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Critique de Antyryia



Quand un auteur de polar écrit un livre qui s'intitule Impact, je ne sais pas pour vous, mais d'emblée j'ai imaginé un impact de balle.
Sur un mur ou un corps, sur une vitre ou un arbre. Une douille peut-être à proximité qui permettrait de relancer ou de résoudre une enquête.
Mais pas du tout.
C'est l'impact de grêlons gros comme des oeufs de pigeon sur une voiture, symboles d'une météo qui n'a plus ni queue ni tête.
"Devant eux, sur le capot, gisait un bloc de glace de la taille d'une boule de pétanque."
C'est l'impact qu'a l'homme sur son environnement, particulièrement certains d'entre eux, davantage intéressés par leur richesse immédiate que par la dégradation progressive de notre écosystème.
"Il semblait qu'on avait secoué le calendrier et les saisons puis jeté le tout au hasard."
C'est l'impact d'un seul homme qui, par ses actions violentes mais nécessaires, éveillera la conscience collective en espérant une révolution favorable à la planète comme à ses habitants.
Et plus encore, c'est l'impact d'un livre sur ses lecteurs.
Ils vont réaliser plus que jamais que si chacun persiste à ne rien faire, l'homme précipite sa propre destruction et ne laissera à ses descendants au pire qu'un champ de ruines, au mieux une planète régie par une pollution telle que les masques et les bonbonnes à oxygène deviendront la norme.

Impact est un roman avec quelques aspects policiers, mais c'est avant tout un docu-fiction. On pourrait le rapprocher dans une certaine mesure d' Entre deux mondes, tout étant largement documenté, mais autant le roman sur la jungle de Calais ne jugeait personne autant celui-ci désigne des coupables et propose des solutions pour sauver ce qui peut encore l'être.
Ces coupables, ce ne sont pas uniquement nous. Consommer moins, manger bio, rouler sans essence est parfois illusoire quand on continue à être matraqué par les publicités.
Trier ses déchets n'est qu'une goutte d'eau dans un océan dont le septième continent rassemble désormais sept millions de kilomètres carrés de plastic et autres détritus.
"L'écologie, sans révolution, c'est du jardinage."

Parmi les uchronies les plus connues revient notamment la question de savoir si on serait prêt à tuer Adolf Hitler bébé afin d'éviter la seconde guerre mondiale et le génocide juif, entre autres atrocités.
Le feriez-vous si vous pouviez remonter dans le temps ? Une vie encore innocente pour préserver des millions d'autres ?
"Défendrait-il des inconscients qui nous mènent à l'extinction ou défendrait-il un assassin prêt à tuer pour protéger les autres ?"
Pour Virgil Solal, témoin direct des désastres provoqués par les marées noires et la pollution parisienne, victime de la folie capitaliste qui entrave jusqu'à plus soif les progrès en matière d'énergies renouvelables, il est encore temps d'agir.
Et d'éviter un carnage imminent pour toute l'espèce humaine qui, à ce rythme d'inconscience, n'en n'a plus pour longtemps.

Parce qu'il s'agit bien d'éviter là encore un génocide programmé.
"La pollution de l'air dans le monde tue 600.000 enfants par an."
Pour la rédaction de son roman, Olivier Norek a fait un travail de recherche conséquent. Toutes les données chiffrées sont exactes, toutes les aberrations du monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, tout est minutieusement référencé.
Comme pour dire au lecteur : Je n'invente rien. Si personne ne fait rien voilà ce qui va se produire. Les politiques le savent, les grandes sociétés le savent, mais seules l'économie, les dividendes et la richesse individuelle comptent.
Et pourtant ils sont conscients des dommages collatéraux.
Faute de réaction imminente de leur part, ça n'est ni plus ni moins que l'espèce humaine qui est menacée.
"Nous savons bien que rien ne se fera sans la finance et les grandes entreprises."
L'histoire d'Impact n'est au final qu'un prétexte pour nous faire comprendre ce qui est réellement en jeu, ce qui se passe déjà, ce qui va se passer à ce rythme là, et comment il est encore possible d'échapper à ce qui paraît inéluctable.
Loin de se contenter de dénoncer, Norek propose aussi des solutions pour éviter le massacre.

On sait tous que l'écosystème a totalement été chamboulé par l'homme.
Que des espèces entières d'animaux sont décimées.
Que le réchauffement climatique fait des ravages.
"Avec le réchauffement, les orages, les inondations et tous les autres caprices du ciel se multiplient et redoublent d'intensité."
Que les icebergs et les glaciers disparaissent, que les inondations plus fréquentes emportent tout sur leur passage, que les feux dévorent avec voracité les forêts pendant des journées entières.
On le sait mais on s'y est habitué.
On le sait mais on ne connaît en réalité pas la moitié de ce qui se passe loin de nos frontières, ni l'imminence du danger.
J'ignorais qu'au Niger certains endroits étaient tellement pollués par les marées noires que l'espérance de vie y était de quarante ans.
Que lesdits pollueurs avaient parfaitement conscience de l'augmentation de température liée à leurs activités minières ou pétrolières.
Qu'aux nombreux réfugiés demandant asile en Europe pour fuir les guerres s'ajouteraient les réfugiés climatiques victimes d'une famine ou d'une pollution dont nous sommes indirectement responsables.
"Certains disent 200 millions de réfugiés climatiques, d'autres vont jusqu'à 500 millions."
Je vous laisse imaginer les conséquences.

Avec Impact, Olivier Norek se projette en 2022, deux ans après le Covid auquel il est fait de multiples références.
Il invente des personnages forts à défaut d'être tout à fait crédibles, en premier lieu Virgil Solal qui est en quelque sorte un Dexter de l'écologie. Trouverez-vous ses actes compréhensibles ? Répréhensibles ? Nécessaires ? Tout ça à la fois ? Je vous laisse seuls juges, je ne crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise réponse.
Et surtout, il arrive à condenser de façon extrêmement précise et angoissante le désastre écologique imminent, conséquence égoïste et complices des plus grande fortunes mondiales qui sont prêtes à sacrifier faune et flore pour quelques euros de plus.
Prêtes à tuer des populations entières, enfants y compris, du moment que ça se passe loin.
"Cent mille morts africains prendront toujours moins de place aux informations que quatre gamins français décédés dans un accident de manège."
Invisible, inexorable, la fin du monde est proche si personne ne souhaite prendre ses responsabilités, si les préconisations de l'Otan comme de la commission européenne sont ignorées, si les accords de Paris ne sont pas respectés.
La conscience collective que va progressivement provoquer Virgil Solal n'est ni plus ni moins la même que celle qu'Olivier Norek cherche à insuffler à ses lecteurs.
Les mêmes mots. Seule la méthode pour faire passer ce message crucial diffère.
Sans violence, il a rédigé une histoire qui n'a de roman que la forme. Parce que ce sont des faits réels.
Et c'est bien ce qui les rendent terrifiants.
Est-ce que l'impact sur les lecteurs sera suffisant pour changer la donne ?
Probablement pas assez pour pouvoir entamer une révolution, mais c'est en tout cas une pierre de plus à l'édifice d'un combat qui doit être mené de toute urgence contre ceux là même qui nous gouvernent et nous manipulent.
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