du coup, il est plus nuancé et complexe que ce qu'on pourrait croire au premier abord et il apporte une vraie réplique à Kô. Là où ce dernier est lunaire, Noshiro, lui, est solaire. Là où l'un est taiseux, l'autre est bavard. Là où l'un est discret, l'autre est voyant. Ils se complètent très bien. Noshiro va être là pour secouer Kô, pour le sortir de sa torpeur, pour tenter de lui faire comprendre qu'il a le droit de vivre sa vie et d'être différent.

Mais ce n'est pas un long fleuve tranquille, leur relation est compliquée et ce premier tome montre beaucoup de phases d'avancées suivies de reculs. C'est parfois, souvent, un peu agaçant mais nécessaire. C'est ce qui rend le titre plus réaliste. Les échanges entre les deux garçons sont savoureux. Kô a le chic pour appuyer là où ça fait mal et Noshiro pour faire des bourdes qui vont le faire sortir de ses gonds. Il y a vraiment quelque chose de prometteur entre eux, mais au point que ça étouffe l'ensemble des autres personnages. Je pensais en voyant la couverture, que l'amie d'enfance de Kô aurait un plus grand rôle. Je la trouve très archétypée et en retrait pour le moment. A la limite, c'est plus un certain luron qui apparait dans la seconde partie qui va venir jouer les troubles fêtes et aider les garçons à se comprendre.

En revanche, je n'ai pas du tout aimé les dessins. Je les ai trouvé très simples, trop simples et assez fades et sans vie en général. Je ne suis pas du tout fan du trait beaucoup trop rond et minimaliste de l'autrice. Je trouve que les jambes des héros ressemblent à des parpaing. Cela manque vraiment de finesse et de pep's. le découpage des cases est également très classique. Il n'y a pas de grande recherche, comme ça peut être le cas sur d'autres titres où ça permet vraiment de faire vivre le scénario. Ici, c'est très plat et c'est dommage parce que ça ne met pas en relief les quelques phrases bien percutantes de ce premier tome. Elles auraient mérité un plus bel écrin. Ici, ça donne l'image d'un titre trop enfantin, trop gentillet...

Ainsi, Akata nous offre encore un bien joli titre pour parler de la recherche de soi à l'adolescence, mais aussi du terrible poids des rumeurs au lycée, ainsi que de celui de cette société intolérante envers les gens différents. Cependant, malgré ses bonnes idées, j'ai trouvé le titre un peu trop prévisible, trop lisse et manquant de puissance aussi bien dans sa narration, ses personnages et surtout son dessin. J'ai donc passé un bon moment mais ça ne m'a pas fait vibrer comme d'autres titres dans la même lignée.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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